Un roman graphique d’une autrice espagnole en hommage à ses abuelas. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de me jeter sur ce roman graphique au crayon doux et nostalgique.
Ana Penyas, Nous allons toutes bien, Cambourakis éditions, août 2019, 112 pages.

Ce livre fait écho à un projet que j’ai depuis longtemps, plus de 10 ans même, écrire l’histoire des grands-mères, elles en auraient des choses à dire.
En délicatesse, Ana Penyas réussi à rendre compte de ce trait gommé entre passé et présent, ce qu’elles mélangent, ce qui leur tenait à cœur et qu’on ne comprend plus. « Fais attention, pourquoi ne regardes-tu pas la tv pendant que je cuisine ? » Mais cuisiner, au moins, c’est faire quelque chose. D’utile en plus.
Les premières planches sont très parlantes, sur la lenteur, la diminution des personnes âgées, c’est assez touchant car j’y retrouve ma propre grand-mère. Même dans les mots et les réactions, à la virgule près.
Ces personnes revivent leurs souvenirs, s’y incarnent et en sont tirés par la sonnerie du téléphone, s’ils l’entendent. Ils s’inquiètent de tout car ils mélangent le présent avec des temps plus sombres que les notres.
J’aime aussi que l’autrice parle de la relation parent/enfant, la patience qu’on n’a malheureusement pas ou plus.
De la solitude, elle renvoie tout ça en quelques planches, quelques beaux mais simples traits. De la liberté qu’elles n’avaient pas dans leur jeunesse, mais c’était normal et plus personne de leur descendance aujourd’hui ne comprends réellement ça.
Ma principale critique est de ne pas plus exploiter leur passer, leur histoire dans la grande Histoire, un peu à la manière de Svetlana Alexievitch. Certes, le format n’a rien à voir, mais je trouve qu’ici, c’est manquant.
Ce livre met une bonne dose de vague à l’âme. Étrangement, alors que je m’étais précipité dessus en septembre et lu dans la foulée, je ne l’avais pas aimé. PAS DU TOUT. C’est pourquoi je l’ai reposé dans ma pile à lire, l’y ai laissé jusqu’à aujourd’hui, pour comprendre ce qui m’avait tant déçue. Finalement, c’est peut-être un livre à lire deux fois, avec une attention grandissante, pour en saisir tous les non dits.
Quand est-ce que tu te lances ?
Je ne sais, depuis le temps qu’il germe il va bien finir par être un arbre un jour !
Pour le prochain confinement 😉
Déjà que celui-ci aurait pu être plus long pour que je continue mes projets en cours ahah
🙂
Les romans graphiques, les bandes dessinées nécessitent certainement plus d’attention qu’un roman. Moi aussi, je ressens le besoin d’en relire et trouve à chaque fois de nouvelles choses
Oui, c’est ce qui fait leur charme !
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
En tout cas, c’est vraiment intéressant aussi de parler de ce que l’on n’aime pas.
Oui, pour peu que l’avis soit argumenté peu importe si on a aimé ou non ! Après je ne remets pas en cause la qualité, le Bar aux Lettres parle avant tout de mes goûts 🙂