Une vie exemplaire – Appel

En voilà un (très) bon thriller !
J’en lis peu, mais quand on en trouve un bien, il n’y a pas à dire, ça se dévore !

Jacob M. Appel, Une vie exemplaire,  La Martinière, 2017, 352 pages.

C’est un thriller qui a tout ce qu’il faut : le lecteur est en haleine, il tourne intensément les pages. On a beau être du « mauvais côté de la barrière » car on suit l’histoire du psychopathe et non celle des enquêteurs lancés à ses trousses, cela fonctionne remarquablement bien. Ainsi, on est happé par l’histoire de cet homme bien sous tout rapport, on adore découvrir les manigances qu’il a en tête, on adore suivre sa logique implacable. Il est froid, d’accord, insensible, peut-être, il compartimente sa vie de famille, sa carrière et son autre carrière, celle de tueur.

L’auteur a été psychiatre et s’est nourri de cette expérience pour écrire le roman. Les meurtriers et autres criminels sont souvent stigmatisés : des ratés, des drogués, des fous, issus de basses classes sociales… Ici, tout est à l’inverse. Et, bien que je n’ai pas vu la série Dexter, je pense qu’on ne doit pas être loin de cette ambiance : du bon petit bonhomme qui est en fait un meurtrier. Ainsi, on suit la vie de cet homme bien sous tout rapport qui sera amené à tuer. Presque comme si ce n’était pas son choix, pas vraiment de sa faute, pas vraiment ce qu’il souhaitait. Comme s’il était obligé de tuer, par nécessité. Mais il lui était tout aussi nécessaire de ne pas se faire prendre (vous imaginez les répercussions sur ses filles ?) alors, c’est là qu’entre en jeu le plan qui se déroule sur toutes les pages du roman et qui tient tellement en haleine !

Va-t-il se faire prendre ? A-t-il commis une erreur ? A-t-il eu un comportement suspect ? Est-ce que son collègue se doute de quelque chose ? Ou sa femme ? Va-t-il se trahir ? Autant de questions qui rendent le livre impossible à refermer.
Et en même temps qu’on tombe, qu’on dévale, dans cette pente morbide, surgit l’humour. Il faut dire que l’auteur, pour un psychiatre qui affiche un grave message d’alerte en exergue du roman, m’a franchement fait rire. Vous avez bien lu : j’ai ri durant ma lecture. Pas un sourire, non, un rire franc. Pas un fou-rire, mais un réel éclat de rire.

Je pense que l’auteur a voulu montrer comment un monstre se créé, qu’un monstre c’est avant tout un humain, il a amené par des touches discrètes les pensées toutes faites sur les tueurs en série (parce qu’il a recréé des conversation de bureau, des gens qui commentent les informations, etc.) L’auteur a réussi ce double jeu, de montrer comment quelqu’un sombre dans la folie sans que personne n’en voit un seul indice. Et, parce que c’est un sujet très lourd, et que le lecteur est tendu par tout ce suspens : les derniers chapitres, dont la tension est encore plus palpable, sont extrêmement drôles ! Ainsi, il a su aborder un thème très dur, celui des proches qui ne réalisent pas la « détresse » des leurs, mais avec beaucoup de brio, d’intelligence et d’humour !

5 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Je trouve super intéressant et audacieux ce changement de perspective et le fait que l’auteur ait été psychiatre rend le tout probablement encore plus glaçant ! Je suis super tentée.

    1. Ah mais vraiment moi qui ne suis pas très habituée au thriller, vraiment j’ai adoré, intelligent, inattendu, drole et grinçant… Il me tarde d’avoir ton avis !

  2. Bibliofeel dit :

    Bravo pour ta chronique. Je lis peu de triller également mais je note celui-ci, surtout si on lit en rigolant 😀.

    1. Exactement ! C’est très surprenant et cela m’a quand même beaucoup plu, justement car cela a un regard de biais ludique et intéressant !

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