Après un abandon de plus d’un an (j’avais tenu 118 pages) et une lecture pénible, j’ai terminé ce livre ! Pas parce qu’il n’est pas intéressant mais parce qu’on peut écrire sans être suffisant et être à la limite de l’insulte. Ce texte assez imbuvable a été écrit à quatre mains.
Je suis enfin arrivée au bout de cet essai mais non sans mal, il est, certes, intéressant mais très acerbe. Les arguments sont pertinents mais le ton caustique abime la lecture, c’est d’ailleurs ce qui m’avait fatigué lors de ma première tentative de lecture.
Alain Troyas & Valérie Arrault, Du narcissime de l’art contemporain, éditions l’Echappée, 2017, 368 pages.

Le postulat du livre part du fait que l’art contemporain se complet dans sa subversion, c’est a dire dans son âge d’or, car un jour Duchamp a fait joujou avec un bidet et que, depuis, c’est du réchauffé. Pour preuve de l’entre soi de l’art contemporain : le public n’aime pas.
Alors certes, on entend souvent cette phrase « j’aime pas l’art contemporain« , mais personne ne serait foutu d’expliquer ce que c’est. Alors quand on demande « pourquoi ? » ou « quoi par exemple ? » c’est cette phrase qui est entendue : « Bah j’ai jamais aimé Picasso, j’ai jamais compris même si je me doute qu’il doit y avoir un intérêt pour l’histoire de l’art, sauf la période bleue. » Je vous jure j’ai fait le test, quand j’ai fini la phrase de la personne en disant « sauf la période bleue », elle m’a regardé avec dans grand yeux l’air de se demander si je lisais dans son esprit. Alors, premièrement, malheureusement Picasso est déjà, en effet, un mastodonte de l’histoire de l’art, ce n’est pas un artiste contemporain. Deuxièmement, vous ne savez pas ce que vous n’aimez pas.
Alors, oui et non, parce que, comme toujours, on entend parler uniquement des blockbusters, ces événements et expositions qui sont une catastrophe écologique à eux tous seuls et qui coutent plus de 20€ l’entrée et qui ne cherchent qu’à faire de la « com » (on pense aux exposition du Grand Palais ou à une sombre histoire de banane dévorée à la FIAC par exemple)
Mais honnêtement, c’est comme si je disais « je n’aime pas le cinéma contemporain rien ne vaut les frères Lumières et un bon Chaplin » parce que je n’aime pas les blockbusters (Marvel, James Bond et cie) . Mais plein d’autres choses se font : il y a plein de films indépendants qui sont de réelles pépites.
Voilà pour mon avis, en général, sur le postulat du livre et les à priori au sujet de l’art contemporain sur lequel il se fonde.
Le livre possède un autre problème, au-delà du fait qu’on ne soit pas du même avis, c’est son langage verbeux. Non, mais, ça dépasse l’entendement ! Le livre est écrit dans le but de critiquer l’élitisme et l’inaccessibilité du monde de l’art mais le fait avec un vocabulaire lunaire et on a besoin d’un dictionnaire pour décrypter (OK, j’exagère un peu, mais quand même !) C’est l’histoire de la poutre dans l’œil tout de même !
Ainsi, pour vous faire une idée, je vous conseille cette – sincèrement et sans ironie aucune –excellente interview qui explique très bien les enjeux et la thèse de l’ouvrage, presque mieux que l’ouvrage lui-même car bien plus simple et clair.
Enfin, pour continuer à se fâcher, on va aborder le sujet de la psychanalyse. Car les auteurs, peu contents de la dimension artistique de l’œuvre, sont du genre à soupirer « ah qu’en dirait ce bon Freud ?«
J’ai beaucoup de respect pour les psychanalystes mais pas pour Freud, dont les héritiers, justement, ont beaucoup de travail et de mal a rétablir une pensée qui ne soit pas empreinte de ses obsessions à lui.
Les auteurs critiquent dans une partie du livre des œuvres sociales, chiffrées, ritualisées, se construisant au fil des jours, un travail toujours in progress et hyper maniaque, rigide, répétitif, en effet obsessionnel on peut le dire, qui est pourtant invisible a l’œil nu. Et je n’ai pas compris ce qui ne leur plaisait pas là dedans.
En plus, ils trouvent le moyen d’être conspirationniste en expliquant que si l’art contemporain n’a pas peur de présenter des choses tirées par les cheveux comme des excréments, ou des œuvres conçues à partir de déchets ou objets usagés, c’est pour habituer le public à voir « de la merde. » Et ainsi, à l’habituer à voir, et à le faire accepter, la pollution, le désastre écologique, etc. Non ! Vraiment, j’en suis tombée de mon canapé. Le recyclage en art est peut-être l’avenir de l’art, et qui, justement tuerai dans l’œuf les blockbusters.
On s’inquièterait presque qu’ils s’intéressent réellement à l’art, à force. Mais non, contrairement aux malheurs de notre monde et à la manière dont leur répulsion est formulée par les artistes contemporain, n’ont grâce aux yeux des auteurs que les écorchures et tortures Moyenâgeuses, pas les nôtres… Pourtant, nous sommes de la même espèce… Mais passons… on pourrait résumer ce livre par « l’artiste est un pervers narcissique« , il y a bien des pages d’argumentations délirantes, mais je vous le déconseille, c’est barbant !
Pourtant, si je ne suis pas toujours d’accord avec les conclusions tirées il y a de vraies problématiques fascinantes et très bien démontrées : l’influence de l’Histoire contemporaine au sujet de l’art. Ce que les traumatismes de « la puissance destructrice de la technoscience militaire » ont donné à l’esthétique, de même, que disent les corps que représentent les artistes contemporains, que veut dire la manière dont ils sont représentés ? Tant de thématiques fascinantes mais dont les conclusions, sont pour moi…. heu… erronées, aveuglées par les bruits de la masse.
Conclusion : c’est bcp de recherches pour dire ce que les gens veulent entendre.
Du Narcissime de l’art contemporain ou de la haine envers lui on dirait qu’il n’y a qu’un pas. Tout ça pour finir sur une citation de Freud !
On finit sur une note positive : la couverture du livre qui est avec un effet miroir ! Une vraie vanité !