Je me demande comment la petite blanche qui a toujours eu de quoi se payer des centaines de bouquins et qui vit à Paris va pouvoir parler de ce chef-d’œuvre. Ce bouquin, il n’est pas à hauteur d’homme, il est plus haut que ça.
Mehdi Charef, Rue des pâquerettes, Hors d’atteinte, 2018, 251 pages.

Au début, c’est un récit qui se tient bien. Il parle de cet enfant trop grand dans sa tête pour son âge, cet enfant qui se rebelle dans l’amour de la lecture et non par les poings. Mais la lecture et les traumatismes le font grandir bien trop vite, bien trop tôt, pas comme une brute, comme un esthète à qui les adultes veulent faire apprendre des choses, qu’il a soigneusement noté, mais qu’il ne comprend qu’aujourd’hui.
Ainsi, l’arrivée en France, incarnée par ce papa, honteux, qui n’a pas de quoi offrir une place dans un HLM, comme ce bête lecteur occidental moyen imagine la misère, non, c’est dans les bidonvilles qu’ils emménagent, qui sont là bien cachés sous nos yeux.
Il y a la passion d’un prof, de ce Keating qui voit de l’espoir là où les autres ne voit que des rebus de la société. Mais quelle société ? Medhi Charef raconte des traumas, des horreurs que vivent cette deuxième vague d’immigration, celle des fils et des filles de ceux venus nous aider à reconstruire. Qu’est ce qu’on en a fait de ces gens-là, qu’on a appelé corps et âme car on en avait besoin ? Eh bien, c’est pas beau.
Pourtant, le récit n’est pas incriminant. Juste des faits. Des faits qu’on ne voit peut-être pas comme ça en passant, une dénonciation naïve de l’enfant qu’il était, de l’enfant qui ne saisissait pas tout alors… Mais qui offre un livre vivement saisissant.
Ainsi, au fil du récit qui se tenait, on oscille doucement dans un récit traumatique, poignant et bien mené, jamais larmoyant. Du réalisme avec toute la beauté que la douleur peut contenir. Un récit par les yeux d’un enfant, mais très réussi, avec l’écriture lointaine d’un adulte qui regarde, démuni, ses souvenir. C’est beau et très fort, un roman vif, un roman d’apprentissage, un roman bétonné.
J’ai toujours pensé commencer cet article par l’histoire qui m’a amenée à ce livre, mais il est tellement plus précieux que ça… Alors, je ne vous la raconte qu’en pâle conclusion de ce chef d’œuvre.
Ce livre ça a été une rencontre, un appel, à la librairie Book in Bar à Aix en Provence.
Emballés dans un papier craft et intitulés « Blind Date » une série de livres proposaient de se faire acheter à l’aveugle. A l’instinct et grâce à quelques mots clés. Ce concept m’a tout de suite séduite car je suis ce genre d’acheteuse compulsive qui attrape tout dans les rayonnages des librairies, surtout si je ne connais pas. C’est pourquoi il m’arrive des déceptions !
Je ne sais plus où j’ai entendu parler de ce livre, mais tu donnes sacrément envie…
Je t’avais rabâché les oreilles au moment où je l’avais lu !
A bah oui, voilà 🙂
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
J’ai découvert Mehdi Charef avec son dernier livre « Vivants » qui a été un coup de coeur. ♥ Je ne peux que te le recommander, je pense qu’il te plaira aussi du coup. ^^ « Rue des Pâquerettes » m’attend dans ma PAL, j’ai hâte de le découvrir. 🙂 C’est aussi grâce à cet auteur que j’ai découvert l’existence du Prix de la Porte Dorée, dont je suis les sélections de très près désormais. 🙂
Je connais très bien le musée, j’aime beaucoup leurs expositions ! Mais je ne connaissais pas leur prix !
Ah je vais noter « Vivants » alors ! Merci ! « Rue des pâquerettes a été un tel coup de coeur !!!