Passer du rire… A une sourde angoisse avec ce qui pourrait être le « Québécois Psycho ».
David Goudreault, La Bête à sa mère, éditons 10_18, 2019, 210 pages.
En préparant cet article je découvre que je viens de lire le premier tome d’une trilogie ! Et si ce qui suit va être sincèrement élogieux, je pense que la force de la plume et du thème est aussi dans le one-shot : je ne pense pas lire les prochains.
Cependant, voici ce qu’on découvre, un jeune garçon, qui n’en finira jamais d’être paumé, traîné et ballotté de familles d’accueil en familles d’accueil en rêvant de retrouver sa mère.
Dès le début, dès la première phrase même, l’humour est incisif, mordant. L’ironie est omniprésente, ce qui m’a tout de suite beaucoup plus. Le petit garçon ouvre son aventure, ou du moins le récit qu’il nous livre, le soir d’une nuit traumatique. Le ton aurait pu être horrifique, la tentative de suicide devient la scène d’un humour ravageur. La quatrième de couverture dit que le narrateur, et personnage principal, est « mégalo. » Oui, assurément.
Mais pas seulement. Quand il est enfant, naïf – bien qu’il ne perdra jamais tout à fait sa naïveté dans ce premier roman – on rit franchement de ce petit être, et on le croit un peu. Il lit énormément, ce qui, pour nous comme pour lui, renvoie à une certaine intelligence. Mais au fil que le récit se tricote, on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas, et que, ce qu’on avait pu prendre pour l’ironie à couper au couteau d’une prime jeunesse est en réalité la magnifique naissance d’un sociopathe.
On bascule lentement et avec énormément d’humour, sans même s’en rendre compte un instant – si on s’en rend compte mais il est déjà trop tard, à la première torture animale – ce petit génie sadique n’est d’autre qu’un malade.
C’est un sociopathe drogué, mais un vrai, qui n’a aucune prise dans la réalité, qui ne sait pas déchiffrer le faciès des gens ou ce qu’ils disent tant il est dans sa folie. Bon, et c’est tellement brillamment écrit à grand coup de punchlines et d’expressions récurrentes, qu’on se rit de la folie meurtrière.
Une expérience québécoise, à faire et une petite pensée pour Madame Lit qui, grâce à son blog, nous fait découvrir la littérature québécoise !
Et puis je trouve sympa cette couverture de livre… Elle correspond bien à ce que tu dis…
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
Ma fille qui vit à Montréal me l’a offert, il m’attend patiemment.
J’espère que tu l’apprécieras autant que moi ! Il me tarde de connaitre ton avis.
j’en suis certaine tant ma fille me l’a couvert d’éloges. plus ton post, c’est vendu d’avance !
Vivement que tu le lise pour nous partager tes impressions ! Je suis contente que ta fille l’ait autant apprécié car quand j’en ai parlé autour de moi on m’a répondu qu’on se méfait de mon humour noir… Hihi
Ma fille est bibliothécaire à Montréal et grande lectrice, et on adore l’humour noir !!! 🙂
C’est pour vous alors ! 🙂 n’hésite pas si vous avez des livres à me conseiller avec une bonne dose d’humour noir !
je vais réfléchir, il y en a!
Merci !
as-tu lu La daronne de Hannelore Cayre? Là, on rit beaucoup ( au ciné bientôt avec I. Huppert ) . Mais je t’en donnerai d’autres
Je ne connais absolument pas ! Je vais me le procurer et je t’en dirai des nouvelles 🙂