Les jardins de la consolation – Reza

Très beau texte d’une Iranienne immigrée en France, qui porte un regard poétique sur l’évolution de son pays .
Ce livre est lu dans le cadre du Challenge 2020 de Madame Lit : lire un livre d’un auteur ayant reçu le prix Senghor, c’est le cas de Parisa Reza, prix Senghor du premier roman francophone 2015.

Parisa Reza, Les jardins de la consolation, Gallimard, 215, 320 pages.

Ce roman se dévore, tant de pages qu’on voit à peine passer, dues en partie à une langue belle et percutante mais surtout grâce aux chapitres très courts. Courts et donc très rythmés.
Le livre entier est empreint de ce rythme, de cette volonté d’aller droit au but, de ne pas s’encombrer, de trouver la beauté dans la simplicité. Cela est très réussi dans la maîtrise de l’écriture, mais cette poétique est également aussi très présente dans le fond même de l’ouvrage.

Ce que le livre nous fait découvrir, c’est l’évolution d’un pays. Sous nos yeux, s’émancipent des femmes et des hommes, à la recherche de la réussite, celle en adéquation avec leurs convictions et avec le monde qui change. On suit les bouleversements d’un pays illustrés en deux générations. C’est vraiment un beau roman qui ne caricature jamais et remet les choses dans leur contexte de manière sobre, et comme je le disais, droit au but mais sans jamais oublié la sensibilité des personnages. On commence par suivre un très jeune couple, lancé dans un nomadisme temporaire, premier déracinement, le temps d’amasser l’argent, le temps de trouver ses marques. Puis c’est leur fils qu’on suit, avec sa furieuse envie de faire partie de l’histoire, de vivre la politique.

Une fin, un dernier chapitre constitué d’un unique paragraphe simplement percutant. L’art de la simplicité cultivé jusque dans l’écriture pour être d’autant plus bouleversant. Pour être encore plus emporté dedans grâce à ce non filtre entre les mots, les émotions et la situations des personnages.

Pas d’états d’âmes de trop dans ce beau roman, seulement le romantisme de quelques adolescents, mais toujours abordés avec une justesse incroyable. Des pleurs iraniens qui n’ont rien à voir avec ceux d’Occident, toujours tragiques, ici on s’épanche mais ce n’est pas dans les drames : les pleurs font partis de la vie. En leur culture c’est le ressentiment qui est pire des sentiments, car, normalement « tout passe » et lui ne passe pas.

Livre d’une beauté humaine forte, aucune surprise à ce qu’il ait été récompensé. On survole les classes, les scissions nettes entre les ruraux et les citadins, entre les lettrés et ceux qui ne le sont pas. Ces fractures alimentent les différences et les diverses poétiques et passions qui allument les personnages. Des fresques de vies boulversées par un monde qui ne cesse de changer.

15 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Ouaou quel article, quel enthousiasme…

    1. C’est à celui-ci que je pensais quand je parlais de très belles lectures

      1. Goran dit :

        Je pensais que c’était celi d’il y a quinze jours…

      2. Pour ta défense, il est vrai que je n’ai pas été déçue par beaucoup de lectures récemment !

      3. Goran dit :

        Je notes ce titre

      4. Mais oui note le, il m’a particulièrement embarqué, j’ai aimé. Tu le liras rapidement en plus.

      5. Goran dit :

        Ce sera pour plus tard, pour la première fois de ma vie j’ai une énorme pile à lire, prêt pour un deuxième confinement 🙂

  2. Madame lit dit :

    Ce défi nous permet de découvrir et de faire découvrir des pépites littéraires! Titre noté pour le bilan!

    1. Tout à fait ! Mes découvertes m’ont sincèrement régalées ! Merci !

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