Cette lecture est une lecture commune organisée par Patrice et Eva à laquelle la Jument Verte participe également. Une occasion de me replonger dans la littérature de l’Europe de l’Est et de son histoire si riche.
C’est également le Pavé du Mois.
Pavol Rankov, C’est arrivé un premier septembre, Editions Gaïa, 2019, 460 pages.

On traverse la moitié du XXème siècle aux côtés de trois bons amis d’enfance, qui, chacun à leur manière vont être ballotter par les événements qui secouent leur Slovaquie natale. Du début de la guerre, à 1968 où la Tchécoslovaquie est envahie. L’écriture, particulièrement simple et coupante, rapide et directe, nous embarque sans concession au cœur des bouleversements mondiaux.
Simple mais aux belles tournures, l’écriture a un rythme effréné qui s’accorde avec la structure intéressante du roman : chaque chapitre étant plus ou moins le bilan, au premier septembre, de l’année écoulée. Cela créé des ellipses agréables, qui anéantissent toutes fioritures et maintiennent le lecteur dans l’Europe en crise bouillonnante. Ces chapitres brefs et qui se dédient à l’essentiel permettent notamment de bien comprendre le déroulement de l’Histoire, d’en avoir divers points de vue, mais également, cela permet d’appréhender les personnages très facilement. On suit encore mieux leur évolution et on s’y attache d’autant plus. Personnellement, j’ai adoré suivre ces trois garçons de leurs enfances jusqu’à l’âge mur, les péripéties qui malmènent leur amitié et leurs caractères qui évoluent au grès des épreuves.
Ces trois jeunes destins vont donc affronter la guerre, s’adapter à la montée du communisme et composer avec des idéaux bien différents.
L’auteur a réussi à créer quelques archétypes pour bien nous montrer les facettes d’un même moule mais de manière très naturelle et qui rend l’histoire qu’il raconte tout à fait censée, elle coule réellement.
C’est bien ce que j’ai préféré dans cette histoire : des personnages qui nous font découvrir le monde de leurs points de vues bien particulier : Gabriel est juif, Peter est un communiste convaincu, Jan change de nom de nombreuses fois selon le souffle du vent… Pourtant, leur amitié n’a rien d’improbable, au contraire, l’auteur rend très palpable les effets qu’ont les événements sur leur amitié, sans jamais dévié des personnalités des protagonistes. C’est en effet un beau récit d’amitié qui est mené dans cette grande fresque historique. Leur amour fraternel va et vient alors que leur entourage s’amenuise à cause des maladies ou des guerres. Leurs réactions les uns envers les autres est si brut et si naturel que cela possède un charme incroyable et donne beaucoup de relief et d’humanité à la lecture. Le tout porté, je le dis encore, par une écriture qui a les mêmes qualités : un naturel brut, tranchant mais élégant, qui fait adhérer immédiatement le lecteur.
En lisant la quatrième de couverture, vous vous apercevrez rapidement que l’histoire semble tourner autour d’un concours qu’ils ont initié un premier septembre (tiens donc, ça ne vous rappelle pas le titre ?) et celui qui le remporterait gagnerait le cœur de Maria.
Il est tout à fait naturel d’imaginer alors que les pages vont tourner autour de cette amourette… Oui et non. Maria est parfois l’élément qui permet à leurs amitié de ne pas périclité, mais, soyons honnête, à part elle qui ne semble pas avoir de personnalité, les trois garçons ont beau toujours l’aimer et la convoité, on est très loin d’un roman à l’eau de rose.
Au contraire, la famille de Maria fait elle aussi les frais des bouleversements politiques qui agitent le pays et à son rôle à jouer au sein de la destinée des personnages principaux, au delà d’un fil conducteur romantique qui, en effet, aurait été bien malheureux.
En bref, c’est un roman que j’ai adoré, qui m’a emporté, aussi bien grâce à l’écriture qu’aux personnages attachant et au contexte historique bien exploité et retracé.
C’était donc celle-là, la superbe lecture de l’été… Et puis, les belles ellipses, j’ai déjà entendu ça quelque part…
Je me suis régalée avec ce livre ! Il te plairait je pense ! Ils n’ont pas encore publié leur article, j’attends qu’il le fasse pour mettre le lien, je suis curieuse de découvrir leur avis !
Un billet très enthousiaste! J’ai hâte de le lire, pour l’histoire et aussi pour voir comment Rankov tient le rythme du chapitre par année.
Je suis la plus enthousiaste de mes co-lecteurs mais c’était une excellente lecture pour moi. Et en effet ce rythme au chapitre annuel m’a particulièrement embarqué !
Quelle satisfaction de voir que cette lecture commune t’a comblée ! J’ai beaucoup aimé ta chronique qui analyse et donne envie de lire le livre sans en dévoiler trop. Merci de m’avoir accompagnée et à bientôt j’espère, pour d’autres LC 🙂
Avec plaisir ! Oui ne pas trop en dévoiler est vraiment pas évident avec ce livre comme je disais !
J’ai été enchantée par la lecture en effet !
Vivement les prochaines LC, j’en prépare une avec Goran pour le mois de mars que je place personnellement sous le signe de l’Estonie !
Intéressant, ne serait-ce pas Jaan Kross par hasard ?
Forcément il apparaît dans la liste ! Mais ce ne sera pas ma seule lecture 🙂
Hello 😉
sans se concerter on a presque le même avis 🙂
Les trois garçons sont passionnants, Maria manque un peu de personnalité ….et le contexte historique présent sans être pesant ….
et j’ai aussi beaucoup aimé les ellipses ….
Hello ! Oui les grands esprits se rencontrent pour cette lecture ! J’espère qu’on aura l’occasion de refaire une LC ensemble 😁
Oui, Maria semble se laisser balloter par les circonstances. A la fin, cependant, il me semble qu’elle s’affirme un peu plus quand elle refuse le mariage.
Oui heureusement elle a un semblant de personnalité ! Mais oui elle est un peu ballotee comme t’y dis !