Full Stop

Alors, nous ne sommes  pas sur une lecture très gaie. En plus de ne pas être gaie, c’est une lecture polémique.

Frédéric Debomy, Emmanuel Prost, Full Stop – Le génocide des Tutsi au Rwanda, Cambourakis, mars 2019, 80 pages.

Ce livre est, bien évidemment, un reportage au sujet de ce génocide, mais c’est surtout une sonnette d’alarme face au révisionnisme.

Quand on voit toutes les horreurs qu’on entend et qui sont proférées par négationnistes et révisionnistes on ne peut que comprendre l’intérêt d’un tel livre, d’une telle mise en garde. Nous sommes à un niveau avancé de réécriture, de négation, de l’Histoire : c’est pourquoi ce livre est important, documenté par des coupures de presse et des témoignages. Il témoigne, justement de ce danger qui plane : un accusé –osera !!!– déclaré qu’il ne se doutait pas que l’Eglise brûlait « j’ai pensé qu’ils faisaient un barbecue.« 

OKLM.

D’autant plus qu’un autre article est à paraître bientôt au sujet du rôle de certaines parisiennes durant la Seconde Guerre Mondiale, après tout le déni qui est malheureusement de mise, il reste pourtant bien Auschwitz comme preuve réelle, comme « patrimoine« .
Au Rwanda, et c’est ce sur quoi insistent ces planches : il ne reste pas de trace, seulement un mémorial monté de toutes pièces. Les Eglises sont flambantes neuves, reconstruites absolument. Chaque mur qui présentait un impact de balle a été refait, chaque pavé aussi… Il ne reste rien de ce qui s’est passé.

Sauf la mémoire… Il ne reste que le déni de cette horreur, heureusement, des associations qui sont représentées dans ce roman graphique se battent pour que justice soit rendue – certains se cachent encore ou leur jugement traîne, où ça ? En France, notamment – et que la mémoire perdure.
Contrairement à certains autres récits sur des thèmes aussi rudes qui sont assez violents et donc difficiles à lire (je pense clairement aux Cahiers Russes) le dessin, en plus d’être beau n’est pas là pour être choc. Les idées passent sans violences inutiles, accentuant plutôt sur l’aspect paisible d’une ville qui a pourtant vu tant d’horreur. 

Je ne souhaite pas que ce blog soit politique, mais je vous invite chaudement à le lire. Pour comprendre, pour se rendre compte. Chez les toujours aussi exceptionnelles éditions Cambourakis.