L’eau que nous sommes – Rabhi & Duquesne

Un livre qui donne une furieuse envie de dévorer tous les « Carnets d’alerte » qui constituent la collection.

Pierre Rabhi, Juliette Duquesne, L’eau que nous sommes, J’ai lu, 2020, 224 pages.


Cet essai est extrêmement bien écrit et se lit rapidement comme un roman. Il donne des frissons tant il est profondément inquiétant sur l’état de notre triste monde aujourd’hui. Au début de cet ouvrage, est présenté l’ambitieuse collection a laquelle appartient ce beau livre. Les carnets d’alerte cherchent à faire un état des lieux de la situation écologique, en interrogeant les experts. Un état des lieux réel qui dépasse : le survolement rapide du temps d’antenne, les opinions publiques qui s’assourdissent et les gens perdus dans les informations tractées par les lobbies. Certes, la lecture est triste et alarmiste mais c’est seulement l’état des lieux grandement argumenté par de nombreux scientifiques. Le lexique et les entretiens qui terminent l’ouvrage sont très précieux et intéressants.
Vraiment, c’est un livre que je conseille vivement tant il est extrêmement agréable à lire et très riche grâce à une multitude d’enquêtes et d’intervenants.

Il aborde le sujet complexe de l’eau et de ce qu’elle est devenu. Ce livre nous montre la folie des hommes qui entrainent à une mauvaise gestion. On pense à l’Occident avec son hygiène irréprochable, mais dont les traitements chimiques ont empoissonné l’eau, on pense aussi aux pays en développement qui eux aussi aimeraient piocher allègrement dans les nappes phréatiques pour ne pas mourir de soif.

Les mots de la fin, sont si justes que je ne peux que les partager avec vous :
« En nous engageant dans cette enquête, nous savions que l’agriculture intensive avait un impact néfaste sur l’eau. Mais nous n’avions pas soupçonné un rôle si prépondérant, notamment en comparaison des autres sources de pollution. Il sera difficile d’échapper à un changement radical des modes de production, si l’on décide enfin de préserver cet élément vital.
Lors des entretiens réalisés avec les spécialistes, un autre point nous a marqué : certaines informations sont particulièrement complexes à trouver et à vérifier, la société civile n’ayant pas réalisé de travail de concertation sur cette thématique pourtant capitale. […]
Au sein des ministères comme dans la société civile, l’eau est rarement considéré dans sa globalité. […] De nombreuses personnes interrogées regrette d’ailleurs qui n’existe pas en France de grande association indépendante qui traiterait des différents aspects de l’eau : pollution, gestion privée ou publique, difficulté d’accès…
L’eau est inégalement répartie sur la planète et reste avant tout, une ressource à gérer localement. Or, nous essayons trop souvent d’imposer une solution unique, tel que le dessalement de l’eau de mer ou le goutte-à-goutte.
 »

Ce livre ce ne sont pas des leçons bien-pensantes, pas de moralisation là-dessous, pas de récits catastrophes, rien qu’un état des lieux juste. Des chiffres et des témoignages qui amènent le lecteur à réfléchir, à faire son propre cheminement un livre précieux. Puis c’est vraiment bien de lire un essai qui ne prend pas son lecteur de haut ou pour un idiot, il explique, explicite, ne fait pas de pub inutile ou de langue de bois. Vraiment, très bien.

10 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Et le pire c’est que tout est fait pour développer encore plus cette agriculture intensive…

    1. Exactement c’est désespérant 😥 espérons que le monde change…

      1. Goran dit :

        Le monde va changer, mais dans le pire, on vient de finaciariser l’eau à la bourse de Chicago, c’est une première en la matière qui s’annonce catastrophique…

      2. Je ne savais pas, c’est désespérant. Oui, j’imaginais changer… En mieux !

      3. Goran dit :

        Ça, il ne faut pas rêver 😉

      4. snif snif qu’est ce que l’humanité peut être bête !

      5. Goran dit :

        Par contre fait gaffe à Rabhi, c’est pas un scientifique, c’est même parfois très limite…

      6. Oui j’ai vu en écrivant l’article il est pas tout blanc. Après ils disent bien que leur approche est journalistique; Juliette Duquesne me paraissait pas trop mal !

  2. Bibliofeel dit :

    Intéressant sur un sujet qui me passionne et que j’ai bien connu à travers mon activité professionnelle. Je suis surpris de lire cette citation affirmant qu’il n’existe pas d’association indépendante qui traiterait des différents aspects de l’eau : pollution, gestion privée ou publique, difficulté d’accès… Pour avoir participé à ce type d’associations, j’affirme qu’elles existent mais se développent peu par manque de soutien et de visibilité. Les grands groupes les combattent efficacement, aidés qu’ils sont par les classes dirigeantes et par le désarroi ambiant. Je crains que ce livre ne dresse un constat exact mais désespérant, sans donner assez d’espoir et l’envie de s’inscrire dans l’action concrète. J’espère me tromper… Je lirai ce livre pour confirmer ou pas cette approche 🙂

    1. Il me tarde d’avoir ton avis ! D’autant plus si tu y as travaillé ! Oui, le constat est désespérant, c’est très vrai, mais j’ai appris beaucoup de choses. Les choses qui arrivent sont désespérantes.

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