La Revue du Printemps – 2020


Cette Revue du second trimestre de 2020 va paraître un peu maigre puisque ces revues trimestrielles sont généralement le moment où j’ai le plaisir de vous parler des expositions, des spectacles ou encore des lieux de bouches que j’ai apprécié (ou non). Mais pour les raisons que nous savons, il n’y a pas grand chose à dire alors j’ai ajouté une rubrique et agrandit la ludothèque.

Ce trimestre on a eu : Disney + entraînant la mort de toute productivité pendant 3 jours, puis on a eu beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de mal à retourner dans la fosse aux lions car on n’avait jamais été aussi bien depuis longtemps dans son cocon , j’ai également découvert le plaisir de pratiquer l’aquarelle il y a deux semaines!
J’ai également eu le temps de faire une nouvelle mise à jour et un tout beau classement de la Carte de la Littérature ! Dîtes-moi ce que vous en pensez !

Enfin, j’aimerais souligner les deux beaux articles, et cadeaux, que nous ont fait Pauline Giovanolla et Alexandre Page en acceptant de témoigner sur le Bar aux Lettres ! Nous livrant ainsi leurs inspirations et secrets d’écrivains, merci encore !

Barmaid aux Lettres, 2020.

CHALLENGES

Ω CHALLENGE : Voix d’autrices
Jouir de Sara Barmak, intelligent, drôle, très documenté, pour penser la sexualité autrement, et ça fait un bien fou !
Chez soi, lecture incontournable de confinement, de la non moins incontournable Mona Chollet.
L’essai remarquable mais agressif qui repense notre rapport à l’anthropocène tant sur toutes les lèvres, L’anthropocène contre l’histoire d’Andreas Malm.
Nous allons toutes bien d’Ana Penyas, un doux roman graphique au sujet de ses grand-mères, un bel hommage au temps qui passe, à la place des femmes dans la société espagnole qui ne cesse d’évoluer.
Le Grand Mirage de Pauline Giovanolla qui nous livre une très belle interview de son sensible roman.
Dans un rayon de soleil de Tillie Walden, roman graphique de Science-fiction féministe.

Ω CHALLENGE : Romans Graphiques
In waves de AJ Dungo, que je n’ai pas aimé et on dirait que je suis bien la seule !
Nous allons toutes bien d’Ana Penyas, un doux roman graphique au sujet de ses grand-mères, un bel hommage au temps qui passe, à la place des femmes dans la société espagnole qui ne cesse d’évoluer.
Rouge passé de Gonzague Tosseri et Nicola Gobbi, Roman graphique historique que j’aurais aimé avoir plus détaillé, j’ai été très déstabiliser de devoir moi-même faire des recherches pour comprendre le sujet du livre qui parait un peu à côté de ses pompes.
Dans un rayon de soleil de Tillie Walden, Lecture commune que je suis incroyablement ravie d’avoir découvert grâce au challenge !

Ω CHALLENGE : Le pavé du mois
Le Pavé d’Avril : Le classique de la littérature russe, XIXe, Oblomov de Gontcharov.
Le Pavé de Mai : /
Le Pavé de Juin : Le merveilleux, beau et érudit Partir c’est mourir un peu d’Alexandre Page !

Dead Paris, Barmaid aux Lettres, 2020.

STATS

Ω En avril, vous êtes 315 à être passés au bar ! (contre 203 en 2019 & 199 en 2018)
Les articles les plus lus sont La Forêt d’Ostrovski (article de 2018) et je ne m’explique pas pourquoi, c’est au bac ? Et comme souvent, Au nom du corps de Gauthier, qui pourtant ne vaut pas du tout le détour (article de 2015), ne vaut pas le détour. Enfin, vous avez apprécié ma petite revue sur le grand classique Oblomov de Gontcharov.

Ω En mai, vous êtes 290 à être passés au bar ! (contre 141 en 2019 & 189 en 2018)
Les articles les plus lus sont : le très bel entretien avec Pauline Giovanolla au sujet de son roman Le Grand Mirage et le décomplexant, rafraîchissant, drôle et très documenté Jouir de Barmak.

