La couleur pourpre – Walker

La couleur pourpre ça fait partie de mes premiers émois cinématographiques, de ceux qui vous remue a jamais, a chaque fois que vous y pensez.
Quelques années plus tard, j’ai découvert qu’il était tiré d’un livre.
Je me suis laissée le temps de l’oubli, des années, de la vie, des lectures… Et j’ai bien fait : quelle expérience ! J’en suis toute chamboulée !

Alice Walker, La couleur pourpre, édition 84, 251 pages.

Je n’imaginais pas cette forme épistolaire ou journal intime. Autant de petites nouvelles dont la chute est un incisif couperet. Bien écrites dans le sens où chaque faute de langage est étudiée pour sembler parfaitement réelle. J’ai commencé à lire l’ouvrage à haute voix, je ne l’avais pas fait depuis que j’avais lu Chéri de Colette, il y a pas loin de dix ans. Ca a été une lecture incroyable, un délice ! Un délice… Non, chacune de ces lettres de quelques pages sont horribles, mais si bien mal écrites, une mise en scène parfaite, des situations a vous faire pleurer l’âme. C’est grand. Beaucoup trop grand pour une seule personne, en seule lectrice dans son canapé. C’est génialement universel, ça donne envie de s’agenouiller.

Vers la fin du bouquin, il y a un dialogue. Oh, un petit comme ça, en passant. Pas plus long ou quoi qu’un autre. Noyé dans la masse. Mais il a attiré mon attention. Quand on parle « des féministes » ce sont ces espèces de folles misandres, alors qu’en définition le féminisme c’est l’égalité entre les genres. Les gens sont frileux, alors ils préfèrent « humanistes », mais ceux qui ont épuisés ce terme il y a quelques siècles, n’étaient pourtant pas féministes ! On parle aussi « des femmes » ou « des hommes », ils sont comme-ci, comme ça. Les hommes sont forts, les femmes sont sensibles. Bon. Et ce dialogue l’air de rien, entre deux personnage, l’une tente bien d’expliquer « mais allons, c’est les femmes qui sont fortes, regarde Shug et Sophia. » « Shug et Sophia, c’est pas vraiment des femmes. » ça, je l’ai entendu souvent, on me l’a dit plusieurs fois « toi, c’est pas pareil t’es pas une vraie fille » de la part d’hommes qui ne voulaient pas savoir que les femmes étaient fortes et libres. Et après, c’est comme ça qu’on devient féministe !

Ainsi, c’est même un travail d’écriture remarquable qu’à mener Alice Walker. Au début de son roman, sa narratrice, celle qui rédige les lettres, sait à peine bien écrire, et, au fil du temps, des expériences, et de son entourage qui l’éduque, elle gagne en compétences rédactionnelles. L’apprentissage est doux et bien dosé, si bien qu’on ne réalise qu’à la fin du livre les progrès qu’elle a fait en tenant son journal.

Je ne sais pas par où commencer pour vous parler de ce livre tant il aborde de choses. Un livre féministe, anticolonialiste, lesbien… Qui pose un regard implacable sur le monde, avec une critique vive et réaliste de nos sociétés. De cette époque génocidaire. Ce livre porte de l’espoir cependant, car la littérature féministe et antiraciste n’est pas là uniquement pour faire un constat de ce qui ne va pas : on le voit, on le sait, l’Histoire nous l’apprend par cœur. Mais aussi pour montrer qu’aussi triste et blessant que le monde puisse être, il y a espoir qu’il change.

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