Une aristocrate en Asie – Sackville-West

Interpelée par une quatrième de couverture qui présentait Vita Sackville-West, comme une femme indépendante, une baroudeuse fantasque, une amante de Virginia Woolf.

Vita Sackville-West, Une aristocrate en Asie, Payot et Rivages, 2006, 171 pages.


Publié au début de la décennie 1920, ce n’est peut-être pas la meilleure période pour découvrir cette autrice. En effet, la vie qui a fait tant jaser, la vie dite « sulfureuse » pour l’époque, faite de lesbianisme et d’amours pluriels n’est arrivée qu’après ce premier mariage ave un jeune fonctionnaire. Jeune fonctionnaire, peut-être, mais qui, par son travail, voyageait beaucoup et permis à la jeune Vita Sackville-West d’entreprendre d’excellents voyages.
Voyages excellents, qu’elle tente de retranscrire au mieux et de manière intéressante (on le verra plus bas) mais encore loin d’être déconstruits.

Ainsi ce récit de voyage, dont la langue est jolie, ne fascine pas. Les descriptions sont présentes, belles, mais on regrette un peu qu’elles soient autant succincte.
L’autrice – sans doute parce qu’à l’époque elle n’avait pas d’autre choix pour que son récit soit pris au sérieux – a pris un ton docte et lointain, qui brouille la beauté du paysage, le dépaysement, la fatigue, la soif, la faim… Ainsi, tout ce qui aurait permis au lecteur de faire l’expérience du voyage par l’art de la littérature est trop mentalisé, et, pire qu’un compte rendu journalistique, on reste de marbre. D’ailleurs, elle revendique ce choix de narration en disant qu’elle expérimente – comme une étude scientifique – ce qu’elle a déjà lu. Elle tente de dépasser la fiction par le récit de voyage.
Mais sa classe sociale la rattrape : très vite on a un discours sur l’exotisme, l’insalubrité… Mais étrangement le récit s’achève sur la critique du monde moderne. Elle ne parle pas de l’exploitation des Perses – et c’est regrettable – mais elle critique le bafouement du patrimoine, la culture déitique envers le pétrole etc… Comme quoi, elle était vraiment avant-gardiste : elle avait vu juste.

Un « roman » en demi teinte qu’elle a souhaité scientifique, mais qui aurait pourtant gagné beaucoup de sel à plus jouer sur les sentiments.
Je retenterai avec plaisir l’expérience de lecture de Vita Sackville-West, mais dans un de ses livres plus tardif, plus mature, plus indépendant.

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Je compte découvrir cette autrice d’abord par le biais de sa correspondance avec Woolf, j’espère que l’écriture sera plus plaisante qu’elle ne semble être dans ce livre, comme il s’agira là d’échanges intimes.

    1. Oh oui ! Ça pourrait être un bon moyen pour moi de renouer avec cette autrice ! Très bonne idée ! Il me tarde de lire ton article à ce sujet.

  2. Madame lit dit :

    Jamais rien lu d’elle mais je serais comme Ma Lecturothèque plus tentée par sa correspondance avec Virginia Woolf dont j’adore la plume. Bonne lecture!

    1. Ahah je pense que cette correspondance est sur nos 3 wish-list désormais !

  3. De Vita Sackville-West, je connaissais seulement son adorable demeure et jardin à Sissinghurst, et de son mari qu’il était diplomate – mais qu’elle était voyageuse, je ne le savais pas. Par « Asie », le titre veut dire « Istanbul et Perse »? Dommage que le livre n’ait pas été à la hauteur de tes espérances.

    1. Oui étrangement. Je suis contente d’avoir quand même découvert cette autrice j’y reviendrai. Par un autre biais 😉

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