C’est un livre que j’ai eu le plaisir de découvrir un peu avant sa sortie qui été prévue pour novembre dernier. Une quatrième de couverture digne d’American Horror Story m’a tout de suite séduite, mais ce que j’y ai réellement découvert c’est un message profond, une réelle sensibilité derrière l’humour noir, voire carrément morbide, et j’ai aussi découvert une écriture très particulière, je suis tombée sous le charme de ce roman singulier.
Gabrielle Wittkop, Les héritages, Christian Bourgeois éditeur, 2020, 176 pages.

Ce livre a été publié pour la première fois en 2020 alors que l’autrice est décédée en 2002. C’est un de ces textes publiés et presque inachevé que les ayant droits trouvent dans les tiroirs.
Je sentais d’ailleurs ce côté inachevé dans certaines tournures de phrases un peu brouillonnes, dans certains flous qui dénotait avec la justesse, la pertinence des mots. On remarque tout le soin qu’elle a mis dans son écriture et dans l’ambiance. Tout est tellement précieux qu’on est triste qu’elle n’ait pu achever son œuvre. On sent qu’elle a le don de manier les mots, c’est beau et percutant et pourtant elle n’a pas pu aller jusqu’au bout de ce soin.
Mais quel soin ! Ses tournures de phrases sont franchement particulières mais pas déplaisante. De plus, elle sait jouer et créer des ambiances, dans les détails d’une lumière filtrante, dans une soupe, dans l’ombre d’un corbeau, elle réussi à imprégner son récit d’une douce étrangeté mais à la fois d’une réalité triviale. Sans pour autant nous noyer de description, au contraire, grâce au mot juste et pourtant inattendu.
Il y a du non dit, des mots qui ne tombent pas d’eux-mêmes mais des images dont on comprend tout le sens, toute la portée, instantanément.
C’est un peu morbide, mais qu’est ce que c’est beau !
Nous parlons bien d’une maison hantée, mais nous sommes loin de la série de meurtres terribles dû à ce fait qu’on peut retrouver dans les films d’horreur. Au contraire, c’est la vie, aussi morne soit elle, qui est célébrée ici. La demeure passe de main en main, d’un propriétaire à l’autre. En effet, c’est le destin de la Villa Séléné qui est retracé ici, autant que celui de ses habitants. Il y a un côté très proche des Vivants et des Ombres par l’importance centrale qu’occupe la maison dans le récit. Mais ici, bien mieux maîtrisé avec une douce poétique : tout passe, tout meurt… Et pas toujours sans souffrance.
Les guerres passent, mais la bâtisse reste, les propriétaires se succèdent, y vivent, y meurent ou tout simplement louent ou transforment le lieu.
Poétique, morbide mais doux, les personnages atypiques et pourtant typiquement humains se succèdent. Un récit aigre doux, qui se dévore tant la plume est belle, tant on est plongé dans ces myriades de vies. Vraiment, un beau roman, rapide mais franc, qui amène à se questionner sur la vie et la mort, l’existence en toute chose.
Excellent ton article… Vraiment. Gabrielle Wittkop est surtout connu pour son roman » Le Nécrophile ». Je pense que tu devrais aussi le lire.
Je vais m’intéresser à cette autrice j’ai vraiment tout adoré, l’univers comme l’écriture ! Merci !
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.