Maisons closes – L’histoire, l’art, la littérature, les mœurs – ROMI

Qu’il est doux, que chanceuse je suis, d’avoir accès à des catalogues de vieux livres et de livres rares par mon travail ! C’est une bonne chose, parce que je vois passer des choses fascinantes, mais c’est une mauvaise chose parce qu’il m’arrive de craquer ! C’est ainsi qu’auprès de la librairie Rossignol j’ai pu acquérir :

ROMY (Robert Miquel), Maisons closes – L’histoire, l’art, la littérature, les mœurs, XXe.

On revient sur ce sujet qui fascine comme le souligne bien le préfacier, le docteur Jean Lacassagne ancien médecin chef des services des mœurs de la ville de Lyon. La préface a été écrite en 1959 ; cependant ROMI aurait terminé son manuscrit en 1952. Pour rappel, les maisons closes était déjà interdites depuis 1949.
C’est un très bel ouvrage à la couverture de cuir, assez imposant. L’iconographie et tout à fait incroyable, chaque chapitre s’ouvrant avec un frontispice, tous les textes étant agrémentés de très belles illustrations. Ces illustrations traversent les temps et les frontières, l’ouvrage débutant dès la nuit des temps, avec une historiographie de la prostitution.
Cette merveilleuse iconographie, très riche, n’est cependant pas vulgaire, décrivant la vie dans les bordels, illustrant la complexe histoire des mœurs et de la légalité – ou non légalité – de la prostitution.

Certains documents sont tout à fait étonnants comme des photographies de filles accompagnées de soldats, dignes d’une photo de classe. En regard de cette archive, une circulaire émise par les Autorités allemandes durant l’occupation : une mise en garde contre le sexe et l’alcool, couplée d’un inventaire des « maisons » aux bonnes conditions sanitaires. Tout cela, donne à l’historique quelque chose de tragiquement drôle.
Les chapitres concernant les arts succèdent à l’histoire, d’artistes en artistes inspirés de leur passe-temps favori, dans un soucis de réalisme. Sujet qui fascine, et donc largement représenté, le livre s’attarde, bien évidemment, sur le maître en la matière : Toulouse Lautrec.

Ensuite, et plus étonnant pour l’époque à laquelle a été publiée ce livre, les arts dits populaires prennent place dans ces pages. Dont, d’entrée de jeu, le très intéressant sujet du tatouage. S’ensuit la part belle faite à la chanson, avec les histoires derrière ces chansons là – m’a grandement manqué la Fréhel et la Piaf dans ces pages trop courtes -, puis s’en viennent pêlemêles, cartes postales de bordels, cinéma, prospectus, extraits de correspondances et des lieux qui inspirèrent Maupassant ou Huysmans. Caricatures et humour succèdent à leur tour à de très intéressants chapitres à la croisée avec l’histoire, ayant un côté « derrière les coulisses ». Ce n’est plus de l’art ou du roman mais des sortes de comptes-rendus et faits divers ; coup d’œil discret dans ce milieu mystérieux. Documentaires et archives ne prêtent plus à rire ou à l’agrément du regard mais à réfléchir au sujet du fonctionnement de ces lieux, de la condition de ces femmes, des typologies de clients, et à la manière dont été gérées et agrémentées ces maisons en France, jusqu’à leurs fermetures.

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