Challenge ABC 2016, Pages : 560 (6 135+560 = 6 695) / 5 000. Lettre : L. 18/26.
Eliphas, de son vrai nom Alphonse Louis Constant, il est un peu barge. C’est un grand alchimiste du XIXe siècle, qui est aussi passé par la Franc-Maçonnerie. Il a donc écrit beaucoup d’essais sur la magie, le Grand Œuvre, il découvrait qui était charlatan et ce qu’étaient les religions. Il a un ton très docte insupportable, mais le plus étrange dans tout ça c’est qu’il est publié par Cambridge : Histoire de la Magie, avec une exposition claire et précise de ses procédés, de ses rites et de ses mystères.
Bon, on reviendra sur « clair et précis »…. Mais, oui, Eliphas Levi est reconnu comme un auteur prestigieux dont les écrits ont une valeur scientifique et véridique. Accrochez-vous bien, on part dans l’occulte.
C’est un auteur particulièrement difficile, voire même un peu étouffant. Bien que ce soit intéressant, il faut souffrir un peu. Déjà, à cause de sa misogynie, je ne m’y attarde pas, mais je vous ai choisi un joli morceau tiré de Dogme et Rituel de la Haute Magie – Rituel dont on parlera plus tard, pour clore l’article. « Ce qui apporte le plus grand obstacle à la direction du magnétisme, c’est la mauvaise foi ou la mauvaise volonté des sujets. Les femmes surtout, qui sont essentiellement et toujours comédiennes, les femmes qui aiment à s’impressionner en impressionnant les autres, et qui parviennent à se tromper les premières lorsqu’elles jouent leurs mélodrames nerveux, les femmes sont la vraie magie noire du magnétisme. Aussi sera-t-il impossible à des magnétiseurs non initiés aux suprêmes arcanes et non assistés des lumières de la cabale de dominer jamais cet élément réfractaire et fugitif. Pour être maître de la femme, il faut la distraire et la tromper habilement en lui laissant supposer que c’est elle-même qui vous trompe. Ce conseil que nous donnons ici spécialement aux médecins magnétiseurs, pourrait peut-être trouver aussi sa place et son application dans la politique conjugale. » Bon. De toute évidence, ce livre n’est pas destiné à mon sexe qui est incapable de toute forme de magie…
C’est vrai qu’Eliphas, il met beaucoup en garde, il rappelle sans cesse que le non-croyant à la magie et/ou le trop croyant religieux, que celui qui n’est pas sérieux ou le sceptique, ne comprendront rien à son livre, à son œuvre. La magie est destinée aux croyants, à ceux qui se rendent à l’évidence et qui ne sont pas animés par une soif de pouvoir, mais à ceux qui veulent bien voir le monde tel qu’il est. Celui qui n’est pas fait pour la magie ne comprendra pas son livre.
Alors, pour comprendre son livre il faut une culture générale solide (ou Google sous la main). En effet, Eliphas nous propose une Histoire des religions et des légendes revisitée à sa sauce. Sans antisémitisme, ou même sans remettre en question la figure de Jesus, ni non-plus enlever toute sa beauté à la pensée grecque : il va tout expliquer par le prisme de la magie comme il l’entend. C’est ainsi qu’il nous réécrit Barbe-Bleue, De ce fait, il va trier ce qui lui va ou non pour son développement, incriminer une part de telle ou telle religion ou légende et juste après encenser un autre point de cette dernière. C’est très complexe.
Et c’est non sans rappeler le fondement qu’il donne à la magie : l’équilibre. Si Lucifer est l’ange de lumière, ce n’est pas seulement parce que c’est le Dieu des enfers, mais justement, parce qu’il est la lumière, de la connaissance. Il le rappelle sans cesse : seul l’averti, seul l’adepte saura déchiffrer les trésors de ce livre lui-même basé sur cette idée de contraires et d’équilibres (ce dont l’Homme est fait). De même que cette misogynie ambiante prenant pour exemple les Bacchantes et autres Médées nous replongent toujours vers de meilleurs Pythies ou des places plus avantageuses des femmes. Elles-mêmes capables (finalement) de s’élever par leur Morale, la Morale étant la grandeur de l’âme nécessaire au Grand Œuvre et à toute magie.
Ainsi, ses réécritures de l’Histoires, malgré qu’il faille réussir à suivre, reste passionnantes.
L’Histoire de la constitution du Tarot est fabuleuse ainsi que le Chapitre III du livre II que j’affectionne particulièrement. Il déplore que la magie se soit ainsi perdue, car, beaucoup s’en riait et ceux qui y étaient initiés n’ont pu faire d’adeptes : tous c’étaient désintéressés ou tournés vers de faux dieux. Il nous met donc en garde contre les fous. Lui, adorateur de la Kabbale déplore l’art des médiums (qu’il justifie finalement tout de même). Au XIXe siècle, déjà, il était très difficile de démêler les charlatans des réels médiums : ainsi il nous explique que ce n’est pas les morts ou la magie qui se manifestent à eux, mais eux-mêmes qui créent un déséquilibre suffisant à l’art de la télékinésie par exemple. De même, Eliphas est fasciné par les somnambules. D’ailleurs, il conseille le traité des rêves de Synésius repris et expliqué par Jérôme Cardan.
- J’offre un livre à quiconque me le trouve en occas’ car actuellement il coûte 70 euros ! Merci.
Ainsi, si l’on étudie bien l’œuvre que nous avons sous les yeux, notre alchimiste franc-maçon nous dévoile les clés, dont celles pour savoir lire les réels signes de la magie la plus pure et la plus réelle, la moins folle. Savoir avoir l’intuition, la reconnaître et la manière dont elle se présente à nous. Sans tomber ni dans la folie, ni dans le mépris.
J’enchaîne avec le résumé, la conclusion et le second livre. C’est peut-être là où on possédera le plus de clés, et le plus de réponses claires bien que ça reste nébuleux. En réalité, puisqu’il étale sa science en continue et semble s’adresser à des adeptes, ses propos sont toujours très obscurs. Et pire encore pour ce second livre, où il semble vraiment donner des détails à des élèves assidus, publiés sans corrections aux très étranges @Skynet System. Pas corrigé ? Le texte n’est pas justifié, il est truffé de fautes, des virgules sont en doubles, des accents manquent, il y a des lettres à la place d’autres… Très étrange, oui. Mais bref, c’est encore là qu’il est le plus clair, où réellement, il nous répond sur la vie éternelle. Existe-elle ? Bien sûr : toute aura l’est. Bien qu’on continue à avoir besoin de quelques cours au sujet des mythologies, les compositions de philtres et autres pierre philosophale se dévoilent petit à petit.
Pour qui sait lire.
Et j’ai oublié de vous dire à quel point les gravures sont magnifiques, sublimes.. ! Mais tout aussi curieuses que le reste. Téméraires, intrigués, je ne sais pas si je dois conseiller ce livre, ce qui est sûr c’est que l’on plonge, chez Eliphas, et que son monde… est légèrement différent du nôtre.