Petit traité d’écologie sauvage

A l’approche de Noël, je vous présente pas mal de beaux Romans graphiques à offrir, sans modération, à votre entourage ! En voilà un !

A l’image du mouvement écoféministe qui œuvre à un changement de société, à une nouvelle relation avec la nature, et qui projette leur volonté sur l’avenir, au contraire des écologistes collapsiologues, via l’écriture de science-fiction, Alessandro Pignocchi nous offre trois tomes à la poétique d’aquarelle où il nous propose de renverser le monde. Nature/culture n’existe plus.

Alessandro Pignocchi, La cosmologie du futur, Steinkis, 2017 – 2020.

Ces romans graphiques prennent place dans un monde où les oiseaux ont autant de poids que les humains, où le concept même de nature n’existe pas. L’humain, la culture, et la nature ne sont pas indissociables. Avec beaucoup d’humour, les hommes politiques sont coincés dans un erzast de Capitalisme. Ils continuent à tenir des sommets, à parler de frontières, ils jouent « au président et au journaliste sur plateau tv » en se posant de douces question attendues.
Ils sont en réalité sous étroite surveillance dans une réserve. En effet, un des personnages principaux de ce livre, qui, lui aussi, est à mourir de rire, est un ethnologue Jivaro. Lui-même a toujours baigné dans la culture de ses ancêtres, il n’y a pas de mot pour désigner « la nature » dans sa langue puisque c’est un tout. Il mène des recherches acharnées pour comprendre l’ancien système capitaliste et fait tout pour préserver leur sanctuaire dont le sujet est sensible car désapprouvé par la société. Le reste d’habitants de cette civilisation continue à élever des animaux, par exemple.

Ainsi, ce n’est pas réellement un récit, mais plutôt des tas d’historiettes qui créaient un monde et qui s’enchaînent. On a, réellement mes passages préférés, adoré où l’ethnologue essaie de comprendre les vestiges de ce monde – le nôtre, hein, si vous avez suivi – en comprenant tout de travers. C’est à pleurer de rire et ça nous questionne : on doit en dire, nous aussi, un sacré nombre de conneries sur les peuples oubliés. On a les passages avec nos trading politiques du moment, et enfin, la voix de la nature : des mésanges punks qui veulent tout casser.
On ri, mais on réfléchit, et si, plus tard dans les cours d’histoire, les ZAD et Notre-Dame-des-Landes deviennent des tournants historiques aussi, sinon plus, importants que la Révolution Française ?

Un livre un peu clownesque mais très joli, avec de longs textes de narration qui closent chacun des tomes. « Maintenant qu’on a bien rigolé, voilà ce que j’ai à vous dire » semble annoncer l’auteur.

Je ne dirai pas que ces romans soient des romans graphiques amenant à une prise de conscience. Je dirai qu’il sont très forts pour la dénonciation, doux et drôlesques. Je pense également que cela fait du bien de voir qu’on peut faire un pas de côté, avoir un esprit en dehors des normes, je pense que ces livres sont une respiration.

C’est un cadeau qu’on m’a fait – et que j’avais, certes, commandé – mais je pense que ce sont vraiment de beaux objets à offrir (et à lire avant d’offrir !)

Pour vous donner une idée, voici comment l’auteur a annoncé la sortie du tome 3 sur son blog :