Ω En juin, vous êtes 265 à être passés au bar ! (contre 121 en 2019 & 166 en 2018)
Les articles les plus lus sont : l’entretien avec Alexandre Page (86 vues à lui tout seul) au sujet du merveilleux Partir c’est mourir un peu, L’art de la lecture de Trigg qui vous a séduit pour offrir à vous et à vos proches, et en troisième place, l’article au sujet de l’exposition Léonard de Vinci au Louvre qui m’a totalement dépitée mais qui a plu à Goran avec qui je faisais cette exposition/lecture commune !

ON RETAPE LE BAR

Ω Le temps qui me fût laissé, m’a permis de voir que les vieux articles de ce blog n’étaient plus tout à fait à sa hauteur. J’en ai donc remanié certains et je vous invite à les (re)découvrir.

Ω 2013
Le poème pornographe – Turner, un de mes plus gros coup de cœur de toute la littérature, contemporaine ou non, mais aussi, le premier article du bar.
Apocalypse Bébé – Despente, ça fait du bien de voir que 7 ans plus tard les mentalités ont évolué, mais cela n’est pas mon livre préféré de cette autrice.
Les Amants Papillons – Wong, une belle fresque familiale et sociétale pour découvrir l’histoire de la Nouvelle-Zélande.
Jane Eyre – Brontë, rapidement lu mais je n’aime toujours pas la littérature classique anglaise.
Histoire de ma vie – Lao She, la middle class dans les années 30 à Pékin, les premiers soulèvements militaires, les visions de l’honneur et du travail de cette société
Tristana – Perez Galdos, livre réaliste un peu caricatural de la société espagnole à l’époque moderne.

Ω 2014
Germinie Lacerteux – Goncourt, roman naturaliste français, une avalanche de misère.

Ω 2016
Le rire de 17 personnes – collectif, recueil de nouvelles nord-coréennes.

CINÉMA

Ω Dans mon ménage de printemps, j’ai également retapé mes chroniques cinématographiques. (du temps où j’allais encore au ciné donc…) Et je les ai compilés dans une nouvelle carte, celle du cinéma !

Vous aurez le loisir d’y découvrir mon goût pour les films d’horreur (eh oui, je ne peux pas avoir que des qualités !) et le cinéma sudaméricain.

Ce format vous plait-il ?

Dorian Gray, Barmaid aux Lettres, 2020.

EXPOSITIONS

Ω PARIS. Esprit es-tu là ? Les peintres et les voix de l’au-delà, Musée Maillol, jusqu’au 1er novembre.
Cette exposition m’a peu apprise car je m’intéresse à cette forme de spiritualité, de croyance, mais je l’ai trouvé grandiose dans son historique de la médiumnité. C’est une belle exposition, avec une scénographie très intéressante où certains artistes restent au long des murs comme en fil rouge, et la première salle sur la présentation du spiritisme est incroyablement bien réalisée. J’ai été particulièrement touchée par les dernières salles : les artistes femmes spirites qui, bien que moins connues, n’ont rien à envier à leurs confrères. Ainsi que la toute dernière salle, un cinéma macabre d’hologramme, création d’un salon macabre : très réussi !

Marteau de porte, tête de Méduse, Antoine Bourdelle, 1925

Ω PARIS. Les Contes étranges de Niels Hansen Jacobsen, Musée Bourdelle, jusqu’au 26 juillet.
Un délice étrange d’art fantastique et de citations tout aussi inquiétantes. Une belle réussite dans ce musée très agréable, surtout durant les beaux-jours ! Une atmosphère aussi étrange que confortable avec des statues incroyable, et même un espace dédié à la création, à la maîtrise de céramique, très enrichissant.
Il y a de très belles peintures également, des êtres chimériques se dessinent sur les toiles, mais aussi en bas relief ou prennent vie en de terrifiante statues, terrifiante mais très oniriques aussi !
L’exposition finie ce mois-ci je vous la conseille, elle est plutôt accessible aussi, même au niveau du prix, et vous aurez l’occasion de vous balader dans les jardins du musée, ça vaut la visite !
J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce Marteau de porte à tête de Méduse. Honnêtement, c’est typiquement le genre de chose que j’aimerais avoir chez moi ! Le paillasson rigolo, c’est dépassé ! Ahah !

