Yaka – Pepetela

Yaka propose une histoire très nette des crises qui ont traversé l’Angola. On y voit la dramatique exploitation des hommes par les hommes. La crise du caoutchouc appauvrissant tout le monde car tout le monde y avait vu le salut. Enfin, les lignes de train promises par les blancs mais qui jamais n’arrivent. C’est un livre dur qui montrent une réalité historique où les blancs se sont servis des noirs comme chaire de travail quitte à faire passer un train sur leur cadavre. Les thèmes principaux de ce livre sont les guerres de clan et les classes sociales inhérentes aux différences de peau.

Pepetela, Yaka, Aden Editions, 2010, 494 pages.

C’est dommage cette éditions aux cents coquilles, mais vu la taille du pavé ça passe… Ces coquilles consistent en quelques « et » à la place de « est », des retours à la ligne malheureux et des tirets manquants durant les dialogues.

Cependant, il y a un vrai travail stylistique très intéressant. La narration à la troisième personne succède à la narration à la première personne, régulièrement on passe de l’un à l’autre. Sans crier gare, mais on s’en sort, ça coule, c’est très bien fait. Ainsi, deux narrateurs s’enchainent sans prévenir, et on met parfois du temps à savoir qui prend la parole ; entre le personnage principal dont on suit l’évolution à travers ce livre, ou la statuette qui semble le surveiller, veiller sur lui sa vie durant. Une même voix, comme dépositaires d’une même âme, dans le jugement de l’un, de l’autre.

Ce livre renferme surtout l’histoire du racisme et des guerres en Angola. C’est un livre très fort, extrêmement humain dans sa laideur. On suit l’histoire de vie d’Alexandre Semedo, fils d’un exilé portugais. De son enfance à sa mort : son sérieux manque de sens des affaires, les crimes qu’il a commis, le racisme ambiant, la mort de ses amis, la vie de ses enfants, leurs mariages, son mariage à lui et ses tromperies…
C’est une histoire de vie qui passe, fascinante dans ce que tout bon roman a d’intéressant, profondément ancrée dans les problématiques de l’Angola de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. C’est poignant, fort, et dans l’horreur de ce que l’humain peut-être raciste sans s’en apercevoir dans une société raciste, sexiste dans une société misogyne… C’est intéressant et édifiant, dans un monde où personne n’est bon, pas même mauvais, seulement humain, subissant seulement sa société qui n’est bonne, finalement, que pour une poignée d’élite. Où c’est le règne animal, la loi du plus fort. Une force qui vient de l’argent, du politique.

5 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Quelle dommage ces coquilles ! Le sujet est très intéressant. Merci pour la découverte 🙂

    1. Dommage oui ! Mais en tout cas c’est, en effet, une très belle découverte, on apprend beaucoup avec cette lecture.

  2. Madame lit dit :

    Je ne crois pas que je sois le bon public pour ce livre en ce moment mais je suis heureuse de lire ta perception sur ce dernier. Le racisme… est au coeur de beaucoup de livres malheureusement et nous n’avons pas fini de découvrir des horreurs. Tout comme la misogynie…

    1. Oui je comprends ! Puis là, vraiment, au cœur de la colonisation, cela apprend beaucoup de choses sur l’histoire du pays et de l’humanité en général. Mais ce n’est certes pas gai.

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