Le vol immobile – Kross

Un vibrant hommage à un ami. Un hommage aussi pour l’amour de la langue et de la littérature.
Lecture dans le cadre de mon voyage littéraire en Estonie pour le Le mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.

Jaan Kross, Le vol immobile, Noir sur Blanc, 2006, 464 pages.

Un livre classique, qui, si Jaan Kross n’a jamais eu le Nobel, le fleure bon pourtant, grâce à cette langue particulière du XXe siècle, ce goût de classique désabusé. Tout y est : la description de la camaraderie de collège, un peu de voyage dans les accalmies entre deux guerres, mais surtout, l’amour de l’étude, le besoin et la volonté d’apprendre. Des thématiques qui ressemblent à s’y méprendre à des auteurs dont le nom m’échappe depuis plusieurs jours, mais on pense à ces pontes : Gide ou Eco.
On visite un Talliin lettreux avec l’odeur âcre de l’ennui à chaque page. Les mots, le rythme, tout parfaitement orchestré et attendu berce. Loin de mettre en scène les histoires rocambolesques d’un pays à un moment décisif, cela nous propose plutôt le fugace instant de vie d’un homme. Pourquoi pas du moins ? On voit quelques mœurs, quelques constructions sociétales, leurs évolutions… Mais on reste en surface, bercé par la Baltique sans réellement se passionner par le destin du jeune homme, malgré la tendre fraternité qu’il partage avec l’auteur et qu’on ressent à chaque page.

Le récit prend une tournure historique intéressante, il parle de la Résistance estonienne, son organisation, son fonctionnement. Il montre une Estonie qui rêve d’indépendance mais tristement coincée entre l’Allemagne et la Russie.
C’est très intéressant de voir les bouleversements durant la guerre, la manière dont les personnages évoluent ou au contraire… De voir leurs engagements et la manière dont ils s’organisent. La résistance est toujours un thème que je trouve assez fascinant. On voit l’après également, la manière de se dissimuler, le tragique qui a pris une grande place dans la roman alors qu’il s’ouvrait avec l’insouciance de l’enfance malgré les péripéties pas vraiment amusantes.

Une jolie notice du traducteur conclut le roman, et avant cela, l’auteur laisser merveilleusement la parole au mort. Poétique et puissant.

16 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Pour notre lecture commune j’avais hésité à choisir ce texte… Et finalement j’ai pris Purge.

    1. Alors , pas trop de regrets ? 😂

      1. Goran dit :

        aïe aïe aïe, justement si 😉 je m’étais dit je vais essayer autre chose et bien voilà ça m’apprendra 🙂

      2. Reste dans les classiques rassurants !

      3. Goran dit :

        C’est vrai que je manque de courage snif snis 😀

  2. Marilyne dit :

    Je découvre le titre, l’auteur. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas exploré le catalogue des éditions Noir sur Blanc.

    1. C’est vrai que c’est une maison d’édition exigeante ! Je ne pense pas non plus assez souvent à aller voir ses nouveautés

  3. Ingannmic dit :

    J’ai beaucoup aimé Le fou du tzar de cet auteur, et ton billet me donne bien envie de continuer sa découverte avec celui-là !

    1. J’avais hésité à lire ce grand succès ! Mais si tu me dis que c’est une belle lecture..

  4. Comme Ingannmic, j’ai beaucoup aimé Le fou du Tzar, et depuis je lorgne vers les autres livres de Jaan Kross; je crois qu’il en a deux autres traduits en français.

    1. Oui il y a peu de livre édités en français il me semble, comparé à son oeuvre originale. Vous me convainquez pour Le fou du Tzar !

  5. Patrice dit :

    Même commentaire pour Le fou du tsar, une très belle découverte de mon côté. Et je note donc « Le vol immobile », non seulement pour le mois de mars, mais aussi pour une future lecture !

    1. Super ! J’ai bien noté le fou du tsar 😀

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