Au bonheur des morts – Despret

Je vous ai déjà parlé de Vinciane Despret, vous ne vous souvenez pas ? Elle a co-écrit le merveilleux Qu’est ce que font les femmes de la pensée avec la non moins fabuleuse Isabelle Stengers (qui a d’ailleurs fait la préface du dernier Starhawk qui fera bientôt l’objet d’un article.) Elle est également citée dans Photogénie de l’Exposition, sur lequel je n’ai pas tari d’éloge non plus !

Vinciane Despret, Au bonheur des morts, Récits de ceux qui restent, La Découverte, 2015/17, 223 pages.

9782359251258Ce n’est pas la première fois qu’on parle spiritualité au Bar aux Lettres (coucou Patricia), ni la dernière (pour preuve : Starhawk arrive) !

Flirtant avec les limites du réel et de l’inaccessible, c’est un des livres les mieux dosés sur le sujet qui m’ait été donné de lire. Attention cependant, la première page pourrait déprimer n’importe qui : il faut la tourner !
Récits de ceux qui restent est une étude menée sur de nombreuses années : que font les vivants des morts. En écho au très intéressant ouvrage d’anthropologie, La Mort et ses au-delà, qui explorait les différents cultes liés à la mort au travers des cultures et religions, Au bonheur des morts est ancré dans notre actualité.
Qu’est ce qu’on fait des morts aujourd’hui ? Enterrer ou faire une crémation, finalement, c’est cadré par la société, dans nos mœurs, automatisés, et surtout c’est devenu une sacrée affaire financière. Mais notre cœur, notre esprit, est réellement et particulièrement attaché à nos morts : comment les conservons-nous près de nous ? Qu’est ce que faire son deuil au final ?

Vinciane Despret part alors en terrain presque mystique, il n’y a plus de science, plus de magie. Seulement des faits, des impressions, toute une réflexion autour des signes, autour des choses que l’on garde, que l’on croit… Sans même parler de religion, ce livre étudie le petit jardin secret, le petit cimetière secret de chacun. Comment se cachent nos morts ? Comment vivent-ils avec nous ? Comment communiquent-ils ?
Sans faire un discours contraire à la science, sans sombrer dans la folie : une observation sereine des réactions et coutumes de chacun.

La question est double, floue comme cet espace entre réel et irréel, comment s’adresse-t-on aux morts ? Comment leur parle-t-on ? Comment communique-t-on ? Chacun a sa façon semblerait-il. Mais si la vraie question ne résidait pas en cela ? Si elle était : comment parle-t-on des morts ? A demis mot, avec des mot flous, des expressions, des doubles sens. On dit « comme si« … Par la peur d’être pris pour fou.olle. « Comme s’il était là. » Le livre s’achève sur cette très belle réflexion sur le langage.

L’art transmet aussi bien les émotions que les messages des morts : c’est aussi l’idée que fait passer ce livre : que ce soit la musique, l’écriture… C’est un très beau livre, qui contient, beaucoup, beaucoup d’émotions. Et croyez-moi, il n’est pas facile de m’émouvoir.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Eleonore dit :

    Super !
    Je le note. Merci !

    1. Tout le plaisir est pour moi ! C’est un beau livre doux et qui aborde de réelles problématiques au sujet des rapports contemporains à la mort.

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