Queeriser l’art – Moineau

Jean-Claude Moineau s’interroge au sujet de l’art contemporain, sur son essence, sa définition. L’art contemporain est conceptuel, c’est un « art à faire », rempli de performances, de moments, d’instants, de détournement des objets de la vie courante. Ce n’est pas un art du « beau », et il tente, justement, de trouver quelle tension réside dans l’art d’aujourd’hui, un art qui propose un regard « de côté » mais qui ne nécessite pas forcément une grosse production.

Jean-Claude Moineau, Queeriser l’art, Art Book Magazine, Les Presses du Réel, 2016, 192 pages.

Il y a donc bien les artistes, pour faire l’art, pour avoir ce regard de côté. Pourtant, le public lui-même, prend part à la création. L’auteur se fascine pour les fans, prenant la fan-fiction comme exemple. Il explique que c’est une post-production à part. En dehors des cadres légaux : ni plagiat, ni copie, et pourtant le même univers étiré à l’infini. Parce que cela s’émule sur Internet, en partage d’informations entre utilisateurs, on est loin des goodies et autres joyeusetés commerciales. Ainsi, quelle est la part de création du regardeur dans une œuvre d’art ? Puisque l’art suscite une réaction et que l’artiste demande à son public de réagir.

Le Queer arrive finalement tardivement dans l’ouvrage, mais les questions qu’il pose au sujet de l’art contemporain sont cruciales pour l’Histoire de l’art actuelle et à venir. Finalement, l’art contemporain qui est un art de l’instant, de la pensée, appelle par ce côté indiscernable à la pluridisciplinarité, mais ainsi aussi, à la pluriculturalité, à l’acceptation de l’Autre. Elle offre un champ d’action accessible aux artistes de tous horizons.

Attention, malgré tout l’intérêt que comporte cet ouvrage, je ne le conseille pas comme premier pas dans la critique d’art, en effet, c’est très « verbeux », avec un langage qu’il faut réussir à suivre, les non-habitués ou réticents aux essais n’y trouverons pas tout de suite leur compte.
Les éditions nous proposent la lecture du queer comme un « outil pour déconstruire la notion d’identité en art » : on adhère !