Pour ce deuxième article de 2022 visant à célébrer le Mois de l’Europe de l’Est, voici un livre des éditions Interférences. Editions dédiées à la littérature russe, qui regorge de pépites. Des livres de format léger aux belles et sobres couvertures noires et blanches, qui font découvrir des textes oubliés, plongés dans l’ombre. J’en parlais déjà ici, ma maison d’édition est tenue par la talentueuse traductrice Sophie Benech.
Lydia Tchoukovskaïa, Sophia Pétrovna, éditions Interférences, 2007, 133 pages.
C’est vraiment un très beau livre, une pépite aussi dense et courte que percutante. Ce livre est un fil tendu par la poétique de l’espoir, du désespoir, de la détresse…
Le personnage principal et éponyme de ce livre est une veuve qui élève seule son fils, elle souhaite le meilleur pour lui et lui dédit sa vie. Elle a réussi à avoir une chambre pour eux deux dans un appartement, décrocher un travail, son fils est brillant… Bref, Sophia est heureuse, c’est une fervente communiste, tout comme son fils dont elle est extrêmement fière.
Elle a créé sa bulle qui ressemble à celle de tant d’autres : fière de son travail appliqué, fondant des amitiés solides, rêvant à la belle situation de son fils. Mais, la bulle de bonheur s’évapore, ou plutôt, s’effondre. C’est un lent effondrement, loin de l’explosion, où le lecteur comprends avant Sophia ce qui arrive. C’est un roman qui brosse la descente aux Enfers, c’est un roman qui tend les bras ouverts de la dépression, de l’oppression. Cette mère va sombrer peu a peu dans l’angoisse, et à juste titre. Au fur et à mesure que le roman progresse, qu’elle comprend ce qui lui arrive, elle s’enfonce dans l’horreur. Nous, on l’a déjà compris car on a lu des livres d’histoire, on sait, dans les grandes lignes, ce qu’il est arrivé au monde à cette époque là, dans cette région là.
Un récit bouleversant, extrêmement bien écrit, prenant, rapide et facile à lire. Un récit poignant qui vous emporte dans un monde où l’innocence n’est plus reconnue. C’est le bouleversement d’une vie qui se joue, face à l’incompréhension et aux mensonges.
barauxlettres.wordpress.com 
Ah, j’aime aussi beaucoup les éditions Interférences. De l’autrice, j’ai lu La plongée aux éditions Le bruit du temps, un grand coup de coeur. Il faut vraiment que je me procure celui-ci. ( terrible ce mois de l’Europe de l’Est pour ma Pal… )
Ah le mois de l’Europe de l’Est c’est vraiment terrible en effet hihi ! Eh bien grâce (à cause ?) De toi je me dois d’acquérir la plongée au plus vite tant j’ai aimé ce livre !
Très bonne maison d’édition, j’avais lu un livre d’Akhmatova dans cette collection et c’était formidable. C’est vrai que le mois de L’Europe de l’Est est redoutable pour la Pile à lire 🙂
Quelle belle trouvaille ! Formidable, c’est un livre que j’aimerais vraiment lire. J’avais lu « La plongée » de Lydia Tchoukovskaïa, qui m’avait également beaucoup plu !
Il faut vraiment que je découvre d’autres livres de cette autrice, celui-ci m’a tant plu ! J’espère que tu pourras le lire bientôt il vaut vraiment le détour !
En tout cas, il est bien noté !
Ca ne m’étonne pas 🙂
Un livre ou plutôt une autrice notée depuis longtemps et toujours pas lue… Mais je ne perds pas espoir. Savais-tu que Sophie Benech a reçu fin 2021 le Grand Prix de la traduction, et qu’à la suite de ce prix il y a eu un entretien très intéressant (publié trois jours avant le 24 février) autour de son parcours et des traductions? https://www.culture.gouv.fr/Actualites/La-traduction-est-un-processus-qui-se-deroule-au-dela-des-mots
Ah ! Je ne savais pas ! Merci pour cette info et le lien ! Mais elle le mérite absolument !!! Je l’ai découverte en 2018 et vraiment depuis je suis toujours admirative de son travail !