Sarah Jérôme

Ω PARIS. L’été selon Da-End, Galerie Da End, jusqu’au 18 juillet.
En attente une réelle reprise des expositions après le temps mouvementé de la crise sanitaire, les galeristes ont pioché dans leurs archives et leur collection pour exhumer des œuvres qui fleurent bon l’été. Pas évident, dans cette galerie que j’adore, présentée comme un cabinet de curiosité d’exhumer le soleil de l’été. Un accrochage pourtant très réussi, avec une poétique des œuvres extrêmement forte, bref, j’adore ! Bravo aux artistes : Markus ÅKESSON, Lucy GLENDINNING, Orié INOUÉ, Sarah JERÔME, Kim KOTOTAMALUNE, Mike MACKELDEY, Daido MORIYAMA, NIETO, Toshio SAEKI, Satoshi SAÏKUSA, Carolein SMIT, Mitsuru TATEISHI, Nikolay TOLMACHEV

Pierre Monestier

Ω PARIS. Prix de la Fondation Simone et Cino Del Duca, Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts, jusqu’au 09 août.
J’ai adoré ! Quatre artistes lauréats présentent leurs peintures et vraiment, il n’y en a pas une seule que je n’ai pas adoré. Chacun, dans un style qui leur est propre, dépeigne avec cynisme et brillo notre société ! C’est gratuit, beau, frais, rapide, honnêtement, il faut y aller ! Cela révèle des talents superbes, déjà connus mais pas non plus les grands noms, alors c’est vraiment top pour la culture G. Bref, encore une fois, je vous conseille cette exposition qui n’a pas l’air comme ça, mais qui vaut dix fois le détour ! Avec les artistes : Guillaume Bresson, Damien Deroubaix, Pierre Monestier, Tursic & Mille.

LUDOTHÈQUE CONFINÉE

Ω Jouer aux jeux-vidéos pour rester proche ?
Les soirées avaient naturellement disparus de nos horizons. Plus de bar, plus de copains à la maison, et on avait beau s’appeler régulièrement, un verre à la main, comme personne ne faisait plus grand chose et ne voyait personne, il fallait s’occuper.
Ensemble, mais à distance, c’est la PS4 qui nous a sauvé.
Je vais donc vous présenter deux jeux, trop cool, pour jouer à plusieurs chez soi ET en ligne ! Je suis sûre que plusieurs d’entre vous connaissent déjà War Zone et autres Fortnite, mais vous me connaissez, j’aime faire la part belle aux jeux indés et aux petits qui sont souvent des pépites non reconnues à leur juste valeur !

Le premier jeu est 9 parchments : on incarne des magiciens, il est un peu répétitif, mais les combinaisons de sort, les résurrections de ses potes et l’entraident sont vraiment sympas. C’est clairement un jeu ennuyeux seul, mais qui devient hilarant avec ses amis (car il est très simple de s’entre-tuer ou de tomber bêtement d’une falaise sans faire exprès.) Le principal enjeu est de débloquer des magiciens, des outfits, des sorts, tout au long des aventures. Les graphismes sont vraiment superbes, très beaux, très colorés.

Le second jeu est un jeu de Science-Fiction, Helldivers : plus sanglant peut-être que le premier. Nous incarnons une équipe, un peu à la Stargate, et nous sommes en guerre contre les aliènes. Le but est de réaliser réaliser des missions (lancer des missiles, protéger des humains, envoyer des boîtes noires…) sur différentes planètes. Ce jeu, contrairement à 9 parchments n’est pas du tout répétitif grâce à la diversité des missions, des planètes et des monstres. Les niveaux sont bien équilibrés. C’est celui que je préfère même s’il est plutôt « brute de décoffrage. »

PRESSE

Chat tenant une perdrix dans sa gueule, mosaïque romaine, musée national d’archéologie, Casa del Fauno, Pompéï, Naples

Ω Histoire du chat
Sans être perspicaces, je suppose que vous vous doutez de mon amour pour ces petits félins. Par le détour d’internet, j’ai découvert cet article publié par Hérodote, et figurez-vous, j’ai appris pas mal de choses ! Simple, concis, en partant de lieux communs qu’on connait bien (les chats noirs porteraient malheurs, les chats étaient vénérés en Egypte…) ils expliquent le pourquoi du comment, les naissances et les évolutions de ces diverses croyances au sujet de nos amis les chats. Enfin, je tenais à vous partager cet article, réellement réussi, un bonheur à lire !

