Livre précieux contenant vingt entretiens avec des écologistes savamment choisis. C’est un exercice de funambule que de réussir à croiser ces voix en ouvrant le large sujet de l’écologie et pour autant sans faire de redite. Ce livre veut s’adresser aux curieux comme au public confirmé de la pensée écologique et je pense qu’il y arrive.
Marin Schnaffer, Un sol commun : Lutter, habiter, penser, Worldproject Editions, 2019, 200 pages.

D’une part, car chaque intervenant présente ses projets, ses recherches, ses champs d’action, permettant ainsi de rencontrer des concepts, des noms et des initiatives. J’ai découvert plus en profondeur la ligne éditoriale de Worldproject que je connaissais, j’ai également adoré lire Isabelle Cambourakis qui mène la Collection Sorcières aux éditions du même nom, j’ai également aimé recroisé Gilles Clément bien que cela fasse un peu redire avec sa biographie que j’avais déjà découverte, ais aussi Emilie Hache et Isabelle Stengers dont la lecture ne me lasse jamais.
Chaque intervenant creuse son sujet : expliquant aboutissements et enjeux, moyens, mises en place, de manière exhaustive, nette et surtout poussée. Le panel d’invités est également intéressant, chacun avec sa spécialité : écologie et féminisme, écologie et politique, océans, agroécologie, monde du livre, décolonisation… Les voix sont diverses et pourtant essentielles dans le changement du monde qui se fait – et qui doit d’ailleurs urgemment se faire comme ce livre le montre si bien – et couvrent de larges champs de la pensée écologique. Ainsi on retrouve des philosophes, des historiens, des biologistes, des éditeurs, des journalistes… Le livre montre comment l’environnement est invisibilisé tout en étant ravagé, affligé comme l’ont été les femmes et les personnes racisée à travers l’histoire. Il y a une forme de convergence des luttes et une urgence à reconnaître que nous répétons dangereusement l’Histoire, que nous nous sabottons. Nous, ou plutôt les puissances qui régissent.