J’ai découvert Barbara Hepworth et son travail au Musée Rodin, lors de l’exposition qui se tient du 5 novembre au 22 mars 2019. J’en ai parlé brièvement dans la revue de presse du dernier trimestre de 2019, mais il fallait vraiment que j’approfondisse cette révélation que j’ai eue, ce qui est immanquablement passé par l’achat du catalogue de l’exposition.

Barbara Hepworth, sous la direction de Catherine Chevillot et Sara Marson et avec la collaboration de Sophie Bowness, Musée Rodin, Tate Modern, Editions in fine, 2020, 255 pages.

L’exposition prend en réalité vie dans un échange entre la Tate, qui présentera Rodin en 2021, c’est donc un échange de collections pour expositions temporaires en bonne et due forme. Je n’ose qu’à peine imaginer le coût et la logistique mise en place dans un tel rouage. Je pense notamment à l’atelier de l’artiste – nous y reviendront – dont un bout a été conservé et précieusement gardé : il a donc fait le voyage de traverser la manche. Mais nous ne sommes pas là pour parler régie des œuvres.
Inspirée de Brancusi, elle est invisible en Europe. Elle le rencontre à New-York, où, elle ne le sait pas encore, elle aura une réelle place dans le monde de l’art. Peut-être de cette rencontre, elle gardera tout au long de sa carrière un grand sens du travail de la pierre, d’entrer en sa collision, de la confronter mais aussi de ne faire qu’un. Sa pratique fait qu’elle travaille au corps à corps avec la matière, sans machines.
Le catalogue mystifie un peu la relation de l’artiste avec Paris et le musée Rodin, mais rien de gênant : j’adore les histoires. Suite à cela, Alan Bowness, historien de l’art et ancien directeur de la Tate, donne une interview passionnante, autant dans ses réponses que dans la manière dont est mené cet entretien. On découvre une Barbara Hepworth beaucoup plus personnelle, mais principalement happée par son art.

Suite à ces divers articles critiques, qui sont excellents, on a une partie catalogue, où sont collées les lettres que Barbara Hapworth a pu envoyer où recevoir à quelques noms du milieu. C’est intéressant, mais collées de la sorte, tout comme elles étaient affichées à l’entrée de l’exposition… Bon, on comprend l’ironie de sa relative invisibilité en France alors qu’elle est une artiste essentielle, mais c’est une mise en page et une scénographie qui ne sont pas renversants.
Enfin, nous arrivons aux photographies d’archives qui célèbrent l’oeuvre de Barbara Hepworth : une sculpture monumentale qui orne le siège du Secrétariat des Nations unies.
Mais pour moi, là où son travail gagne toute sa puissance, c’est dans la relation profonde qu’elle possède avec son atelier, lui presque sacré où elle entre en contact avec la matière. Car, en plus d’être une artiste manuelle hors-pair malgré sa frêle apparence, elle écrivait remarquablement bien. Elle exprimait mieux que quiconque son art, et on est ravie de lire de sa plume ou des mots retranscrit d’elle à la fin de cet ouvrage.
« Le paysage oriente ses propres images. Une nouvelle forme à sa propre vie, la contrepartie de la conscience qu’à l’homme de son histoire et de son héritage. » Déclare-t-elle.
Au-delà de la réalisation de commandes artistiques, elle créé un lien extrêmement fort entre la nature et son oeuvre. J’ai été particulièrement impressionnée par le documentaire « A Sculptor’s Landscape » qui illustre très bien la pensée profonde de l’art de Barbara Hepworth.
Comme un phare ou une cabane sur une falaise, léchée par les vagues, mangée d’année en année par la végétation, il y a quelque chose de poétique et magnifique que l’artiste a voulu recréer dans son art. Elle offre ses sculpture, brutales et toutes en courbes, à la nature, elle souhaite du lierre et de la terre pour s’approprier la matière comme elle l’eut fait dans son atelier.
Tout ça pour vous dire que j’ai eu un coup de cœur inattendu pour cette artiste, allez voir l’exposition ou procurez vous le catalogue ; c’est certes de l’art conceptuel, mais cet art parle, c’est un souffle nouveau, une respiration. C’est beau, esthétique, engagé, poétique, c’est vraiment une découverte que je vous invite à faire.

Quelqu’un m’a parlé de cette expo, mais je ne sais plus qui… 😉
Hihi ! On se demande ! Elle méritait amplement un article plus développé !
Carrément 🙂