Le livre met en scène deux frères qui se haïssent et que tout oppose, l’un d’eux a pour grand projet de rétablir la peine de mort. J’étais assez réticente à la lecture d’un ouvrage politique, mais finalement, l’autrice réussit à donner beaucoup d’humanité à cette société qui semble en être dépourvue et pourtant en recherche de sentiment et d’émotion. L’autrice en profite pour en faire une très belle critique des médias et de l’instrumentalisation qu’il font de la moindre info, des faits divers, aussi glaçants qu’ils soient.
Céline Lapertot, Ce qu’il faut de remords et d’espérance, Editions Viviane Harmy, 2021, 224 pages.
Des egos mal placés et une haine installée par le climat familial drôlement bien mis en scène sont les fondement sur ce livre au sujet difficile.
Le phrasé est simple mais hyper rythmé, c’est une poétique des émotions. Par des ajouts et encore des ajouts d’adjectifs, par la recherche des mots justes, par le creusement, la recherche de l’expression exacte et des expressions qui s’enchainent, l’autrice est drôlement douée, pertinente. Dans l’horreur, dans la haine, dans ce manque de tendresse, dans la détermination, dans le rôle que les personnages ont envie de se donner, elle réussit avec brillo à pointer le mot juste, la manière de l’amener comme on entrouvre une porte avant de la défoncer.
Elle a un sacré bagage culturel qu’elle invoque et offre respectivement à ses personnages, une culture cinématographique certaine, elle parle politique (c’est un livre politique), de Tolstoï et de Voltaire. C’est toujours pertinent, bien amener, dans le cadre des références des personnages.
L’écriture permet de bien illustré la complexité des personnages, entre la raison et le tourbillon des sentiments humains. Accoucher d’une idée, accoucher d’une page d’écriture, se laisser submerger par les émotions, les questionner, les envisager, et se construire. A chaque page, en réalité, ce qu’on voit ce sont des personnages qui se construisent, qui construisent leurs idées, leurs défenses, leurs arguments ; et quand on parle de leurs jeunesse, qui construisent leur vie, leur personnalité avec les cartes (mauvaises cartes, que des deux et des trois leur semble-t-il) qu’on leur a donné.
Par le prisme de l’humanité, la France nous est dépeinte comme elle l’est réellement à chaque fois qu’un drame déboule. On laisse trainer l’oreille dans la rue, les trains, les cafés, les mots utilisés par les médias qui attisent l’angoisse. C’est une belle démonstration du média en France, de la manière dont il conduit les conversation, le peuple tout entier.
Merci pour cette suggestion. À la lecture de ton article, ça m’apparaît puissant et empreint de Vérité. Les étudiants en communication et en sciences politique devraient le lire!
Ah c’est vraiment pas bête ! Je n’y avais pas pensé de cette manière là mais c’est tout à fait vrai ! Cela serait très intéressant pour eux, oui ! Même dès la L1, cela reste un roman agréablement écrit, donc ça ne devrait pas les rebuter !
Je l’avais entendue je-ne-sais-plus-où, et je me souviens qu’elle s’exprimait très bien. Visiblement elle écrit aussi bien qu’elle parle. Par contre, on a toutes les deux du mal à se souvenir correctement du titre: je pensais me souvenir que c’était « ce qu’il y a », toi tu écris « ce qu’il faut », et en fait c’est « ce qu’il nous faut ». J’imagine que là aussi les mots sont pesés!
Ca par en effet d’une erreur de ma part ! Mais j’avoue que l’utilisation du « nous » assez intime finalement, ne me convient que modérément. C’est un absolu « qu’il faut »… Comme on dit, c’est un « lapsus révélateur » !
Je ne connaissais pas du tout cette autrice, j’avais reçu ce livre par erreur à l’issu d’une masse critique de Babelio ! Mais finalement ça a été une excellente surprise, aussi bonne que déroutante…
En effet, une heureuse erreur! J’espère que tu pourras quand même lire le livre qui t’intéressait.
Je crois qu’il ne m’ait finalement jamais parvenu : tant pis !