Le jardin du Luxembourg – Jardillier

Qu’il est agréable de faire la touriste ! Par un beau temps, se balader dans un jardin bien ensoleillé. Et surtout, savoir pourquoi et comment un si grand et si beau jardin a pu pérenniser tant et si bien au centre de Paris.

Dominique Jardillier, Le jardin du Luxembourg, Réunion des Musée Nationaux, 2018, 144 pages.

Comme son nom l’indique, l’ouvrage retrace l’Histoire du Jardin du Luxembourg, à l’origine hors de Paris, créé par Marie de Médicis. Il a connu bien des choses : révolutions, guerres, affrontements divers… Le Palais du Luxembourg fut aussi bien prison, qu’hôpital, que Palais et remise… Une histoire riche, forte en bouleversements, qui pourtant nous parait invisible car aujourd’hui le Jardin fait à peu près la même taille qu’à l’origine, il est au même endroit. Son origine ? Le XVIIe siècle. On ne se rend pas compte de tout ce qu’il s’est passé en si peu de temps ! Les rebondissements sont nombreux et seulement trois siècles nous séparent.

L’histoire de ce jardin est difficile à suivre, on a parfois du mal à se figurer, malgré les comparaisons qu’on peut faire entre la carte de l’actuel Jardin du Luxembourg – qui apparait lorsqu’on ouvre le rabat du livre – et entre les plans d’époques, les reproductions de gravures, tableaux et croquis.
Cela est plutôt bien pensé, mais on ne peut que regretter la piètre qualité des reproductions d’époques. Minuscules, les écritures sont illisibles, et pour bien se repérer ou simplement admirer les détails, les yeux plissés et le nez collé à même la page, ce n’est pas très confortable ! Là encore, on n’y voit pas grand chose. Quel dommage !

On apprécie beaucoup les anecdotes qui ponctuent le livre. Des « zooms » sur des événements comme par exemple l’incendie de la Montgolfière, une lettre d’adieu d’un prisonnier célèbre ou encore les divers changements et déplacements de la Fontaine de Médicis. Cependant, là encore il y a un mais : ces anecdotes ponctuent l’histoire très scolaire du Jardin de manière étrange. C’est à dire que l’anecdote est là, d’une jolie mise en page sur une double page, on la découvre à la surprise du récit historique. Peu importe que ce récit s’arrête en pleine phrase, la double page anecdotique le coupe ! Terminez au moins le paragraphe, la phrase, la chapitre avant l’anecdote ! Pas en pleine narration de la sorte… J’ai trouvé cela très maladroit alors même que les anecdotes sont une très bonne idée passionnante.

Enfin, j’ai adoré les poèmes et autres récits en proses, hommages littéraires au Jardin du Luxembourg, qui instaurent vraiment le jardin dans une réalité de la pensée. Les grands noms s’enchainent, Musset, Maupassant, Hugo… Même quelques auteurs vivants… Et là sont quelques uns de mes regrets… Si l’auteur s’est senti obligé de proposer à la lecture des textes de femmes, il n’y en a que deux, du XXeme siècle : Beauvoir et Sarraute. Alors même qu’on sait aujourd’hui que les femmes ont toujours eu une plume foisonnante qu’on a seulement oublié, qu’elles allaient d’ailleurs beaucoup (s’inspirer) aux jardins. Il est donc dommage de ne point les croiser, ainsi que d’autres auteurs contemporains qui ont eux aussi fait de très beaux hommages à Paris (et au Jardin du Luxembourg) mais qui n’ont peut-être pas la préférence de Dominique Jardillier.

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