Amours solitaires – Ortin

Peut-être que les aficionados d’Instagram ont déjà compris de quoi j’allais parler. J’ai découvert ce livre par hasard, que j’ai pris pour des Liaisons Dangereuses réactualisées, ici, pas de lettres mais des textes. J’imaginais, en ouvrant le livre, trouver une réflexion sur notre nouveau rapport à l’immédiateté, à la place des échanges amoureux dans notre ère, à… Bah je me suis bien trompée !

Morgane Ortin, Amours solitaires, Albin Michel, Paris, 2018, 290 pages.

31dvd0fhpsl-_sx340_bo1204203200_Surtout ne l’achetez pas ! Je crois que si vous allez sur l’Instagram éponyme, vous retrouverez exactement les mêmes échanges, ça vous évitera de jeter de l’argent par les fenêtres. Pardon, hein, d’accord, j’étais pas renseignée sur ce que j’achetais (mais n’est-ce pas ça le bonheur des livres ?) et je me suis sentie flouée !
Donc voilà, Morgane Ortin a créé un Instagram pour publier les plus belles captures d’écran d’échanges amoureux.
J’ai un gros défaut : je déteste lire les préfaces car j’aime avoir la surprise de ce que je vais lire (je les lis en dernier généralement). Bah là j’y suis retournée regarder durant ma lecture pour savoir ce que j’avais dans les mains, j’ai pas été déçue, l’avant-propos n’a le mérite que d’expliquer sa démarche… Qui est bien loin des problématiques que je croyais trouver ! Mais bien plus proche du compte Instagram version livre, de plus cette préface est très niaise et ne donne pas envie de lire, elle fait des tentatives de poésies et jeux de mots sur l’amour, « les amours solitaires »… Bref !

Ceci dit, le livre commence bien, l’introduction de deux lignes, plante un décor flou mais très poétique (réussi cette fois) :

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Ce qui est intéressant c’est justement ce manque de décor qui permet aux lecteurs (OK, pas moi) de s’identifier. Il n’y a pas de contexte, à part que le couple est hétérosexuel, il n’y a ni prénom, ni physique, ni ville (ou si peu !), qu’un processus d’identification peut se jouer.
Pourtant, malgré mon âge, je me sens très loin de ces échanges romanesques par textos. Je me limite à « tu es où ? » « ça va ? » et « je te raconterai quand on se verra. » Le problème, je n’y ai pas cru une seconde, la temporalité m’a beaucoup gênée, je trouve que tout se passe trop vite, et leurs premiers échanges sont très érudits. On a l’impression, dès le début de cette histoire, que l’amour est réservée aux privilégiés, ils citent les grands auteurs et parlent de danse contemporaine. Encore une fois, je pourrais me sentir « visée« , « intégrée » à la conversation, mais non, c’est trop mis en évidence pour ne pas sonner faux. Je sais pas vous, mais moi, j’ai toujours mieux draguer avec une bière qu’avec un poème, EN PLUS envoyé par texto. De Flaubert en Hemingway et en déclarations, ils finissent par tomber fous amoureux hyper rapidement. 

IMG_20181202_200555.jpgDe plus, je le répète, de réflexion, de profondeur sur les échanges numériques, les relations à l’ère actuelle, rien, NADA. Pendant un instant, j’ai cru, qu’à défaut de ces réflexions là, un réel questionnement allait voir le jour autour du polyamour et du couple libre. Sujet qui, à défaut de faire jaser les journaux médiocre, mérite réellement qu’on s’interroge et qu’on sorte de nos croyances pas toujours bien fondées. Mais non, à nouveau, NON, le livre doit être bien pensant, faudrait pas réfléchir non plus, l’idée est tout de suite avortée sans poser les questions que cette situation aurait pu engendrer. Toute cette fausse poésie, cette rapidité et… LEURS RÉACTIONS QUOI. Me font penser à des personnalités de 14 ans… Ça pue l’immaturité, ce qui enlève tout crédibilité à cette histoire. Je pourrais en faire des phrases défendant cette idée, mais je vais continuer à m’énerver.

Je suis vraiment, vraiment désolée de dire tout ça après tout le travail que demande un livre mais c’est réellement trop niais et trop… Léger. On est bien loin de la profondeur qu’on demande justement à une oeuvre littéraire. Bref, je suis déçue.
Mon conseil est d’aller en librairie et de ne lire que de la page 200 à 247, les seules portant un intérêt.

Vraiment navrée.

Et vous, avez-vous déjà eu besoin de pousser un coup de gueule littéraire de la sorte ?
Si oui, mettez en commentaire le lien vers votre article !

5 commentaires Ajouter un commentaire

  1. loisobleu dit :

    L’exploitation de l’amour est une tristesse de rencontre en libre air hihihi comme en sites du même NON…
    N-L

  2. Boldreadings dit :

    Je connaissais le compte Instagram, j’ai vu l’engouement monter autour d’Amours Solitaires et j’avoue que ta chronique me surprend. Ca fait du bien de lire un avis négatif sur ce livre porté aux nues, ça remet les choses en perspectives ^^

    1. Ahah merci beaucoup !
      Je n’ai pas été tendre avec le livre mais j’ai été totalement désemparée à la lecture ! Tu me donnes la curiosité d’aller voir les autres articles eheh !

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