« Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme – sans moyens techniques – on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction. »
Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, Gallimard, 1996, 40 pages.
C’est un livre qui a le mérite d’être aussi court que saisissant, et c’est pourquoi il mérite un article à lui seul malgré ses quarante pages.
La phrase qui ouvre cet article a plus de cent ans et elle est pourtant d’une actualité folle. Jean Giono, par ce très court livre, nous rappelle que nous ne sommes pas obligés de détruire le monde. Il rend un hommage vibrant à la nature que nous pouvons faire revivre, au pouvoir des arbres.
Il met en scène un vieil homme qui reboise une zone entre les Alpes et la Provence : il livre d’ailleurs du lieu une description saisissante qui range tout de suite ce livre dans la catégorie « terroir » ; si bien, qu’à la lecture, fermant un instant les yeux, je me figurais dans les forêts de mon enfance. Ainsi, cet hommage aux idéaliste n’est pas sans rappeler notre actualité à travers le monde.
L’actualité triste, certes, mais aussi celle poétique. Vous avez sans doute entendu parler de Sebastião Salgado et Lélia Wanick Salgado, ou encore de Yacouba Sawadogo, mais il y en a bien d’autres qui œuvrent au reboisement du monde.
Le monde, ainsi, n’est pas seulement plus vert : les arbres refont jaillir des sources, resoufflent vie à des villages, tout comme dans le roman de Jean Giono.
Ces quelques pages sont sublimes et intenses, pas si utopiques que ça car l’auteur parle des guerres mondiales qui se succèdent mais ne touchent pas à ce coin de paradis, il parle également de l’administration et de comment ils ont réussi à cacher une forêt sortie de terre. Comme dit Giono « C’est pourquoi personne ne touchait à l’œuvre de cet homme. Si on l’avait soupçonnait, on l’aurait contrarié. » Les agents des forêts vinrent demander à l’homme qui plantait des arbres de ne pas faire de feu : pour ne pas mettre en danger cette forêt naturelle ! Quel comble !
Bref, c’est un roman si court et si essentiel que vous n’avez aucune raison pour ne pas vous jeter dessus !
C’est super comme correspondance ! Je viens de poster une chronique sur L’homme qui lisait des romans d’amour de Sepulveda. Je trouve que c’est tout à fait complémentaire à L’homme qui plantait des arbres de Giono. Cela me plaît de rapprocher ces deux conteurs ! Les arbres, les livres n’ont pas de frontières. Ils sont aussi, et de plus en plus mondialisés ou devraient l’être. Ces deux auteurs ont écrit dans les années 90 et sont tout à fait d’actualité.
Merci pour ta belle chronique me rappelant que je n’ai pas lu ce petit livre, visiblement précieux.
Ah je te le conseille ! Surtout quand on aime la poésie, la beauté et vraiment, il fait du bien… J’ai déjà envie de le relire pour une bouffée d’air !
Un livre essentiel! Je vis sur un terrain peuplé d’arbres en hommage à ce livre et au petit film qui l’a suivi et qui m’a tant marquée…
C’est un très bel hommage ! J’espère que tu y trouves le bien être quotidien 🙂 que j’ai entraperçu dans ce livre !
Oui… Et plus, on respire mieux! 🙂
A lire et à relire. J’ai craqué pour cette réédition en collection Blanche de Gallimard, pour le plaisir :). Et j’ai plongé dans l’oeuvre de Giono à la suite.
Je comprends tout à fait ! Il ne me reste qu’à découvrir… Tout le reste !!!
Etant jeune, j’avais lu deux romans de Giono et beaucoup aimé son style. Ca me plairait de replonger dans son oeuvre avec un livre court comme celui-ci. Merci de cette chronique !
Et moi il faudrait que j’en découvre plus ! En tout cas pour se replonger c’est idéal !
C’est une suggestion de lecture que j’ai depuis plusieurs années dans ma liste ! Comment ne pas céder (de surcroit pour un si petit format) ? :-). Merci pour cette chronique enthousiaste !
Avec grand plaisir ! Oui, en une heure, tu l’auras lu !