Cette anthologie visait à parler des femmes, des poétesses du présent. De la poétesse – mais pas seulement elle – coincée entre les crises, celle des subprimes, celle du COVID. Une anthologie ambitieuse et parfois étrange mais très réussi, à mon sens : c’est un succès !
Marie de Quatrebarbes, Madame Tout le Monde, La Corridor bleu, 2021, 264 pages.

Comment montrer la beauté du monde ou son horreur, grâce à la finesse de la langue, à son infinité de possibilités, dans toute la pluralité de sa poésie, de ses possibles, de ses inventions, transgressions et réinventons ? Le tout ancré dans ce monde qui oubli d’être poète, où l’art de la poésie se fait discrètement oublié au détriment de la publicité.
Le projet était ambitieux et pourtant il est très réussi, il déborde. La pluralité, à n’en pas douter, elle est montrée. Proses comme vers, illustrés, jouant sur les typographies, les codes de la poésie et de l’écriture, ou inventant carrément les siens, des propositions de mises en page tout aussi diverses ponctuent l’ouvrage. Ce livre est un foisonnement.
Madame Tout le Monde c’est avoir l’impression de regarder à la loupe un petit carré d’herbe et de terre et de s’apercevoir de la vie bouillante des insectes qu’on ne soupçonnait même pas. Un monde bouillonnant, virevoltant, pluriel, divers, discret mais cacophonique pour qui décide de l’écouter. Bref je pense que l’objectif est atteint, le livre est très réussi, quoi que d’un format un peu encombrant car c’est peut-être un livre que j’aurais aimé trimballer plus aisément pour pouvoir méditer après la lecture de quelques pages sous un arbre, dans un café, dans l’attente, etc.
Mentions spéciales à la correspondance de Victoria Xardel et Jorn H. Svaeren : de la poésie sans faire exprès. Cet échange par e-mail montre en toute innocence et inconscience la beauté qu’est le fait de monter un projet artistique, un livre. La beauté qu’est le choix du papier, le choix de la traduction du mot au plus proche du souhait de l’auteur. C’est un échange hautement poétique et aux questions de symbolisme, et pourtant purement professionnel, un régal pour les yeux et l’esprit.
Aussi, mention à Farida Bellet-Belkacem et à sa poésie qui peint comme une toile à l’huile les banlieues qu’on trouve souvent si moches. Elles deviennent poétiques comme prises dans les couleurs, les camaïeux de gris, quelque chose qui décrit de belle manière une tristesse, une mélancolie, un appel à l’aide qui a tout de laid pourtant.
Penthésilée Ferreira, quant à elle, nous parle d’une nature qui s’en va ou qui n’est déjà plus là désertée et très réelle, une campagne oubliée, sous la pluie.
Un beau recueil, surprenant et agréable à lire.
Pourquoi pas, de la poésie de temps en temps, j’aime bien 😉
Ah mais en plus celles ci sont très diverses et changeante, on ne se lasse pas ! Souvent de la poésie de l’inattendu !