Thomas De Quincey. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais Confession d’un mangeur d’opium anglais doit vous parler bien plus ! Vous savez, l’œuvre dont Baudelaire (a plagié) s’est inspiré ! D’ailleurs, si De Quincey survivôte dans nos mémoires aujourd’hui, c’est grâce à Baudelaire, qui l’adorait. A moitié fou, totalement drogué et abasourdi de dettes, on le pense comme le précurseur du Romantisme noir… Et même des réflexions sur l’inconscient, celles, si chères à Freud.
Mais sinon, oui, j’ai acheté ce livre uniquement pour le titre.
L’œuvre se compose en trois parties, écrites à plusieurs mois/années d’intervalles. La première semble être la retranscription d’une conférence, la seconde un article légitiment ses dires puisque ceux-ci déranges, et enfin un Post-Scriptum tardif. Tout d’abord, un bémol, le style est fastidieux, ennuyant, alors que ce qui est raconté est intéressant. Ce n’est pas tant la retranscription d’une certaine oralité mais les phrases à rallonges et les pertes dans le discours qui m’ennuient. Tout l’intérêt, résidant dans le cynique, l’humour et en même temps dans noirceur de l’être – comme nous le verrons, et comme le dit si bien la préface – est totalement plombé par un style néfaste. On s’ennuie, le style est à la limite de l’indigeste : j’ai mis une éternité avant de réussir à aboutir ce petit livre…
Et c’est très dommage, puisque le livre pourrait être un bijou. D’après ce que j’ai compris le Club d’amateur se réunissant pour noter les meurtres : « pas trop mal la torture », « peut mieux faire comme méthode de transport », « bonne idée pour planquer la hache », n’aurait apparemment pas existé. De même que cette conférence qui serait un fruit de l’imagination malade de Thomas. Malade ? Non, loin de là. Ce livre est une remise en cause des arts, et du meurtre, mais surtout des critiques. Peut-on réellement jugé de ce qui émane de l’âme d’un individu, son essence personnelle sur une toile ou entre les lignes ? Non, on ne peut se prôner grand critique ainsi, ou, si l’on peut juger aussi facilement les gens, moquons nous, étudions le meurtre ! Bien sûr, à l’époque, cela fit grand bruit : Thomas attaquait la morale et le respect des morts car il ne cachait pas sa fascination pour le meurtre. Aujourd’hui, évidemment, nous sommes moins outrés par cette étude et cette adoration : nous dévorons des Thrillers et des séries comme Esprits Criminels. Là encore, on peut penser que Thomas est précurseur : par son étude du meurtre, du mode opératoire (qu’il note et compare) et par le fait d’assumer une fascination morbide. Fascination dérisoire qu’il prend avec humour tout au long du livre.
Challenge ABC 2016, Pages : 193 (7 305+ 193 = 7 498) / 5 000. Lettre : Q. 22/26.
Bref, je vous présente cet OVNI, à vous d’en faire ce que vous voudrez.