Je vais faire de mon mieux pour vous présenter cet essai féministe qui se concentre sur la littérature. Je marque bien que le roman date de 1996 mais je possède la version rééditée, si bien que c’est en préparant l’article que je me raconte que cet ouvrage n’est pas récent du tout.
Nathalie Heinich, Etats de femme, l’identité féminine dans la fiction occidentale, Gallimard, 1996, 400 pages.

Le fait que cet ouvrage soit déjà « vieux » explique le manque de pertinence que je lui ai trouvé. Il est bien, il est poussé, mais on l’a déjà vu, revu, réentendu… Aujourd’hui, mais certes pas en 1996.
Je pense que c’est un ouvrage tout à fait intéressant et accessible pour qui voudrait découvrir le féminisme vu par le prisme de la littérature occidentale. En effet, l’écriture n’est pas compliquée pour rien, au contraire, l’essai se lit plutôt bien, agréablement. Elle donne de nombreuses pistes de réflexions qui ne demandent qu’à être continuées. Cela peut être donc une porte d’entrée pour s’intéresser au féminisme par le biais de l’art littéraire ou une manière de se lancer dans le féminisme littéraire.
Après avoir lu ce livre, on traque plus facilement les situations « attendues » des personnages féminins. Et croyez moi, ce n’est pas facile de s’en dépêtre !
Heinich explique les carcans qui poursuivent littéralement et littérairement les femmes. En effet, la fiction, comme elle le montre, permet une forme d’étude anthropologique de la société dans laquelle elle puise ses racines. Elle dénoncent les attentes, les statuts entre lesquels les femmes ont le choix : épouse, mère, vierge… Ils ne sont pas foulent et démontrent tous le mépris de la société envers les femmes, et les personnages dans lesquels elles pourraient oser se projeter.
Si beaucoup de choses nous paraissent alors désuètes à la lecture, on se rend compte que la pression qui est aujourd’hui exercée sur les femmes est la même. Le média n’est peut-être plus le roman (qui est tristement déserté snif snif) mais les réseaux sociaux : où les femmes s’exhibent en mère parfaite, en cuisinière talentueuses ou en décoratrice d’intérieur.
Dans la littérature, dont Heinich se sert en tant que fenêtre donnant sur notre société, on remarque bien que l’homme ne craint rien à prendre une maîtresse, la seule chose qu’il pourrait craindre serait de déshonorer… sa femme. Lui ne risque rien, lui qui possède le statut et le nom, et elle, jamais rien.
Cette question de femme trompée, d’être la maîtresse ou d’être la seconde hante la littérature occidentale et c’est une grosse partie de l’étude que renferme ce livre.
Enfin, je conseillerais ce livre à un autre type de personne : celui du public qui a la flemme de lire ses classiques. En effet, l’autrice, pour étayer son propos, nous livre l’étude qu’elle fait d’un livre. Ses chapitres sont hantés d’autant de références littéraires qu’elle exploite à la lumière de sa thèse. Ainsi, j’ai sauté plusieurs pages pour ne pas me divulgacher Anna Karénine qu’elle s’employait à décortiquer.
Le roman s’ouvre et se conclue d’une bien belle manière, la plus intéressante selon moi. Ça y est, au XXème siècle les femmes sont libres, elles ne dépendent plus du mari ou du père ! Mais qu’elle est donc cette nouvelle espèce ? Enfin, plus que de décortiquer des livres et de dénoncer la misogynie littéraire, la chercheuse applique réellement son concept : « la place des femmes en littérature relève des symptômes de la société. » Et là, plus qu’une étude littéraire, plutôt attendue aujourd’hui, on comprend mieux l’intérêt tout particulier de la réédition de cette étude grâce à cette brillante conclusion bien plus poussée que le reste. Ce qui me manquait un peu, comme un plat sans sel.
Ainsi, on peut apprendre bien des choses, aussi bien sur le féminisme que sur la littérature en se plongeant dans la lecture de cet ouvrage pour les curieux !
1996 ce n’est pas si vieux… Peut-Être par rapport au sujet ? En tout cas ça me semble très intéressant, bien plus que « Moi les hommes, je les déteste »…
La pensée à quand même beaucoup évolué depuis, même si les réflexions menées sont juste, on les connaît. C’est un bon livre d’introduction.
Un titre en pied de nez, ce n’est pas un drame ! Le monstrograph est une de mes maisons d’édition favorite ! (feminisme et art Ahah)