J’éprouve un grand amour et une grande admiration pour cet auteur depuis le lycée. Il faisait parti des lectures que nous pouvions choisir pour illustré la dystopie qui était alors au programme, j’avais choisi Auprès de moi toujours dont le souvenir est toujours aussi intense.
C’est le challenge de Madame Lit concernant les Prix Nobel qui m’amène à me tourner à nouveau vers ce fabuleux auteur.
Kazuo Ishiguro, Quand nous étions orphelins, Folio Gallimard, 2009, 528 pages.

D’abord, il faut remarquer qu’il est merveilleusement bien écrit. Il y a certes la qualité de la langue, mais ce qui est incroyable c’est la manière dont le texte est manié alors que la narration mélange trois temporalités. En effet, les allés-retours sont incessants entre le présent, le passé proche et le passé lointain mais on ne s’y perd pas une seule seconde ! Il y a derrière ce texte une immense maîtrise de l’écriture tout à fait agréable.
Ce qui m’a fait le moins adhérer au livre est le personnage principal. Il est irritant, imbu de lui-même. Il conte son passé comme celui d’un prodige, comme s’il avait conscience de choses que, généralement, on ne mentalise pas avant 14 ans. Sa haute opinion de lui-même l’amène à nous raconter et à croire en sa capacité d’observation et son mimétisme pratiquement hors du commun, et pourtant, il en parle comme si la chose était tout à fait naturelle. Bien que cela paraisse étrange qu’un si jeune garçon maîtrise autant de compétence et soit sage comme une image, comme un adulte. Je me sentais totalement dépassée par cette manière de présenter les choses et ça m’offrait une grande distance avec le livre qui m’empêchait de me jeter tout à fait dans le récit.
La lecture des retours dans le passé n’est pourtant pas tout à fait désagréable, mais il est vrai que j’ai particulièrement apprécié les descriptions des mondanités inhérentes aux années 30. La gène ressenti par le personnage dans ses premières tentatives pour appartenir au grand monde (on se serait cru à un vernissage dans le Marais !) et ensuite le regard acerbe et désintéressé qu’il porte sur toutes les fioritures et les courbettes, noyés dans des décors luxueux.
Les personnages apparaissent autour de lui, ils font comme le popcorn « pop » des apparitions comme ça, régulière, mais on a toujours l’impression que rien ne le touche. A cause de cela, on dirait que Jennyfer sort de nulle part, on ne s’investi et on ne croit jamais vraiment à sa relation avec Sarah.
On a l’impression que je n’ai pas aimé, mais malgré la distance et la froideur que portent sur lui le personnage principal, j’ai dévoré ce livre avec plaisir ! Mais je pense justement que tout ceci avait été très bien calculé par l’auteur même si les révélations m’ont laissées de marbre.
Enfin, les thèmes de la guerre, de son horreur, et de la perversité de l’humanité sont omniprésents. Finalement, contrairement à tout le reste, j’ai trouvé ces sujets traités un peu grossièrement, les découvertes finales ajoutant à cet impression de gros fils blancs bien épais.
Jamais lu celui-là…
d’auteur ou livre ?
les deux 🙂
J’avais sincèrement adoré auprès de moi toujours ! Si tu veux te lancer…
Un jour peut-être, mais pas pour bientôt, c’est certain…
Comme tu sais, je prévois découvrir sa plume en mars. Merci de me faire découvrir cet univers… titre noté pour le bilan.
J’ai bien l’impression que nous allons avoir quelques plumes communes en effet 🙂