C’est un livre extrêmement dur, tant et si bien que je ne sais pas trop par quel bout l’attraper pour vous le présenter.
Romain Gary, Chien blanc, Gallimard, 1970, 264 pages.
D’abord, le concept, nous sommes aux Etats-Unis en 1968, et ce livre est une autofiction.
Romain Gary découvre un chien près de chez lui et choisi de le recueillir, c’est un bon chien, doux et affectueux, très bien dressé. Trop bien dressé ? En effet, Romain Gary apprendra à ses dépends que c’est « un chien blanc », un chien policier descendant des chiens de garde des plantations…
Ce chien n’est dressé que pour n’attaquer que les personnes noires. Tout ce livre cristallise la symbolique que portent ces pauvre chiens dressés à l’agressivité, à la haine, au racisme. Le livre tourne autour du racisme, du racisme américain, du racisme français, des tueries, des meurtres, des indignations qu’il provoque à travers le monde. Romain Gary s’y dépeint comme un indigné mais aussi un fuyard, pas près à affronter tant de peines et de violences… Auxquelles pourtant il se trouve confronté par la présence et l’adoption de ce pauvre chien.
De tout le livre, on se demande si c’est un roman, une fiction, une autobiographie, si c’est un essai historique, un billet d’humeur. Il retrace deux pays plongés dans les conflits de mai 68, les révolutions et les drames, il fuit et se confronte, malgré tout, à cause de ses amis… Du chien, de ce chien qui l’obsède, de sa femme, plus jeune que lui qui a encore la force, la fougue, l’éclat et les épaules pour porter le malheur du monde.
Dans ce roman il remet tout en question, il dénonce le racisme, bien évidemment, les violences qui en découlent, les haines qui se montent, les ressentiments et la vengeance, les opportunistes aux gueules d’ange… C’est un livre très dur, sur un sujet très complexe, mais qu’il faudrait peut-être remettre au goût du jour, car on a tendance à oublier nos histoires, nos guerres, nos révolutions, nos meurtres du XXe siècle, parfois pas si éloignées et toujours déclenchées par les mêmes causes.
Si vous déprimez et s’il fait gris, reposez immédiatement ce livre. Dès les premières pages, il flaire le drame, et dans le tourbillon de la haine, quand le racisme n’est que trop bien installé et ancré, même si on n’est pas obligé d’admirer ou d’être d’accord avec Romain Gary sur tout, il a raison sur ce point : il ne restera rien, plus de couleurs, que des cadavres.
C’est un de mes titres préférés de Gary. Oui, il est dur, mais aussi tellement lucide, et puis il y évoque finalement la nécessité de garder confiance en l’humanité.
Tout à fait !
Pas lu celui-ci de Gary mais je crois qu’il faut tout lire de lui. J’aime tellement sa plume… Je note que celui-ci semble plus difficiles que ces autres bouquins.
Après ce n’est pas un auteur gai.. Mais oui, je pense que je ne vais pas me lasser de (re)découvrir régulièrement Gary ! 😀
Comme moi! 🙂