L’étrange disparition d’Esme Lennox – Maggie O’Farrell

dispPar où commencer pour dire que j’ai dévoré ce superbe livre ?

Vraiment, l’écriture est fluide, j’ai beaucoup aimé, il me tarde de découvrir d’autres livres de cet auteur.

Ce livre est une histoire de famille, tous les secrets si bousculent à coup de massues, les révélations sont fluides mais pas forcément étonnante. Si vous avez aimez La maison aux esprit de Allende et La dernière valse de Mathilda, vous allez aimé ce petit livre qui se situe au Royaume-Uni.

On devine plutôt rapidement ce qui s’est passé dans cette famille, mais les morceaux s’imbriquent et les détails se dévoilent avec délectation. Bien que ça fait vongt pages que l’on s’en doute, il y a toujours un détail qui livre la clef qui nous explique. Il y a de nombreux rebondissements, de nombreuses histoires croisées.

C’est un récit à plusieurs voix, nous avons les visions des choses de plsueiurs personnes, on n’a pas toujours de l’empathie pour elle, mais nous comprenons leurs comportements et leurs choix, très humains et très étudiés. Il n’y a pas d’archétypes, seulement des personnages complexes qui nous paraissent très réels.

Il y a différents thèmes abordés, d’abord, celui de la femme soumise du début du siècle. La société machiste, tout ce qui renferme les comportements que doivent avoir les jeunes femmes et les jeunes hommes entre eux. La manipulation, l’aliénation de la société. L’interdiction d’être réellement soi, qu’on soit homme ou femme. Aux travers des différents personnages, nous avons toutes les facettes, ceux qui se rebellent, ceux qui rentrent dans le moule, ce qui le dirigent, ceux qui s’en enfuient, ceux qui s’en servent, ceux qui le subit… Si jamais vous voulez parler plus profondément de tous ces personnages, cernés par la décences et le patriarcat, je me ferai un plaisir de détailler tout celà plus profondément mais je me refuse au spoil.

Plus légèrement, mais toujours sociétal, on voit très clairement les colonies indiennes, la vie des colons « de retour » au pays. Le statut des Indiens, la vie différente d’un continent à l’autre… Enfin, c’est vraiment intéressant, la réception de ces personnes qui n’ont donc pas réellement de racine, ni Indiennes mais pas non plus Écossaises. Bref, c’est abordé sans avoir l’air d’y toucher, très réussi.

Il y a aussi des thèmes qui, pour moi, sont très graves, qui sont abordés justement sans avoir l’air d’y toucher, de façon tout aussi parfaite… Il s’agit des thèmes de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer. Personnellement, j’ai tendance, lorsque je vois qu’on va aborder ces thèmes dans une discussion, un film ou un bouquin, à partir en courant. Eh bien, je vais vous dire, Maggie O’Farrell a réussi à faire passer tout ça sans gravité, sans fausse légèreté, d’un ton juste, ça coule au fil des pages. Bien sûr, le roman s’accélère et mets mal à l’aise dans les 50 ou 30 dernières pages, on commence à réellement à affronter ces thèmes ainsi que celui de la folie, mais cela sert à l’histoire.

Traitement de la maladie d’Alzheimer : grand moment de littérature. Un personnage en est atteint et… Il est bien montré le malaise des autres personnages à son encontre. Le fait de ne plus savoir si elle est elle ou non, de savoir si on l’aime ou non, de ne plus faire la différence entre la pitié causée par la maladie et les ressentiments vis-à-vis de la personne. Cette malade, est une des narratrices chose qui m’aurait, généralement, énormément dérangé. Mais il n’y a ni conscience réelle, ni pathos, c’est assez simple, et l’auteur, sans le dire, nous montre juste une interprétation de la maladie utile à son œuvre. Rien n’est choquant, rien n’est pathos, c’est vraiment montré simplement, au service du roman. Vraiment sans dérangement.

Parlons enfin de tout ce qui se situe au cœur de l’œuvre : la vieillesse et la folie. L’œuvre repose sur ces limites. Un peu comme le Fantastique : on ne sait pas si le personnage est tout simplement fou ou s’il y a vraiment de la magie. Ici, c’est pareil. Esme, car c’est bien d’elle dont on parle, est-elle folle ? Ou une simple hystérique qu’on a condamné à l’époque pour rien ? Ou alors, la vieillesse et l’Écosse changée ont-elles eues raison de ses derniers souvenirs ? Tout cela est terriblement difficile à juger. C’est au fil de l’oeuvre, et dans la lecture des personnages qu’on trouve les réponses, tout cela coule délicieusement, justement. Atteignant un profond malaise vers la fin de l’oeuvre. Je me suis réellement délectée dans cette lecture. Tout est très justement abordé, une écriture fluide, des secrets à n’en plus finir, des révélations exactes et une fin, sans en dire trop ni pas assez, parfaite mais frustrante pour une lectrice comme moi.

Je le conseille mille fois !!! 

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