Odore, l’art, l’odeur et le sacré – Barré

Je bouscule actuellement toute mon organisation d’articles pour ajouter celui-ci au dernier moment. Entre deux billets qui n’ont rien à voir, je publie même le même jour qu’un autre poste ! Je viens vous parler d’une exposition et de son catalogue, parce qu’il faut que vous alliez la voir tout de suite – elle est gratuite ! – ou au pire que vous commandiez immédiatement le livre. Elle termine le 20 février 2021 à la Galerie Pauline Pavec (oui, la Revue de l’Hiver qui sera publiée le premier avril parlera galeries d’art !)

Sandra Barré, Odore, l’art, l’odeur et le sacré, Galerie Pauline Pavec, 2021.

Sandra barré est spécialiste de l’art olfactif. Pour cette édition et cette exposition, elle ouvre sa réflexion autour du sacré. Du lien entre l’odeur et l’aura.
En effet, tous deux sont invisibles, n’ont pas de corps, mais se ressentent. Dès la Grèce antique, les divinités était représentées grâce à des senteurs soufflées dans des voiles. Ce fait amène à s’interroger sur l’aura, le sacré… Le sacré de l’œuvre d’art. L’aura des œuvre qui amène le spectateur à ressentir quelque chose qui le dépasse, une réflexion entre le visible et l’invisible entre ce que l’on croit, ce que l’on sent, mais qui n’est pas palpable.
Pourquoi parler de sacré pour parler d’art olfactif ? Parce que tous les arts ont été validées par le sacré, dès leur genèse. Les arts visuels, la musique, peinture comme sculpture…
A l’image des les pharaons, qui s’enduisaient d’huile pour, eux, sentir bon et paraître plus proches des Dieux, à l’inverse de la plèbe – parce que ça a dû transpirer sévère pour assembler les pyramides !
L’odorat s’apparente pourtant à l’animal, au sale. Quand on pense que quelque chose sent, on pense au métro par exemple. Voilà pourquoi il est pourtant temps de montrer que l’art olfactif, bien qu’il ne se voit pas, ne s’entende pas et soit fugace, est bien sacré. Il n’y a qu’à songer à l’utilisation de l’encens dans les églises ou le chamanisme par exemple.

Si, ici, l’exposition et son catalogue, proposent d’ancrer l’art olfactif dans l’Histoire de l’art, elle montre bel et bien qu’il était déjà là. Il suffirait de citer notre cher Marcel qui ouvrit le vaste champ de l’art contemporain (vous l’avez ?) Il a tout requestionné, s’est moqué de tout, on l’aime ou on le déteste d’ailleurs pour cela, mais, bon, il a tout de même fonder ce qu’est l’art d’aujourd’hui et il n’est pas resté sans se soucier des odeurs dans l’art ! Ainsi, le catalogue étudie la pratique de trois grands noms : Marcel Duchamps, Joseph Beuys et Jana Sterbak, tout en montrant ce que leurs héritiers ont fait de l’art olfactif.



Et figurez-vous, c’est fascinant, et en plus c’est beau ! On regrette que, pour la petite édition, aussi jolie et de qualité qu’elle soit, les images restent petites. Le noir et blanc ne dérangent pas là où l’odeur, l’aura et l’imaginaire priment, mais de plus grands clichés font cruellement défaut. On se doute cependant, sans surprise, qu’il est question là d’économie.

Personnellement, quand on me dit odeurs, je ne pense pas à la bête ou au parfum, mais je pense surtout aux souvenirs. C’est, en effet, le sens des souvenirs. Certains artistes tentent alors de rendre perméable ce lien entre odeurs, souvenirs, images qui se raniment mentalement etc… Les odeurs, pourtant éphémères, permettent aussi à certains artistes de garder l’essence d’un instant, l’essence d’une rencontre, de quelqu’un.
Les artistes mènent tout autant de réflexions, sur le temps qui passent, les rencontres, les odeurs corporelles, les souvenirs, les rituels… Classiquement sous flacon, sous verre, en parfum, ou alors en crème, en méduse gélifiée, en petites installations, même en photographies, en sculptures… La pluralité de l’art olfactif nous étonne car on ne le connait pas tant que ça.

Bref, il faut que je conclue à un moment, hein ? Que dire, à part de vous répéter de lire ce livre et d’aller voir l’exposition ?
Ce qui est exceptionnel c’est de montrer ce qui est, depuis toujours, dans l’art, qui a bien été sacralisé comme les autres par certains moments mais qui a toujours semblé trop bestial par d’autres pendants. Quand on dit art, si nous ne sommes pas nezs, on pense plutôt aux tableaux, au cinéma, au théâtre. Mais là encore, le théâtre, aussi vivant qu’il soit, ne sent pas. La pièce, elle-même, ne sent pas. En tout cas, dans notre contemporanéité, car cela senti certainement fort la bougie et même la fange à ses débuts. Mais c’est un autre débat, un autre pan de l’Histoire de l’art.

Bref, une histoire de l’art de l’odeur, un lien entre Histoire et contemporain, tout ce qu’on aime !

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Une copinaute vient justement de m’en parler via Messenger, quelle drôle de coïncidence… 😉

    1. Incroyable ! 😯 Je suis ravie que l’exposition rencontre son public 😉

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