Cérémonie secrète – Denevi

Pour ma toute première participation au rendez-vous Les classiques c’est fantastique de Moka, qui en est déjà à sa troisième saison, en ce mois d’août, je les accompagne en Amérique du Sud !
Marco Denevi est un auteur classique de la littérature argentine, ancien membre de l’Académie des lettre. Ses livres ont tous remportés des prix et ont même été adaptés au cinéma, c’est le cas de Cérémonie secrète paru en 1960 qui a remporté le prix du Magazine Life et a été adapté par Hollywood en 1968 avec Elizabeth Taylor en tête d’affiche.

Dieter Braun

J’avais déjà lu ce livre, et il m’en restait un souvenir quasi nul, nébuleux, et pourtant, qui me rappelait quelque chose de très positif (dans mes émotions ressenties à la lecture, pas dans le contenu du livre.)

Marco Denevi, Cérémonie secrète, JOËLLE LOSFELD, 1999, 140 pages.

Mes souvenirs n’étaient pas si mauvais : j’ai adoré cette lecture ! Je ne l’ai pas lâché tant que je ne l’avais pas terminé !

C’est un livre bien étrange, écrit d’une manière qui se délecte à la lecture. C’est une récit de femmes, pas un homme n’existe réellement, ils sont des avatars qui servent aux détriments et calculs des femmes.

Dans ce récit de femmes, il y a deux personnages principales. Elles sont folles, présentées comme telles, perdues dans leurs pensées, déracinées du monde, inadaptées, presque sans paroles, elles errent, et ont des ères de fantôme. Leur rencontre improbable à quelque chose de poétique, elle finissent par exister l’une par l’autre, aucune n’étant pourtant réellement elle-même.

C’est un récit donc j’aurais du mal à vous donner la trame, tant elle est embrouillée par du fantastique, du drame, de la critique de la société. Et c’est justement tout cela, toute la portée de l’œuvre qui se cristallise dans les détails, ils font tout le sens de ce livre car de l’action il y en a peu et que tout réside dans ces choses qui paraissent insignifiantes et qui veulent pourtant tout dire.

Je peux tout de même présenter le roman en vous disant que que la très jeune Cécilia rencontre par hasard Léonides, la fière vieille-fille, et une étrange amitié se lie entre elles. Tellement étrange qu’on ne saurait définir leur relation autour de laquelle tourne tout le roman. Amies ? Ennemies ? Mère/fille ? On ne sait pas trop quelle relation elle construisent, elles-mêmes ne semblent pas en être conscientes, elles semblent traquées, emprisonnées comme des bêtes sauvages dans un zoo.

Finalement, on se rend compte qu’elles n’ont peut-être pas tort. Bien que dès les toutes premières pages, l’adversité que le monde entier représente est bien illustrée. Elles, qui vivent enfermées, protégées, qui se coupent du monde, auraient bien fait de s’en couper plus encore. Ce récit tient du conte – c’est d’ailleurs ce que nous explique la très belle postface – que ce conte n’est ni réellement fantastique, ni réellement humoristique, mais certainement un drame. Nous découvrons un Buenos Aires pittoresque, plein de surprises et de dangers.

C’est une lecture intéressante, très étrange, mais qui vous embarque. À lire, pour sombrer dans un faux fantastique où les questions se font nombreuses, mais dont les réponses arrivent immédiatement, pour qui sait lire les signes, qui sait lire les regards et les sourires.

Publicité