MPD Psycho – Tajima & Otsuka

Ce manga, c’est toute une histoire pour moi. J’ai commencé sa lecture quand j’étais seulement au collège. Depuis, je lis beaucoup moins de mangas et j’ai laissé tomber celui-ci ; mais j’aimais me rappeler à son bon souvenir en achetant les tomes manquants de temps en temps, en me les faisant offrir à un anniversaire, je regardais les nouvelles couvertures (toujours aussi ironiques et malsaines) quand un nouveau tome sortait. Mais le plus souvent, j’oubliais totalement ces tomes. Je n’étais pas plus assidue car l’histoire très complexe et alambiquée, la pléthore de personnages, faisait que si je ne lisais pas tout « d’un coup » je perdais totalement le fil. Me voilà donc, plus d’une quinzaine d’année plus tard, avec l’intégrale des tomes en main !

Eiji Otsuka, Shou Tajima, MPD Psycho, en 24 tomes sortis chez Pika édition de 2004 à 2018.

Les premiers tomes sont particulièrement sombres, pas seulement dans les images morbides et meurtres, mais dans le thème surtout. Sur fond de bouleversement mondial (les universités américaines sont bombardées) et de comparaisons culturelles (différences de traitement médiatique – entre autre – entre le Japon et les USA), nous suivons Kobayashi, jeune enquêteur récemment arrivé en tant que profileur et qui va devoir rechercher des tueurs en série. La police a en effet bien besoin de renforts car les tueurs en séries s’enchainent, les crimes sont plus affreux les uns que les autres. Les corps sont découpés, mis en scène, mutilés, dévorés ou servent de pot pour les plantes… C’est d’ailleurs ce que montrent les couvertures des tomes, des yeux dans des cerveaux, des corps éviscérés mêlés à des téléviseurs… Bref, vous l’aurez compris, ce manga est gore.

Digression : C’est d’ailleurs ce qui m’avait toit d’abord attiré, alors petite barmaid (qui n’avait encore jamais bu une goutte d’alcool) friande des films d’horreur et toutes sortes d’histoires de fantômes et de tueurs en séries, une préado en passe de découvrir le mouvement gothique ! Fin de la digression.

C’est pourquoi ces MPD Psycho m’avaient tant plus mais je pense que je ne devais pas y comprendre grand-chose tant il y a de subtilités derrière l’horreur. Subtilité envoyée valsée après les premiers tomes qui nous promettaient pourtant une société dépeinte et questionnée qui pourrait être tout à fait la nôtre avec des bouleversements, un système judiciaires, beaucoup de personnages du free-lance qui galère, à l’intelligentsia japonaise, en passant par un psychopathe mystérieux dont on ne voit pas le visage. Autant d’arcs narratifs qu’il faut parvenir à suivre et qui vont s’entremêler.

Mais très vite, on perd pied, les arcs… Se multiplient : secte planétaire, Big Brother, guerre froide entre le Japon et les Etats-Unis, groupuscule multimilliardaire, musicien torturé à la Charlie Manson, enfants sortis tout droit d’un film d’horreur, clones et schizophrénie, pureté du peuple, montée du fascisme, complot politique… Un cocktail explosif (au vrai sens du terme, on se croirait dans un film avec Tom Cruise) et très gore qui perd totalement le lecteur. Assez vite, je n’ai plus essayé de suivre (déjà toute ma concentration était dédiée à retenir et reconnaître les personnages), et je me suis laissée simplement portée. Hop, je saute de rebondissements en rebondissements, entrapercevant un lien, ne me perdant heureusement pas dans les incessants bons temporels plutôt bien indiqués.

Pour conclure je dirais que :
Tout d’abord, on nous promet un thriller sanglant et dérangeant, avec pour personnage principal un « détective schizophrène ». Mais assez rapidement on dérape dans de la science-fiction, une fiction politique, des réalités alternatives, des histoires de clonages et d’apocalypse. Bref, ça part vraiment dans tous les sens et l’art du profilage n’est plus. Le gore marquant qui rajoutait au sel de la torture psychologique est échangé par des explosions (pleiiiin d’explosions !), des règlements de comptes (dans tous les sens) et des courses poursuites… Donc finalement, les plats servis ne sont pas au menu et cela m’a bien déçue. Autre chose, les auteurs ont attendu le tome 20 – le tome 20 ! – pour faire une présentation des personnages en début de volume. Le 20e tome, quand 90% des personnages sont déjà morts ou disparus, et qu’on a bien en tête les personnages qui restent et qui nous accompagnent depuis des livres et des livres… Alors que vraiment, s’il y a quelque chose qui est incompréhensible quand on plonge dans cet univers c’est qui est qui ? Bref, la présentation des personnages arrivent bien trop tard, et s’il est vrai que les rebondissements sont nombreux et… Inattendus. Ils étaient plus décevants, car totalement tirés par les cheveux et dans l’abus, qu’intriguants.

Enfin, je pense que les auteurs ont en réalité opéré un virage en cours de route, car malgré la tentative de noyer et de perdre le lecteur avec des centaines d’intrigues et de surprises, j’ai bien vu que deux pistes des premiers tomes avaient été discrètement abandonnées au milieu du bordel ambiant. Décevant.

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