Les vivants et les ombres – Meur

Fresque familiale dans la Pologne du XIXème, ce livre avait tout pour me plaire. Attention à ne pas se méprendre, il a été écrit en 2007 et a raflé de nombreux prix, à juste titre.
Par sa taille, il est le Pavé du Mois et c’est la chronique de Patrice qui m’a fait découvrir ce roman et le dévorer !

Diane Meur, Les vivants et les ombres, Le Livre de poche, 2010, 633 pages.

Le point de vue est d’abord déstabilisant, en effet, la narration est tenue par la maison. Mais cela a quelque chose de très poétique, surtout pour une lectrice comme moi, qui aime croire que les objets et les lieux restent, quelque part, empreints des événements qui se déroulent autour d’eux. Cependant, n’y voyait rien de mystique, cela tient plutôt à l’humanisation des murs. C’est assez réussi – mes réserves en fin d’article – car la maison chérie tous ses habitants, des humains, dont nous suivons les naissances, les amoures et les morts, mais aussi les oiseaux qui font leurs nids dans les combles et les chats qui viennent les chasser.
Ces moment animaliers donnent de la matière au texte, rend palpable cette douce campagne si centrale dans le texte.

L’écriture, est un vrai bonheur. On tourne les pages sans même s’en rendre compte, c’est si beau ! Et il faut dire que les cliffhanger très réussis qui terminent les chapitres n’aident pas à ne pas dévorer le roman.

Ainsi, ce qu’on suit, c’est la vie virevoltante des habitants dans la maison. Les mentalités et récits politiques de l’époque sont très réussis. On est tout de suite transporté dans ce temps-là et on prend un énorme plaisir à adorer des personnages et à en détester d’autres.
Cependant attention ! Les personnages et les filiations sont nombreux et pas toujours évident à suivre – même si, comme c’est très bien écrit, on s’y retrouve. Mais ces moments de doutes nous tentent pour aller voir l’arbre généalogique qui ouvre le livre. Quelle erreur ! Elle vous divulgâche tout ! Puisque, comme je l’ai dis, les rebondissements familiaux sont au cœur du récit. Donc si vous lisez ce livre, cachez cet généalogie que je ne saurais voir ! (en relisant la chronique de Patrice, je vois que lui aussi s’est fait avoir ahah !)

Pour moi, ce roman est une réussite grande et belle ! Et là, environ deux cent pages avant la fin… C’est le drame ! Bon, j’essaie de ne pas trop en dire, mais en gros vers la fin, on voit les limites de ce point de vue narratif : la maison. Un endormissement qui parait impensable pour créer une ellipse… Il aurait fallu trouver un autre moyen de créer l’ellipse qui est bien triste et maladroite et faussement excusée. Enfin, la maison sort réellement d’elle même, de ses murs, pour suivre un des personnages qui « va réussir à s’en aller » comme dit la quatrième de couverture. Mais c’est faux, ce n’est pas le seul personnage, et le récit tombe plat dans cette tentative maladroite…

C’est dommage tout le reste est généralissime, beau, intelligent, prenant, comme si on y était. Bien pensé, sensible, avec une vraie utilité et une vraie beauté dans la narration, mais voilà, il y a un léger moment de fracture, environ 150 pages avant la fin on a l’impression de vivre une longue fin dénudée, plus rien ne se passe vraiment, tout devient attendu, il y a un manque d’intérêt. Il y a essoufflement.
Et quelle horreur de vous dire ça ! Ce livre ne mérite vraiment pas un avis qui puisse paraître négatif ! Mais comme c’est la fin que je n’ai pas aimée, je reste forcément un peu sur cette impression. Pourtant, j’ai envie de relire certains passages, de me noyer dans cette tempête de sentiments. J’ai envie de revivre les soirées luxueuses, leur essoufflement, les discrets changements architecturaux. C’est réellement un chef d’oeuvre ! Lisez le, finalement, qu’est ce qu’une fin un peu pénible face à 450 pages de pur bonheur dévorant l’âme ! Et puis, mon avis est purement subjectif.
Une lecture, qui malgré une fin en demie-teinte, a été un grand plaisir, incapable de lâcher ce livre que j’étais.

10 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Très belle et intéressante analyse, comme toujours…

    1. Ah merci ! Tu me flattes !
      Mais il est vrai, encore une fois, je suis déçue par une fin hihi

      1. Goran dit :

        Tu vois, je te l’ai bien dit 🙂

  2. Cela fait très longtemps que j’ai envie de lire ce livre (pour le contexte de Galicie, bien sûr) et ta chronique confirme cette envie. A la lire, je suis même encore plus curieuse de le lire pour voir ce que je pense de ces 150 dernières pages. Je tâcherai de me souvenir de ne pas regarder l’arbre généalogique!

    1. Alors je te le conseille ! Même si j’ai adoré vibrer avec les personnes, elle établie le contexte du pays et son évolution de manière claire mais pas invasive. Je pense que ces 150 pages que je n’ai pas aimées sont importantes justement pour montrer un pan du contexte… Mais quand même elles m’ont pesée !
      Il me tarde de découvrir ton avis au sujet de cette lecture ! Et oui prends garde à l’arbre qui garde ces pages !

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