Les Parisiennes – Sebba

Certains d’entre vous savent que je ne suis pas friande des livres d’Histoire : cela m’intéresse, mais je suis incapable de m’y accrocher. A quoi est-ce du ? Le rythme ? Le fait que les dates et les noms me perdent facilement ? La seule idée de lire une liste de fait ? Je ne sais pas, vraiment, je n’y suis jamais arrivée à m’éprendre d’un livre d’Histoire, réellement. Sauf là.

Anne Sebba, Les Parisiennes, leur vie, leurs amours, leurs combats 1939-1949, la librairie Vuibert, 2018, 418 pages.

9782311101836Il faut dire que je trouvais le thème des femmes françaises durant la seconde guerre mondiale très intéressant, l’étude s’arrête aux Parisiennes, c’est un peu dommage, mais le livre – Challenge du pavé du mois – est assez gros comme ça.

Les femmes françaises sont particulièrement intéressantes à étudier car elles étaient réellement cantonnées à la marmaille : les hommes étaient aux champs et à l’usine. C’est pourquoi en France mai 68 à suivi, les femmes se sont montrées capable aux champs et à l’usine elles aussi ! Elles pouvaient faire tourner le pays aussi bien que les hommes, leurs revendications en ont suivi. Contrairement, par exemple, à la Russie où les femmes travaillaient déjà autant que les hommes.

Ainsi c’est un livre remarquablement bien écrit et qui, il y a de quoi le dire, colle des frissons. La chronologie est réellement bien établie, de manière à ce qu’on ne se perde pas dans le récit et qu’on est, nous aussi, happé par cette guerre et ses contours flous.

Du début à la fin, on frissonne pour ces femmes martyrs, et qui le resteront même après la fin de la guerre, car, malgré tout, cette guerre n’a pas eu une réelle Happy End, même en France, avec les débordements et le vent de libertés qui a soufflé, tout en contrastant avec les rationnements toujours en vigueur. Ce fut une drôle d’époque. Et l’autrice, qui écrit si bien et qui possède une réelle délicatesse n’épargne pas pour autant au lecteur le Val d’Hiv ou les camps, à glacer le sang. Puisque elle s’attarde sur quelques destins de femmes – et on est ravis qu’elle ne traite pas uniquement des femmes entrées dans la postérité – on voit vraiment le déroulement des camps de la mort depuis divers points de vue. Tout pouvait dépendre de sa ville d’origine, de sa date d’arrivée, de ses rencontres…

Un livre bouleversant et parfois mordant. Il est vrai qu’en commençant ce livre, j’ai tiqué, pourquoi une anglaise viendrait parler des parisiennes ? Mais parce qu’avec le bastion français en Angleterre, elle avait  accès à des documents pertinents plus aisément que nous qui pourtant sommes concernés directement. Est-ce que sa distance a permis de faire quelque chose de plus – on ne dira pas pertinent – mais sans atermoiement, sans trop de pudeur, et sans trop de tendresse, bien qu’on sente, par moment, que les histoires de ses femmes l’ont bel et bien bouleversée.

Très intéressant.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Est-ce que le livre parle des collaboratrices ? Certaines (en tout cas en Allemagne) envoyaient même des lettres d’amour enflammées au nabot moustachu et excité du ciboulot…

    1. Non pas de celles-ci, elle parle de la collaboration en camp (celles qui tuaient pour survivre), et de celles qui dissimulées les soldats allemands également, des actrices et chanteuses qui se produisaient pour eux. Cela reste un beau panel de profils très divers.

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