Ω Livraddict.
Allez, c’est le moment où je râle un peu !
Je me sers périodiquement de la plateforme livraddict, car c’est un excellent site pour lecteurs de tous poils, très motivant avec une super ambiance, bien pensé avec son forum, sa bibliothèque numériques, ses jeux littéraires… Mais personnellement, j’ai un mal fou à y trouver mes lectures, et quand je dois ajouter un bouquin à leur base de donnée pour la 10e fois en une heure : j’ai envie de hurler que ce n’est pas mon taf !
Bien sûr, c’est un site coopératif. Le vrai problème, ce n’est pas seulement que cette longue démarche m’énerve à chaque fois. Je dois m’occuper de cette base de donner systématiquement quand je m’en sers, car quand je veux référencé un livre, je m’heurte souvent au fait qu’ils ne connaissent pas même l’auteur OU PIRE qu’ils ne connaissent carrément pas la maison d’édition – et ça, à part faire de l’administratif auprès des admins, on n’y peux rien. Mais le réel problème, c’est que si je dois faire tout ça, c’est que cela signifie que depuis la sortie de ces livres (et je ne lis pas toujours tout de prime jeunesse) sur ce site qui réunit des dizaines de milliers de personnes, personne d’autre n’a lu ces bouquins. C’est dramatique quand même que tant de choses demeurent inconnues, ce serait sympa de les mettre en avant mais aucun algorythme n’est prévu pour ça. On devrait mettre un « ping » ou que sais-je aux personnes qui rajoutent des livres genre « merci d’avoir contribué à l’ajout de : xxx »
Parce que ce qui est dommage, sur livraddict, et sur la blogo, et sur insta, et partout, c’est qu’on a plus droit aux articles au sujet des rerererelectures d’Harry Potter (dans une nouvelles éditions, en VO, ou par nostalgie) que d’auteurs franchement atypique et de nouveaux horizons. (Poke Challenges de Madame Lit et Challenge du Mois de Mars d’Eva, Patrice et Goran qui changent pas mal !)
Voilà, tout ça pour dire que d’aller sur cette plateforme c’est cool, il y a plein de challenge là-bas (même si j’ai appris à m’en tenir éloigner pour ne pas trop en cumuler hihi) et une super communauté, et vraiment, je trouve ça top ! Mais voilà, il fallait que je râle, ça faisait longtemps. En plus, JPP de voir la couverture de Passe-Murailles, Harry Potter, Twilight et cie dès que j’allume mon fil d’actu.

Barmaid aux Lettres, 2020.

Ω « Pédagogie du confinement », une nouvelle de science-fiction d’Antoine Amiel, Usbek & Rica, juin 2020.
Je connaissais de nom Usbek & Rica pour leurs articles cool et réfléchis au sujet de la SF. Mais quand une copine m’a envoyé leur nouvelle : quel coup de cœur !
L’angoisse de la performance ultra-capitaliste est au cœur des déboires de la personnage principale. Dans cette dystopie qui se déroule dans 50 ans environ, nous sommes loin du feel-good, on ne parle même pas de méditation, de se remettre au sport ou de l’isolement qu’amène immanquablement le confinement. Non, cette nouvelle parle de la course à la productivité, à la performance, coûte que coûte. Elle parle du fait que le confinement ne nous épargne pas des jugements de rentabilité. « Tu pars à 18h ? C’est tôt dis donc… » Dans cette nouvelle, aussi drôle qu’anxiogène, ce leitmotiv est remplacé par « Deux mois de confinement et tu ne parles toujours pas coréen ? Quel sale flemmard…  » Il faut utilisé même le temps non travailler, si jamais vous avez le malheur de regarder pensivement votre plafond, des drones vous remettent à l’ordre pour que vous continuiez à produire : de la connaissance, du savoir, bref, surtout ne profitez par de la vie !
L’angoisse de ne pas produire est ici au cœur de cette nouvelle qui réussi à être extrêmement drôle et pertinente en singeant ce qu’il y a de plus bête dans les propos que les politiques nous ont tenus dans cette période. Une bouffée d’air frais, de quoi rire et déculpabiliser… A ressortir au prochain confinement, car, si la nouvelle a raison, il y en aura d’autres.

