Le rire de 17 personnes – Collectif

J’étais très intriguée de découvrir la littérature nord-coréenne, j’avoue que je n’imaginais pas du tout à quoi cette littérature ressemblait.

Patrick Maurus, Kim Kyoug Sik et Benoit Berthelier, Le rire de 17 personnes, Anthologie de nouvelles contemporaines nord-coréennes, Acte Sud, 2016, 384 pages.

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Je trouve qu’Acte Sud a quand même fait un coup de maître. Dans leur préface, ils expliquent qu’ils amènent cette littérature pour la faire découvrir et non pas pour la juger ou la soumettre au critique.

Il y a un parti pris très clair : « j’ai pas peur de c’que les Occidentaux pensent. » J’avoue, d’ailleurs, être un peu triste et mitigée quant au fait que sa sortie soit passée TOTALEMENT inaperçue, parce qu’il est sorti il y a 5 mois (Mars 2016), et pour moi, un bon bouquin comme ça, ça aurait dû faire plus de bruit. Parce que le bouquin, il est franchement réussi, intéressant. Et les éditeurs ont vraiment réussi leur pari car, si vous lisez ce livre pour avoir le goût de la révolte sur les lèvres, vous allez être déçus. Les éditeurs demandent aux lecteurs de ne pas asseoir leurs préjugés, ils présentent un peuple qui ne vit et ne pense pas comme nous. C’est tout, ce ne sont pas des bêtes de foire.

Cette introduction donne très nettement le ton. Malgré elle, je m’attendais quand même à trouver des pensées sur la condition dictatoriale du pays. Rien. Nada, comme si elle n’existait pas.

Surtout concernant Deuxième Rencontre d’Han Ung Bin : en effet, je ne sais plus pour quel événement, la Corée du Nord s’ouvre à l’Occident et des traducteurs sont chargés d’accompagnés les divers journalistes. Manque de chance : le narrateur, volontaire et naïf, tombe sur un journaliste américain dont le seul but est de ramener des photos de propagande et de pauvreté. C’est ainsi que des scènes aussi grotesques qu’incriminant notre vision des choses se poursuivent. Leur simplicité et leur amour de la patrie inimaginable, le besoin de se sentir utile à la communauté, l’idée d’individualisme n’existent pas, mais, justement, la patrie est réellement la clé du bonheur, d’œuvrer tous ensemble pour une même cause et d’être bon.

Pour résumer le tableau que peignent ces nouvelles, c’est un tableau très idéaliste d’un pays, ou du moins, s’il n’est pas idéalisé, c’est un Eden, mais un Eden qui ne ressemble en rien à nos considérations propres. Au fil du livre, on comprend mieux la mise en garde des éditeurs : ils ne sont pas comme nous, pourquoi vouloir les plier à nos pensées pour une vie qui les rendrait malheureux ? Ainsi, ce livre nous apprend que : l’homme qui n’est pas sincèrement bon se verra inutile à la patrie et en paiera les conséquences, tandis que l’homme humble, volontaire et pur aura tous les honneurs auxquels il ne pensait même pas pouvoir prétendre. Les Américains deviennent de tristes sirs : plongés dans leurs propres désirs ils ignorent tout de l’honneur, de la solidarité, du devoir. Tout ce qui forme la patrie prolifique, qui offre tout à son citoyen (logement, famille…) si lui-même possède les sens qui le rendent digne de son pays.

Ce sont des odes d’amour, d’auteurs divers dans des nouvelles abordant divers sujets, là, où, nous-mêmes attendons la révolution. 

A mon sens, c’est un très beau défi, relevé dans les règles de l’art que de nous faire découvrir de cette manière un pays dont nous connaissons finalement, très peu de choses.

10 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Je ne connaissais pas en effet et ne l’ai vu nulle part, il semble pourtant vraiment intéressant et la couverture est très chouette !

    1. Oui, on n’a pas l’habitude de cette littérature.C’est dommage qu’on en ai pas plus parlé.

  2. PatiVore dit :

    La littérature nord-coréenne est rare et peu traduite !

    1. Je n’en doute pas ! Mais c’était aussi étrange qu’intéressant à découvrir ! Surtout que ce recueil nous demande de nous déshabiller de nos préjuger

  3. PatiVore dit :

    Il me semble avoir repéré quelques ajouts, effectivement. De toute façon, tu donnais – et tu donnes – envie de le lire, de découvrir 😉
    Tu sais, dans Deuxième Rencontre, on ne sait pas si le journaliste est Américain, il est dit « occidental » et de mon côté, j’ai plutôt pensé à un journaliste francophone (français ou belge).

    1. Oui on ne sait pas forcément ! Mais bon notre culture occidentale est très « américanisée ». Mais comme toi j’ai été fascinée par ce parti pris très nuancé, zen, « apprenons au lieu de critiquer ». Je trouvais intéressant de lire ça comme ça plutôt que dans l’affrontement.

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