Lecture dans le cadre de mon voyage littéraire en Estonie pour le Le mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran. L’autrice est une des références de la littérature estonienne contemporaine, mais j’aurais peut-être dû commencer par un autre de ses ouvrages.
Katrina Kalda, Arithmétique des Dieux, Gallimard, 2013, 224 pages.

J’ai adoré les discrètes croyances estoniennes qui ressurgissent dans ce récit moderne, un folklore spirituel, respectueux, anachronique, qui donne beaucoup de charme et d’ancrage au roman :
« on lui ferma les yeux pour qu’il ne se désigne pas un successeur, et la bouche pour que le diable n’y entre pas. »
« la vie humaine vaut peu de choses, trois gouttes de sang sur un parchemin, ou un petit panier rempli d’œuf frais. »
Des vieilles légendes côtoient la dure réalité d’une guerre, échappatoire dans l’imaginaire mais aussi moyen de se racheter, d’arranger les choses dans ces moments.
Voilà pour l’ambiance, quant à l’écriture, elle est belle et efficace, plutôt classique. Elle semble dédiée aux amoureux des virgules en tous sens, comme moi.
L’écriture berce délicieusement.
L’histoire, elle, est à briser le cœur, des familles, des vies détruites, emplies de mensonges, les rafles faites en Estonie. Il est intéressant de voir, que, en effet, ce petit pays possède une histoire si riche, déchirante, bien que ce ne soit qu’un aperçu finalement.
On regrette un peu la manière dont est tournée l’œuvre : des points de suspensions, un point de vue de la narratrice qui raconte ses souvenirs d’enfance, des allés et retours incessants dans ses souvenirs. Un personnage un peu « hors d’elle » qui regarde sa vie tragique se dérouler, qui semble avoir peur d’y prendre part. Bref, des épisodes qui se chevauchent ou qui s’enchainent.
Pas qu’on s’y perde totalement, pas du tout même, mais je trouve que ça a enlevé du charme au roman. Ce n’est que mon avis, c’est mon goût pour les belles sagas familiales, denses et classiques, qui doit orienter mon idée. Mais voilà, je regrette ce faux suspens, car il n’a pas fonctionné pour moi. Et que j’aurais préféré, plutôt que de lire à travers le personnage de la narratrice, qu’on me raconte l’histoire des membres de cette famille, tous les secrets, à la manière d’un fil tendu à travers l’histoire de l’Estonie. Plutôt qu’un faux suspens autofictionnel ; mais tout de même jolie histoire, poignante surtout, sur une réalité meurtrière.
Dommage pour le faux suspense alors…
Oui c’est dommage il y a un quelque chose qui le rend pas impérissable
Le titre est accrocheur, ton premier paragraphe m’a emballé ! Mais ce que tu dis de la narration ensuite me calme…
Je pense que ce qui est de la narration et de l’histoire dépend réellement des gouts et des couleurs ! Sans doute cela vaut l’expérience si cela t’a d’baord interpelé !
Ton bémol me fait un peu hésiter, mais un roman estonien, cela reste tentant..
Oui, je pense qu’il peut plaire ! Personnellement, il m’a manqué quelque chose, mais pas dit que cela fasse la même sensation à tout le monde !
En tout cas, cela mérite de continuer la découverte de la littérature estonienne, ce dont je te remercie vivement !
Oui ! J’ai repéré plein d’autres livres que je n’ai pas encore lu en plus de ceux que je présente ce mois ci !