Huit monologues de femmes – Abdourazzoqov

Barzou Abdourazzoqov est auteur tadjik, ces monologues sont comme autant de vies, de cris, qui dépeignent en réalité un pays qui nous est bien inconnu.

Barzou Abdourazzoqov, Huit monologues de femmes, Zulma, Paris, 2018, 71 pages.

Réédités cette année ces monologues m’ont bouleversé. Ces femmes se trouvent contraintes à parler, mais où sont-elles ? Ça, nous ne le sauront jamais. Comme autant de témoignages, elles attendent peut-être dans un commissariat ? Les possibilités sont nombreuses : « Le pays est né du désossage de l’URSS, et ses frontières rasent la Chine et l’Afghanistan. Il a encaissé cinq années de guerre civile. De 2001 à 2007, avant de se déplacer dans la non moins riante Quandahar, les Français y faisaient décoller leurs Rafale et leurs drones pour surveiller le no man ’ s land des talibans. » (les influences)

Voilà où nous arrivons aussi perdu que toutes ces femmes qui nous arrachent le cœur par leurs mots et leurs sensibilités. On aura toujours son personnage préféré, qui, comme les autres, se débat dans notre contemporanéité, avec des problématiques qu’on connait : les jeunes sortent en boîtes, on trompe, on est trompé, on tombe amoureux… Et pourtant, par détails, nous ne sommes jamais loin, de la pauvreté de ce pays que nous ne connaissons pas, ou peu.

J’ai vraiment envie que vous le lisiez, comme pièce ou comme roman, car c’est exceptionnellement bien écrit, on se croirait en face d’elles ! Et cela nous renvoie à des problématiques profondément humaines, et qui, pourtant, nous dépassent bien au-delà, dans une société qui passe, qui fond, plus vite que nous.
C’est vraiment une œuvre incroyable, déroutante et sensible.