Terre des oublis – Thu Huong

Je garde un excellent souvenir de ce long roman bien écrit, qui utilise une romance en filigrane pour parler des horreurs des guerres au Vietnam.

Duong Thu Huong, Terre des oublis, Poche, 2007, 704 pages.

Bon (c’est son nom), après avoir servi quatorze ans à la guerre, vient s’établir avec sa femme sur les terres promises par l’état. Mais tout le monde le croyait mort depuis longtemps : il ne restait que des terres arides, pourries à lui offrir. La sœur de Bon dont il devait s’occuper à, entre temps, jeté l’opprobre sur son nom. Et, pire que tout, sa femme s’est remariée, désormais maman et comblée par un homme riche et profondément gentil.

Tour à tour, les points de vues des personnages sont détaillés dans un style un peu longuet et répétitif mais réellement à couper le souffle. Des images incroyables, personnalisation des sentiments, qui rendent palpable la moindre émotions. Et c’est ce qui fait tout le charme, la chaleur, le sentimentalisme du roman. On suit le bouleversement de ces trois vies qui retracent l’histoire du Vietnam. On est profondément touché, personne n’étant mauvais mais se faisant chacun du mal. Dans leurs désespoirs, du vétéran dépossédé de sa vie, de la mère heureuse dépossédée de son logis de son enfant, de l’homme qui a travaillé durement dépossédé de son foyer… Une histoire au sujet de ceux qui perdent tout du jour au lendemain, profondément poignante. Une traduction que je pense incroyable tant ce style imagé, particulier, qui aide à tout ressentir dans les moindre détails, est réussi.

Sans s’en rendre compte on apprend beaucoup sur les coutumes et l’Histoire moderne du Vietnam tant les pages se tournent vite pour découvrir ce triangle amoureux proprement tragique.

La fin est un peu deceptive, où la poésie prend le pas sur l’histoire, l’humanité et les émotions. je parles d’une déception de 4 pages aussi vite lues qu’oubliées par rapport à ce grand volume.