Ω La vie en verre, Artension, Hors Série numéro 28, avril 2020.
Des vitraux patrimoniaux que nous connaissons tous, à l’architecture ultra contemporaine, en passant par les sculptures carrément psychédéliques ou celles réinterprétant le classique, le verre est partout dans l’art, et pourtant, on y pense assez peu souvent.
Tour d’horizon du verre dans l’art, en passant par des expositions récentes ou par les tout nouveaux lieux dédiés à ce médium artistique, en passant par les artistes, déjà reconnus ou en voie de popularité.
Jeux de transparence et de lumières, expérimentations de formes conceptuelles, caricature de bouteilles de parfums, recherche d’une certaine esthétique qui ne soit plus assignée au luxe, sont des thématiques qui se succèdent au fil des pages du magazine. Un bonheur à lire, le tout empli d’un savoir faire, de technicités relatées très intéressantes.
Là où Artension est très fort, c’est qu’il ne laisse personne en reste : liste exhaustive des établissements mondiaux et régionaux consacrés ou ayant une partie consacrée au travail du verre, liste des prix pouvant récompenser des artistes grâce à ce médium, divers festivals… Vraiment ils ont du talent pour faire des magazines totalement libres et extrêmement complets.
C’est vraiment très complet, je me répète, mais ça en est fou : artistes, lieux, artisans, tout y est pour passer un délicieux moment au milieu de l’art du verre.

Ω Les saisons du plaisir, Beaux Arts Magazine, numéro 431, mai 2020.
Au cœur de l’actualité, ce magazine, bien plus « journalistique » que le précédent, offre la vision du monde de l’art à travers la récente crise : leurs problématiques, comment ils s’en sortent, leurs innovations et leur philosophie. Je garde tous mes vieux journaux, mais celui là en particulier en tant que témoin d’une époque singulière pour le monde de l’art et le monde entier d’ailleurs.
On visite les œuvres sauvées à Pompéï, on voyage un peu en Afrique et Bernard Blistène nous fait un tour de l’art des plaisirs, du désir (bon, sinon, il y a Le Magazine Le Bateau dont je parle assez souvent pour ça !)
Une histoire de l’art du plaisir sympathique et rapide mais qui sent le réchauffé avec leur récent Hors Série sur l’art érotique qui n’était d’ailleurs pas top.
En bel équilibre avec cette mini histoire de l’art des plaisirs, celle des pandémies sans tomber dans le lourdingue ou le pathos. De belles œuvres intéressantes avec de brefs commentaires. Bref, on frôle beaucoup de choses, mais on reste un peu sur sa faim malgré des sujets qui restent intéressants.

Barmaid aux Lettres, 2020.

Ω Librement inspiré de Trainspotting, juste pour le plaisir
Iggy Pop raisonnait dans ses oreilles, les baffles de ses écouteurs à fond, directement dans les tympans. Il préférait le gramophone, comme dans les vieux James Bond, mais tant pis, il fallait savoir vivre avec son temps. Il arpentait les rues de la vieille ville. Et ça monte, et ça descend… Et tous les touristes s’y perdent, car, facilement, la rue que vous cherchez peut-être un pont au-dessus de vous. Bande d’idiots.
Pour Sick Boy, Edimbourg était son terrain de jeu.

En retirant ses écouteurs, il s’installa à la terrasse d’un café de Cockburn Street où l’attendait Spud. Le regard rouge, ahuri, la jambe tremblante. Sick Boy eut la mauvaise surprise de voir que la jambe de son ami faisait même trembler toute la table. Ce con était encore en manque.

