Planètes – Yukimura

Je vais commencer par ce qui ne va pas, car après tant d’admiration pendant plus de mille pages, finir sur une mauvaise impression, comme ça, ça gâche tout ; voilà le problème : la fin regorge à peu près autant de surprises, d’imagination, de fantaisie que le titre.

Makoto Yukimura, Planètes, l’intégrale, Panini, 2015, 1040 pages.

J’ai plongé à corps perdu dans ce manga, j’y ai plongé comme au fond de l’Océan, comme dans l’immensité de la nuit, comme dans une mer d’étoiles.
Je ne suis pas très histoires de l’espace, à la Star Wars, je ne suis pas passionnée d’astronomie, pas même d’ingénierie de carcasses volantes, et pourtant, ce manga a fait mouche, violemment mouche.

Car, au delà de discours attendus sur l’amour et l’amitié, qu’on peut facilement trouver n’importe où, l’intégrale de Planètes – lu (ou plutôt avalé, dévoré) d’une traite – parle surtout de la place de l’humain dans le monde, dans l’univers ; il questionne même ce qu’est l’univers, qu’elle est la place du monde dans cet univers ? Finalement, et c’est une philosophie que j’ai trouvé magnifique, la Terre n’est pas à côté de l’univers, elle n’est pas un point d’observation comme nous en avons l’impression : la Terre est l’univers, fait partie intégrante de ce dernier. On échange tout l’air, les atomes, les molécules, nous – tout – est un, il n’y a pas de frontière, ou alors elle est absolument poreuse.
Bien sûr, le manga laisse plein de questions en suspens, il y a des choses plus parlantes, plus vivantes, plus intéressantes que d’autre. Il y a de beaux tiraillements, des personnages qu’on prend du plaisir à voir creuser. Il y a cette opposition entre les astronautes, leur besoin de tout découvrir, d’aller toujours plus loin que l’horizon, et leurs proches restés sur terre. Il y a aussi un sujet beaucoup évoqué ces derniers temps : l’enfermement. Ici, en rapport au fait d’être confinés des mois, des années, dans des boites en métal en suspens, de vivre avec des inconnus, d’avoir le sentiment d’être investi d’une mission pour l’humanité… Beaucoup, vraiment beaucoup de sujets sont évoqués dans ces plus de mille pages, et ils sont super bien mis en scène.

Encore une fois, gros big up, à cette notion que le monde, l’univers entier est un tout. Eau, faune, flore, planètes, étoiles, humanité, nous ne sommes qu’un et c’est fabuleux quelque part.

J’ai envie de vous parler de tous les concepts métaphysiques évoqués par le manga, de l’écologie, du rapport à la mort, à la vie, de l’utilité de la vie, de la question de vocation, de métier, d’utilité, mais ce serait paraphraser et c’est si bien montré dans un univers si bien rodé que ce serait dommage de tout vous dévoiler.

Ainsi, pour faire passer tout ça, l’auteur nous propose de suivre l’histoire d’un jeune astronaute plein d’ambition, mais dont la première mission est le nettoyage des déchets dans l’espace. Des thèmes qui nous parlent comme l’écologie, la guerre, les ressources énergétiques ou les attentats sont évoqués. Le manga est trilingue (japonais, anglais et russe) ce qui rend les choses encore plus intéressantes, car palpables, car multiculturel, et finalement, aboli encore mieux nos frontières.

Enfin bon, un excellent moment, une fabuleuse découverte.