La ville en fuite – Tekgyozyan

La couverture ressemble à un merveilleux album de Placebo. Une référence qui m’a tout de suite convaincue, et qui, finalement, évoque le rock, un aspect moteur de ce livre.

Jean-Chat Tekgyozyan, La ville en fuite, Roman d’une jeunesse effrénée à Erevan, Belleville éditions, 2018, 176 pages.

Au début de ma lecture, j’ai cru saisir le roman. Je comprenais ce qui se passait, j’avais placé les personnages dans mon espace mental… Mais le roman est en fuite lui aussi, tout fuit ! Les personnages : sont-ils vraiment réels ? Plongé de drogues en alcools, le lecteur ne sait plus qui est réel ou non. Les personnages sont chimériques, à moitié araignées, à moitié serpents, ou peut-être pas… On oscille entre eux sans vraiment bien savoir. Aucun d’eux n’a réellement s’âge… On se perd. Le temps est en fuite : n’ont-ils pas d’âge ou le roman parle de deux époques distinctes comme d’une seule ? Que fuient tous ces personnages ? Leurs morts, leur propre mort aussi… Leur Histoire, l’Histoire d’un pays aussi… Nous sommes en Arménie contemporaine, mais certaines cicatrises restent, comme une mémoire familiale, trop difficile à porter.

Les fêtes hallucinées se suivent, l’esprit est dilué dans une eau trouble. Comme une cassette rayée les moments passent et repassent, se mélangent et s’échappent. Souvenirs, morts et vivants fuient, la ville, comme le roman, insaisissables quels qu’ils soient. Rêves et réalité s’entremêlent, j’avoue, malgré le début prometteur je ne me suis que trop perdue dans cette lecture, qui m’a finie par être… Lancinante. Je languissais de ne rien comprendre.

Cependant ça reste un beau et intéressant premier roman, très réussi, fond et forme se mêlant. Les éditions Bellevilles, atypiques et esthétiques, sont à suivre de près. Fuite incontrôlée dans ces pages extrêmement bien écrites avec une puissance des images et des métaphores, aussi déroutante que le restent, mais extrêmement graphique et marquantes.