Bratislava 68, été brûlant – Klimacek

Auteur peu connu en France, pourtant une référence slovaque et pour cause, ce livre est un bijou. Je ne suis pas une grande fane de la rentrée littéraire, mais cette année, je me suis dit : pourquoi ne pas lire ces petites maisons d’éditions que personne ne connait ? Au fil de mes pérégrinations, ce livre formidable, qui en plus, prend place dans la cadre du Challenge des Littératures Slaves.

Ce livre prend également place dans le cadre du Challenge Lire sous la contrainte. 

Viliam Klimacek, Bratislava 68, été brûlant, Agullo Fiction, 2018, 365 pages.

Ah ça non, on ne connait pas cet auteur en France, et quel dommage ! Publié initialement en 2011 suite à des entretiens menés en 2007, ce livre n’est pas innocent s’il vous rappelle des personnes connues. Sans jamais réellement incarner ces personnes, il s’en inspire, et l’auteur en parle très joliment en postface.

D’ailleurs, en parlant d’auteur, la plume est belle, rapide, claire, sans trop de fioriture, mais ce qu’il faut pour que toutes les poétiques y soient. C’est en effet un livre touchant. L’auteur garde de la distance bienveillante avec son lecteur, il s’en amuse car il dit parfois « l’auteur ». Cela déroute mais cela donne une impression de proximité très agréable.

Une forme de proximité, une intimité que vous développerez dans tous les cas avec les personnages, très humains et très touchants. Sans être à proprement parlé une saga familiale, ce livre retrace l’histoire d’une même famille, bien qu’éloignée. De leurs malheureuses péripéties. D’abord on a une vue de ce qu’était la Tchécoslovaquie, puis on se rend compte qu’on n’y entendait ni n’en connaissait rien de son histoire. Au moins pour ma part, Mai 68 c’était la révolte des étudiants, la liberté des mœurs, un beau premier pas dans le féminisme ! Mai 68 n’avait jamais été quand la Tchécoslovaquie, derrière son mur, a été envahie par ses alliés.
Ainsi après une belle et nécessaire remise à niveau historique le livre nous plonge dans cette crise, et nous suivons ainsi les destins, les familles déchirées. Et cela nous pose aussi la question de l’insertion des migrants, il ne nous viendrait pas à l’esprit que les Tchèques ou les Slovaques puissent être aussi mal assimilés que les Syriens. Et pourtant, c’est comme si l’Histoire que retrace ce livre était rejouée aujourd’hui, mais à un autre bout du monde, dans un autre contexte. Comme si tout se répète, ce qui rejoint l’interrogation du dernier roman graphique lu, Prendre Refuge.

Enfin, c’est un livre que je vais sans doute prêter ou offrir ! Je trouve que c’est une très belle initiative que de le publier. Et que les événements, bien que romancés nous offre une vraie connaissance historique et social. Et pour ce qui est du roman, justement, avec ce qu’il faut de magie pour faire un bon livre, c’est vraiment merveilleux, on y plonge dedans, et par l’histoire romancée, la plume et la culture.