La réparation du monde – Snajder

Voici une nouvelle lecture commune dans le cadre de la 6e édition du Mois d’Europe de l’Est mais qui, comme la précédente, ne m’a pas embarquée !

Slobodan Snajder, La réparation du monde, Editions Liana Levi, 2021, 624 pages.

Je l’ai traîné ce livre, alors que j’aurais aimé m’en débarrasser au plus vite. Je n’ai pas adhérer à l’écriture, à la manière de raconter… Et ça m’a beaucoup bloqué, il me tombait des mains. Pour exemple, page 30, l’auteur écrit une petite blague : « le radeau passa car s’il s’était brisé je ne serai pas né et ce livre n’aurait pas existé, ce qui ne serait sans doute pas une grosse perte. »
A ce moment-là de ma lecture, j’ai pensé que c’était bien vrai. Mais en m’apercevant que cette citation n’était qu’à la page 30 je me suis dit que les 600 pages suivantes allaient être très longues.

Ce récit qui prend place durant la seconde guerre mondiale me semble écrit comme un conte. C’est-à-dire que ce sont 650 pages d’une écriture plate, contemplative ; on s’ennuie. Pourtant l’histoire est très intéressante, on suit un officier SS à travers la seconde guerre mondiale, un pauvre type qui ne sait pas trop qu’est-ce qu’il fait dans cette armée, et bien que pacifique, il regarde et vit les horaires de la guerre. Tantôt il refuse de fusiller des victimes, tantôt il cherche l’amour malgré la situation, tantôt et il part sur le front russe… Mais finalement, cette écriture presque enfantine, très lointaine, très descriptive, et lui qui a l’air complètement à côté de la plaque m’ont rendu impossible le fait de m’y intéresser.
C’est dommage, c’était intéressant de voir une forme d’humanité de la guerre, même s’il n’est jamais plaisant de se dire que les nazis pouvaient également être des hommes naïfs. Le racisme cultivé au sein de l’armée et de la société est également très bien montré. Que sont les Polonais ? Que sont les juifs ? Que sont ces pays froids que le récit traverse ? Finalement, le narrateur et ses collègues de l’armée sont nourris de haine et manipuler. « Les bons petits soldats » comme on dit, qui appliquent les règles ineptes et déchargent leur violence sans questionnement… C’est tristement bien illustré dans ce récit.
Le récit est entrecoupé de lettres du narrateur et d’encarts dont la manière d’être rédigé change du reste du récit. C’est un peu mieux écrit, et sans doute cela aurait été plus agréable comme style à lire tout au long du livre, mais je ne comprends pas l’intérêt de ces encarts qui reformulent ce qui est écrit sur les pages adjacentes…
Malheureusement ces changements stylistiques n’ont pas réussi à maintenir mon attention. Ainsi, je me permets de publier cet avis dans le cadre de la lecture commune, mais j’ai terminé ma lecture en grande diagonale .

Finalement, et malgré la postface de l’auteur, La réparation du monde ne tient pas ses ambitions, à mon sens. Montrer les hommes, montrer les horreurs de la guerre, l’humanité dans la guerre, la reconstruction d’un humain, le déracinement, tout ce que l’on peut trouver dans une guerre… C’était un peu trop ambitieux pour un roman qui se donne des airs de contes (oui, ça m’a vraiment dérangé ahah !). Svetlana Alexievitch fait ça bien mieux et avec plus de portée et sans prétention philosophique, mais ça, on en reparlera le 31 mai grâce à la lecture commune organisée par Passage à l’Est !

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10 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Il y a des choses qui pourraient me plaire notamment cette question de traces d’humanité chez des monstres, mais j’ai peur de ne pas adhérer à l’écriture…

    1. Non, vraiment, je comprends bien son intérêt mais j’ai pas réussi à adhérer ! Même ceux qui ont aimé ont été frileux à cause de l’écriture j’ai l’impression !

  2. Ingannmic dit :

    Moi qui avais hésité à vous accompagner, tu effaces tous mes éventuels regrets… c’est terrible de s’aventurer dans un roman dont on sait qu’il ne va pas nous plaire quand en plus il est volumineux…je t’avoue qu’à ta place, j’aurais sans doute abandonné !

    1. Si cela n’avait pas été une lecture commune, j’aurais abandonné !
      Tout dépend après… Les thématiques sont intéressantes, les autres lecteurs ont aimé, mais oui le style est imbuvable !

  3. Doudou Matous dit :

    600 pages, ça peut être long quand on n’adhère pas ! Les avis sur cette lecture commune semblent très tranchés. Du coup, je suis un peu dubitative.

    1. Je vois que le style a été le principal frein de beaucoup, car les thématiques sont très profondes et vraiment pleines d’humanité et de sens. Mais le style m’a paru assez… lourdingue.

  4. Patrice dit :

    C’est vraiment sympa, ces lectures communes du mois de l’Europe de l’Est, tu ne trouves pas ? :-). Ce que j’aime dans tes critiques, c’est qu’elles sont toujours étayées. Je te rejoins sur certains points (les histoires des encarts), une certaine longueur (et c’est très vrai à la fin) ; par contre, j’ai trouvé qu’il y avait de vraies interrogations dans ce livre et un traitement de la guerre dans la 2nde partie qui est vraiment saisissant.

    1. La prochaine fois, c’est moi qui choisi les livres !!! (ahah !) Non, mais je garde bon espoir aux prochaines lectures communes (Alexievitch et Balzac qui ne m’ont jamais déçu !)

      Je pense qu’il y a un vrai traitement oui, c’est ce que je voulais dire en parlant des thèmes de l’humanité et de la manipulation. Malheureusement les longueurs et le style m’ont paru très pénible ahah

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