Je vous embarque sur la route la plus hantée des Etats-Unis avec ce Roman Graphique, ça tombe bien, j’adore les histoires de fantôme !
Vincenzo Balzano, Clinton Road, Ankama, 2020, 152 pages.

John enquête sur des braconniers qui sévissent dans la forêt pour laquelle il est garde chasse. Cette forêt et la route qui la traversent sont réputés hantés, John y fera donc d’étranges rencontres.
Je suis tombée sous le charme du trait graphique dès les premiers instants. Cette aquarelle sombre et floue nous plonge dans l’univers fantomatique et diffus du Roman Graphique. Les détails se concentrent sur les ombres, très travaillées, qui participe à cette notion d’étrangeté qui habite le livre.
Pour notre plus grand bonheur ! Cette patte artistique, plutôt fauve, comme croquée sur le vif, à quelque chose de très immédiat qui nous emporte dans l’action. C’est beau, génialement représenté, dans un décor où la forêt, comme les habitations et les personnages ont quelque chose de décharné. Ce décharnement, à nouveau, dans le fond comme dans la forme, rend les choses plus palpables encore. Vraiment, ouvrir ce livre c’est l’acheter.
Les vides, les mouvements, les objets du quotidiens, tout ces petits rien gagnent une présence folle, ajoutée à l’étrangeté de l’ambiance, c’est une réussite. D’abord, l’aspect croquis, inachevé pourrait en gêner certains, mais c’est tellement voulu, cela sert tellement la thématique spectrale que ça en est magnifique. Le travail sur le carnet du personnage principal, sur les croquis qu’on le voit dessiner, dans une mise en abîme où nos yeux suivent le crayon de John, c’est du génie.
Les couleurs pastels sont d’une beauté inquiétante, contrairement à la douceur qu’on leur attribue d’habitude.
Le seul élément regrettable, qui est important pourtant, mais auquel j’ai réussi à faire abstraction sont les dialogues. Quel dommage ! Ils sont simples et n’ont pas besoin de plus. Mais le problème c’est qu’ils sont plats, bâclés ? Mauvaise traduction ? En soit, ils ne sont pas au cœur, mais dans ce Roman Graphique il y aurait eu une réelle force dans la simplicité des dialogues mais je pense qu’elle a malheureusement été mal gérée. Mais j’ai réussi à mettre mon dérangement de côté pour profiter pleinement du reste tout à fait magique !

Le flou visuel sert très bien à illustrer la frontière floue entre les morts et les vivants, les rêves et la réalité, ou même à figurer la vacillation mentale.
C’est donc un roman graphique mature et élégant, agréablement inquiétant que je conseille.
Certes pour les dialogues, mais as-tu aimé la fin ? 🙂
Ahha non 😂 mais je n’en dis pas plus pour ne pas divulgacher
« divulgacher » j’adore ce mot… 🙂
Ah mais oui ! Quand je l’ai découvert j’étais ravie d’avoir un synonyme aussi élégant pour « Spoiler »
Pareil que toi… Et spoiler, j’aime pas du tout…
Avec l’accent français il est top 👍 Ahah
Voilà qui me tente bien et j’aime beaucoup le visuel de la couverture !
Le visuel a vraiment été un coup de cœur ! J’ai adoré !