J’ai découvert Jérôme Ferrari il y a bien longtemps. Si Où j’ai laissé mon âme (2010) me laisse un souvenir diffus, je me rappelle qu’il m’avait beaucoup impressionnée et que je l’avais trouvé magnifique dans sa dureté. Je relis donc l’auteur, que j’avais apprécié, avec grande curiosité.
Edit : J’ai totalement oublié de dire que ce qui m’a d’abord amené à exhumer ce livre de ma PAL est le Challenge 2020 de Madame lit ! En juillet : lire un Goncourt.
ALJérôme Ferrari, Le sermon de la chute de Rome, Actes Sud, 2012, 201 pages.

Les premières pages m’ont beaucoup gênées, moins par le morbide que part une très certaine désillusion défaitiste, quelque chose de tranché et très malaisant. De très sombre, très noir.
Mais en relisant mon précédent article au sujet d’un autre livre de l’auteur, cité ci-dessus, je m’aperçois que c’est en réalité sa marque de fabrique. Depuis quelques années, je remarque que des choses que j’ai pu lire et écrire sur l’horreur – qui me fascinait – me touchait bien moins qu’aujourd’hui. Peut-être que je deviens sensible, ou alors, je deviens épuisée et terrifiée d’être entourée de toutes ces choses, je ne veux plus les comprendre, je veux juste qu’elles s’arrêtent, car, peut-être, à l’époque, je les pensais un peu moins banales, un peu moins présentes, moins systématiques…
C’est sublimement écrit, mais emportée par la prose les descriptions paraissent vagues, et au début, je me suis sincèrement perdue dans les personnages.
On se perd dans ce livre, j’ai fait un arbre généalogique des personnages pour m’y retrouver, les changements de points de vue sont également très brusques. Plus d’une fois je ne savais plus qui était quoi et quel lien avec machin et donc je perdais totalement l’intérêt de la scène. Je pense que ce brouillard est amplifié par les phrases proustiennes, qui, si elles sont parfois très belles et bien réussies ne facilitent pas la compréhension déjà toute relative. De même, niveau plantage de décor, je n’ai pas cessé de me perdre dans la temporalité. A trop de beauté, il a manqué d’un peu de clarté.
Il y a une grande beauté dans ses phrases, ses mots qui décrivent le désespoir, la tristesse plate de la vie, on pourrait en extraire un livre de citations. Malgré cette poétique de la désolation, toute à fait agréable et splendide dans les banals tourments des âmes, on ne parvient pas réel à se raccrocher à l’histoire, à mettre en route le fil qui dit « attendons voir la suite. »
Finalement, je n’ai pas parlé de l’histoire… Figurez-vous, je ne sais pas trop… Ce sont de pauvres hères, perdus, l’histoire d’amis, d’une famille, ils sont usés de vivre, usés par la vie, ils ont un bar et se raccrochent à l’alcool et au sexe, quelque part dans une Corse rurale.
C’est court, beau, brut, mais malheureusement un peu trop complexe dans les phrases. Il y a un réel manque de clarté au niveau des changements (de zones, de temporalités, de points de vue…) pour être un ouvrage marquant.
Encore une fois, le prix Goncourt m’aura laissée de marbre. C’est dommage car c’est beau, beau dans la poétique, mais aussi dans les instants de vie où l’auteur sait trouver un franc lyrisme dans le banal. Mais à vouloir trop en faire, dans cette oscillation entre poème en prose et platitude de l’existence… un coche a été manqué, mais il s’en fallait de peu !
Mon avis est très mitigée, comme celui des lecteurs, ce que j’ai pu le constater en regardant ce que d’autres blogueurs en avait pensé.
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
Il est très bien ton article, surtout le début très touchant…
J’aime bien ajouter à mes articles des petits questionnement maintenant que j’ai le luxe d’avoir pas mal de recul grâce au blog.
En tout cas bravo…
Merci 😊
Mince, pourtant le titre était tellement prometteur !
Oui mais ce livre m’a totalement échappé. Je me suis d’ailleurs demandée quel lien il y avait avec le titre… Je dois manquer de culture G
Je l’avais mis de côté pour participer au défi de Madame lit en juillet (lire un Goncourt), et je dois avouer qu’après avoir lu les deux premières pages, j’ai compris que ce n’était pas le moment… Tu en livres ici un billet très bien argumenté, très intéressant !
Il traînait dans ma PAL et j’ai fait pareil !
(j’ai oublié de mentionner le challenge dans mon billet c’est cela ?)
Oui je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai poussé car idem dès les premières pages je me suis bien rendue compte que quelque chose « clochait ». Au moins c’est déjà beaucoup si j’ai pu argumenté 😁
Alors, un Goncourt que je ne m’empresserai pas de lire! Dommage car j’aime bien les envolées poétiques dans un livre. Merci pour ta participation en juillet. Titre noté pour le bilan.
Merci ! Je suis désolée pour avoir oublié de noter le challenge quand j’ai écrit le billet.
Après, comme tout sur mon blog, pas d’analyse profonde, seulement mon ressenti :tu pourrais beaucoup l’apprécier mais, personnellement, beaucoup trop flou bien que beau. J’y ai trouvé trop peu de matière pour avoir l’envie frénétique de tourner les pages.
Je suis en train de lire un Goncourt très difficile pour moi… Alors, on ne peut pas tout apprécier!
Lequel est-ce ?
Les Bienveillantes… C’est très difficile…
Alors pourtant j’en ai beaucoup entendu parler ! Tu attises ma curiosité je lirai ton article avec grand intérêt !
Merci!!! Difficile à lire car c’est beaucoup de détails très tristes pour notre humanité…
Oui j’avais entendu dire qu’il était pas mal désillusionnant.
C’est ça.
J’ai lu ce sermon sur la chute de Rome il y a six ou sept ans, je ne m’en souviens pas très bien mais il me semble vaguement qu’il y avait des allusions philosophiques … ceci dit je crois que ce livre m’avait un peu ennuyée !
On se rejoint alors ! Oui il est très flou…