How Europe Underdeveloped Africa – Rodney

Une fois n’est pas coutume, nous allons commencer par la biographie de l’auteur. Les circonstances tragiques de sa mort nous éclairant sur la dangerosité de tenir de tels propos lucides sur le monde. Un essai essentiel lu dans le cadre du Mois Africain de Jostein.

Walter Rodney, How Europe underdevelopped Africa, Verso, 2018 pour la présente édition, 432 pages.

Au cours de sa courte vie, l’intellectuel guyanais Walter Rodney s’est imposé comme l’un des principaux penseurs et militants de la révolution anticoloniale, dirigeant des mouvements en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, sur le continent africain et dans les Caraïbes. Son expulsion a catalysé la rébellion la plus importante du XXe siècle en Jamaïque, les émeutes de Rodney de 1968, et son érudition a formé une génération à penser la politique à l’échelle internationale.
En 1980, peu après avoir fondé la Working People’s Alliance en Guyane, Rodney a été tué à Georgetown, à l’âge de 38 ans, par l’explosion d’une bombe dans sa voiture, un mois après son retour des célébrations de l’indépendance du Zimbabwe, à une époque d’intense activisme politique. Son frère, Donald Rodney, qui a été blessé dans l’explosion, a déclaré qu’un sergent des forces de défense guyanaises et membre de la Chambre d’Israël, Gregory Smith, avait donné à Walter la bombe qui l’a tué. Après l’assassinat, Gregory Smith s’est enfui en Guyane française, où il est mort en 2002. Il est généralement admis, mais non prouvé, que l’assassinat a été organisé par le président de la Guyane, Linden Forbes Burnham. Rodney pensait que les différents groupes ethniques historiquement privés de leurs droits par la classe coloniale au pouvoir devaient travailler ensemble, une position qui remettait en cause la mainmise de Burnham sur le pouvoir.

Le livre est donc une analyse éclairée et très bien alimentée de ce qu’est le colonialisme et de ses mécanismes. Il complète très bien la lecture de Nos vies valent plus que vos crédits et 1% mais il n’est malheureusement disponible qu’en anglais.
La première moitié du livre est assez complexe à abordée mais aussi complètement dépassée (déjà, le sujet n’est pas évident mais en plus notre passé a prouvé les idées erronées de l’auteur au sujet des régimes russes et chinois.) Ainsi, une fois passée la première moitié du livre assez pénible, le reste de la lecture est fascinante, intelligente, profondément éclairante. En effet, la première partie n’est pas à jour (normal, me direz-vous), et une partie du livre est une démonstration de choses plus vulgarisées et communes aujourd’hui (beaucoup moins dans les années 70). Le passage sur le fascisme comme une dérive du capitalisme est très bon est très actuel.

D’abord, les architectures, artisanats, routes spécifiques et géographiques aux régions sont détaillés. Les tribus sont également présentées ainsi que leurs formes de cohabitation. J’avais d’ailleurs déjà une petite connaissance au sujet de plusieurs peuples régulièrement mis à l’honneur dans la littérature contemporaine ou dont la culture est réinterprétée par des artistes contemporains qui en sont originaires et y puisent dans leurs riches racines.

Mais le cœur du récit, c’est bien sûr l’histoire archi complète et très détaillée des peuples et paysages détruits par l’Europe pour de l’argent. Une histoire tristement réelle et pourtant vide de sens. Tout cela est complété par une étude approfondie des mécanismes financiers qui appauvrissent l’Afrique encore aujourd’hui. C’est très intéressant grâce à des analyses poussées, avec des exemples précis couvrant des décennies d’histoires internationales. On y voit tout le déni européen visant à se donner bonne conscience, à gerber.

Ce qui se déroule sous nos yeux de lecteurs, c’est l’histoire du plus grand pillage au monde, jamais égalés.

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. jostein59 dit :

    Peut-être un peu complexe mais utile pour comprendre les enjeux actuels. Je suis en train de lire une BD sur le destin de Thomas Sankara. Idéaliste, anti-corruption, celui qui fut président du Burkina Faso en 1983, fut la cible du gouvernement français et d’autres dirigeants africains. Là aussi c’est choquant et éclairant. Merci pour ce partage

    1. Oh ! Je ne connais même pas ce nom ! Mais une BD biographique de la sorte à toutes les chances de m’intéresser ! Merci à toi pour ce partage 🙂

      1. jostein59 dit :

        Elle est actuellement à gagner sur mon compte Instagram 😉

      2. ooooh faut que je retrouve mon mot de passe alors !!!

      3. jostein59 dit :

        Sinon, j’enregistre ici ta participation

      4. S’il est bien, je ferai des sous à l’auteur 🙂

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