MAJ 2020 : Virginie Despente, c’est ce genre d’autrices que j’adule. Je n’en lis pas tout, rarement, c’est comme le saumon fumé : ça se savoure. Et si un jour il y a pénurie, je serai ravie de découvrir des livres que je ne connais pas d’elle.
Je retravaille donc cet article datant de 2013 : vous y apprendrez que les classiques avaient la part belle à l’époque (contrairement à aujourd’hui) et que Virginie Despente, désormais beaucoup appréciée (pensons à #metoo) passez alors pour quelqu’un de vulgaire.
Virginie Despente, Apocalypse Bébé, Grasset, 2010, 352 pages.
« Virgnie Despentes ? C’est bien ça ? » m’a demandé une fille du ton le plus dédaigneux qu’il soit. « C’est trash non ? Je vois pas l’intérêt »
Beaucoup des personnes se trouvant là ont dû penser comme elle. Nous étions en 2013 et apparemment, la tendance contemporain/classique était inversée par rapport à aujourd’hui.
Les questions qui suivent viennent de la personne pas franchement convaincue par ma lecture :
« Apocalypse Bébé, ça parle de quoi ? »
Très simplement, d’une gamine qui se fait la malle et d’une détective privée pataude qui doit la retrouver.
« C’est pas folichon. »
Non, c’est pas folichon. Quelques critiques au sein de l’ouvrage sont bonnes, enfin, par critiques j’entends petites phrases bien placées, petites piques vicieuses à nos habitudes de pensées et de consommations qui arrachent un sourire.
« Elle écrit mal en plus, non ? »
Non, le style n’est pas du Stendhal mais ça se lit, c’est agréable. C’est contemporain, c’est de notre temps. Baise-Moi, qui, par exemple, est un de mes livres préférés, a un style beaucoup plus brut. Certains diraient vulgaire, il est tenu comme un journal, comme à la va-vite, mais c’est en vérité une recherche de style. Alors que dans Apocalypse bébé, le travail n’est pas le même avec une structure classique de phrases.
Virginie Despentes a aussi tenté un truc qui m’a paru sympathique dans ce roman. La narratrice est la détective privée en charge de l’affaire est la dernière des cruches. Cependant, le récit est coupé par chapitre par des histoires de personnes à la troisième personne. Ces chapitres qui modifient le point de vue parlent de l’histoire de ces personnes, lors de leur rencontre avec Valentine la fugueuse.
Chaque chapitre est alors scrupuleusement narré ainsi : qui sont-ils -> comment Valentine a débarqué dans leur vie (version vérité) – > les détectives qui viennent fouiner.
Ainsi, cette cassure dans le récit n’est pas désagréable, le style s’adapte bien au personnage. Cette une structure vraiment intéressante et agréable à lire !
Les intérêts :
Elle nous parle de la crise, et ancre le récit dans la réalité pure parisienne ou barcelonaise. Quoi qu’il en soit, on reconnait bien notre contexte actuel, nos petits milieux.
Nos petits milieux ? Sociaux oui. Elle a un peu joué à la croisée des genres. Ce qui est tout à son honneur du point de vue que c’est bien fichu. Le fait de consacrer une partie à chaque personnage permet de comprendre son attitude et de montrer un aspect du système. On part de la vieille bourgeoise aigrie en passant par le jeunot de banlieue révolté en arrivant à la détraquée de base. Archétypes me direz-vous ? Peut-être, mais un bon reflet, un bon croisé.
Avec la déchéance de chacun, l’horreur dans laquelle tous finissent par tomber. Les différentes trahisons, en fait, puisque ce bouquin, il ne parle que de ça.
Il parle d’une manipulation malsaine, pure et dure, de différents personnages, tous intelligents à leur façon mais aussi bêtes, aussi gauches que les autres. Avec leurs mille bonnes raisons d’agir ainsi, portant dans leurs bagages tous leurs vices.
Cependant, ce livre n’est pas celui que je préfère de l’autrice. Pour moi, la fin est trop longue, avec trop de fioritures, trop de questions mal amenées.
Il y a une fausse happy-end que je trouve dérisoire, une intrigue d’amourette d’une bonne idée mais on a l’impression qu’elle n’a pas su la terminer, s’en dépêtrer convenablement.
Un plutôt bon rebondissement, une signature de fin intéressante, mais ensuite l’auteure à choisie de continuer. L’initiative aurait pu être bonnes, de bonnes questions, nous laissant un peu sur notre faim, un bon angle de vue –faire tomber des gens dans l’oubliette, de nouveau manipuler l’opinion et la vérité-. Mais le tout est si mal introduit et trop long, et on se retrouve avec une amourette dont on ne sait que faire !
A vous de juger !
Dernier point : le contexte actuel, très ancré, au moment où les révolutions arabes ont pu faire entendre leurs cris grâces aux réseaux sociaux, il est question de ces nouvelles technologies et de leurs répercutions. Surtout si on prend en compte la revendication via internet de certains faits grâce à des vidéos circulant sur le web. Tout cela est montré, dans l’aspect de tension qui règne et de manipulation, revendications internet et agressions populaire.
Je l’ai lu il y a un bon moment mais j’en garde un très bon souvenir! Merci pour cet article 😉