« Putain, Spud, vas voir Swanney;
– Mais j’ai plus une thune Sick ! J’ai plus rien ! T’as pas vingt balles pour moi ? Juste 20 balles ? »

Et en plus ce connard voulait lui taxer du blé en criant presque, si seulement sa voix chevrotante lui avait permis d’être clair dans son élocution. Ce type était un incapable totalement défoncé à l’héro. Lui, Sick Boy, avait au moins la décence de se contrôler. Le grand festival de théâtre Édimbourg battait son plein, on était au moins d’août, les rues étaient bondées, noires de monde. On passait facilement inaperçu, surtout Sick Boy, belle gueule, cheveux blond impeccablement dépeignés, lunette noire, costard… Mais pas Spud. Spud ça se voyait à mille bornes qu’il était cramé total, en manque quand il n’était pas défoncé, incapable d’avoir un taf.
Sick Boy a vite compris que le serveur ne viendrait pas à leur table. Il fallait partir, ils ne servaient pas les rebuts de ce genre. Quel con, à cause de lui pas moyen de prendre un verre en terrasse, il n’y avait bien que Mark qui était assez benêt pour le pouponner.

« Viens, on se casse.
– Hein ? Pourquoi ?
– Ça pue je te dis, on se casse. On va chez Swanney, je te parie qu’on y trouvera Mark. »

Ils partirent. Spud suivait, penaud, sincèrement l’air de rien.
Soudain, par-delà la foule, derrière eux, des étonnements étouffés leurs parvinrent, puis des cris distincts :
« Mon sac ! On m’a volé mon sac ! »

A ces mots, Sick Boy, qui avait bien le sac à main reposant tranquillement en bandoulière sur son épaule, parti en un sprint digne des JO alors que Spud mis du temps à comprendre ce qu’il se passait avant de s’élancer à son tour. Il regarda derrière son épaule, avisant le serveur qui s’était lui aussi découvert des talents pour la course. Ne faisant pas attention, il renversa une jeune femme en la heurtant de plein fouet, tituba, puis repris sa fuite tant bien que mal.

Sick Boy était déjà loin, il avait traversé le pont qui surplombait la gare, il franchissait maintenant Princess Street, bien décidé à se planquer dans les ruelles derrière la rue principale. Il reprit son souffle entre deux poubelles à l’arrière des bars de Rose street. Puis, tranquillement, en se grillant une clope, il tria le contenu du sac, ne gardant que les billets : belle prise ces touristes ! Ça lui ferait quelques doses.
Il repartit, invisible dans la foule, vers la piaule de Swanney, Mère Supérieure et dealer attitré. Pas inquiet pour un sou, il savait que ce n’est pas lui qui avait été remarqué, contrairement à cet idiot de Spud. S’il se faisait gauler, tant pis pour lui.
Bien habillé, impeccablement décoiffé comme à la dernière mode, il passait inaperçu. Ses lunettes noires protégeant moins ses yeux bleus tranchants du soleil d’août qu’elles ne dissimulaient, en réalité, la couleur rouge qui aurait pu le trahir.

Barmaid aux Lettres, 2020.

C’est tout pour ce trimestre un peu particulier !

5 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Gros trimestre finalement… Je me fais l’intégrale des Simpson sur Disney +… Ton chat dessine super bien , bravo à lui 😉

    1. Oui, finalement je ne tiens pas en place même dans 37 mètres carrés ! Ahah, j’ai toujours un truc à dire aussi ahah

      Alala Disney +, ils l’ont sorti au bon moment il n’y a pas à dire !

      Mon chat à un petite côté Dorian Gray qui me plait beaucoup sur la photo ahah

  2. Super riche et complet ton article !
    Je râle aussi parfois sur Livraddict et renonce parfois à entrer un livre par flemme, mais je suis accro à ce site qui me permet de garder facilement un œil sur mes lectures. Et puis comme tu le dis, il y a une super communauté 🙂

    1. Il y a de bonnes choses c’est sûr ! Et je m’y rends régulièrement. Mais ça m’arrive tellement souvent que j’ai voulu râler une bonne fois pour toute zut à la fin ! Ahah

    2. Merci pour les compliments ça me fait très plaisir 😁 j’ai justement choisi le format trimestriel qui me permet justement de peaufiner !

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